A la question relative au professionnalisme en Algérie deux années après son instauration, Mana a été catégorique en affirmant : «Vous pensez sincèrement qu’on peut vraiment aborder le sujet concernant le professionnalisme ? Soyons logique, le professionnalisme, ce n’est pas le fait d’engager un joueur et lui donner 3 milliards par saison.
D’abord, il n’y a pas une échelle de valeurs. Depuis deux ans, on assiste à une véritable mascarade. Des joueurs d’un bas niveau touchent 100 fois le salaire d’un médecin ou d’un ingénieur, et cela se répète chaque été. On assiste à des transferts à des montants inimaginables. Mais ce qui me fait mal le plus, c’est que cet argent appartient à l’Etat. Si l’on tient compte du fait qu’en Algérie il y a plus de 800 joueurs avec un statut de professionnel, seuls deux ou trois ont un niveau juste valable pour être remplaçants en Equipe nationale. Si on doit faire un petit calcul, en admettant que le salaire moyen d’un joueur professionnel tourne autour de 6,5 millions de dinars par an, on se rend compte qu’il y a alors 500 milliards de centimes qui vont dans les poches des joueurs de niveau de troisième division française. En disant cela, je n’exagère pas étant donné que des joueurs algériens évoluant en Ligue 2 française ont un statut de titulaire en Equipe nationale. Cela veut dire que dans notre championnat il n’y a pas de joueurs de niveau de Ligue 2 française et ceux qui font la une des journaux dans notre championnat ont le niveau de Division 3 en Europe. Et c’est ceux-là qu’on paye entre 700 et 1 milliard par an. J’ajoute aussi qu’en Europe, des joueurs de Division 3 ont dans leur grande majorité un statut d’amateur. Cela veut dire qu’ils travaillent à l’usine et sont rémunérés en fonction de leur diplôme et leur expérience professionnelle. C’est vous dire que le professionnalisme tel qu’il est conçu en Algérie est sur une fausse piste, donc voué à l’échec.»
«L’argent doit être investi dans la formation et la réalisation des infrastructures sportives»
Prié de donner quelques suggestions ou des solutions qui peuvent sauver un peu le professionnalisme tel que perçu en Algérie, l’ancien président de l’USMH affirme : «A mon avis, il faut revoir beaucoup de choses et ce ne sont pas les solutions qui manquent. Pour moi, un joueur qui évolue en Algérie ne doit pas avoir un statut de professionnel. Tenez, vers la fin des années 70 et début 80, on avait des joueurs d’un haut niveau et meilleur que celui de certains de nos émigrés. Je peux citer Belloumi, par exemple, qui n’a jamais eu un statut de joueur professionnel mais cela ne l’a pas empêché d’atteindre un niveau mondial. Allez lui demander combien il percevait à cette époque-là. Je suis sûr qu’il ne touchait pas plus que le salaire d’un médecin. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. A mon avis, il faut prendre en considération cet exemple et revenir au système semi-professionnel. Pour moi, tout l’argent qui va dans les poches des joueurs doit être investi dans la formation et dans la construction des infrastructures sportives.»
«En Algérie, les salaires des joueurs dits professionnels ne doivent pas dépasser 20 fois le SMIG»
Parmi les solutions qu’’il préconise, Mana avoue que l’ancien système, celui qui a permis à notre Equipe nationale de battre l’Allemagne, est le plus approprié pour notre pays : «Peut-être que mes suggestions apparaissent vieilles, mais c’est la vérité. Tenez, je prendrai l’exemple de mon club, l’USMH. Chaque saison avec des joueurs moyens, on rivalise largement avec des équipes composées de joueurs dont l’estimation globale tourne autour de 10 milliards. Sur le terrain, on fait de bons résultats. Parfois, on perd de manière extrasportive. Donc, vous voyez que le professionnalisme, ce n’est pas une question d’argent, mais de gestion. Pour moi, la meilleure solution pour sauver ce qui peut l’être, c’est d’établir une échelle de valeurs pour les joueurs et de la mettre en application. Pour moi, le haut salaire d’un joueur en Algérie ne doit pas dépasser vingt fois le SMIG.»
«Former des joueurs pour l’Equipe nationale, c’est notre principal objectif»
«Pour revenir au championnat, qu’importe notre position au classement final en fin de saison, car notre objectif est de former nos jeunes joueurs et les hommes de demain. Nous voulons former des joueurs pour l’Equipe nationale. C’est ça le vrai objectif de notre équipe. A El Harrach, la formation est une tradition, je dirais même une vocation. Cela fait des décennies que nous formons avec comme seule idée de pourvoir nos différentes équipes nationales, toutes catégories confondues. Il n’est nullement besoin de citer tous les noms des joueurs formés à l’USMH et qui ont tant donné à l’Equipe nationale», fait-il remarquer.
«On doit augmenter le capital à 20 milliards, au moins»
A la question relative à l’ouverture du capital pour les prétendants à l’achat des actions, l’ancien président dira : «A l’ère du professionnalisme en Algérie, il est clair que nos moyens financiers très limités ne nous permettent pas de répondre aux exigences d’un vrai club professionnel et donc l’apport financier d’un éventuel investisseur ne peut être que bénéfique pour le club. Cependant, les choses doivent être claires. Si l’on accepte d’ouvrir le capital social, cela ne veut pas dire que l’USMH est à vendre car la valeur de ce club est inestimable. Ce que les prétendants doivent savoir, c’est qu’en cas d’ouverture du capital, les personnes intéressées par l’achat des actions ne peuvent en acquérir plus de 50 % vu que les 50 % restants seront la propriété de l’USMH.»
«L’opération a déjà commencé»
Interrogé sur l’augmentation du capital social, l’ancien président de l’USMH répondra : «Concernant l’augmentation du capital social, c’est une question que nous avons déjà tranchée lors de la dernière réunion des actionnaires. En fait, il y a eu accord avec tous les actionnaires pour doubler la valeur de l’action. Cette opération a déjà commencé puisqu’il y a quelques actionnaires qui ont déjà avancé l’argent. Les autres devraient suivre.»
«L’intérêt de l’USMH passe par l’union de tous les Harrachis»
«Ce qui se passe actuellement à El Harrach, avec certains membres, n’est pas dans l’intérêt de l’USMH. Pour cela, j’appelle tous les amoureux du club à rester unis aux côtés de l’équipe et éviter de tomber dans le jeu de certaines personnes qui, de par leur démarche, peuvent être la cause de la destruction du club. En clair, je dirais que ce qui passe actuellement dans l’entourage de l’USMH n’est pas dans son intérêt et que ceux qui menacent de perturber la prochaine AGE avec l’intention de prendre le pouvoir doivent savoir que l’USMH n’est la priorité de personne. Donc, s’ils veulent prendre les commandes du club, ce n’est pas la peine d’agir de la sorte pour arriver à cet objectif. La direction actuelle est là depuis trois ans, et personne ne peut nier les efforts qu’elle a fournis. Maintenant, si ces gens pensent pouvoir faire mieux et bâtir une grande équipe, ils sont d’ores et déjà invités à venir à l’AGE pour faire part de leurs intentions aux membres de l’assemblée. Mais que cela soit dit clairement, sans complot ni violence. L’USMH est à tous les Harrachis, chaque membre de l’assemblée a le droit de prendre les commandes du club s’il a l’aval de l’assemblée.»
«Pour l’avenir, nos objectifs ne changeront pas»
Quant à l’avenir et les objectifs du club, le porte-parole officiel de l’USMH nous confie : «Que puis-je vous dire concernant les objectifs si ce n’est que nous sommes contraints chaque année de jouer pour une place honorable au classement. Et puis au vu de nos moyens nous ne pouvons pas faire mieux. El Harrach est une ville populaire, raison pour laquelle on préfère la coupe. Malheureusement, nous l’avons à deux reprises ratées ces deux dernières années. Dernièrement, cela a été de façon plus ou moins extrasportive. Mais bon, cela fait partie du passé, il n’est nullement besoin d’y revenir parce que cela ne sert à rien.»
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Doukha : «J’ai reçu plus d’une centaine d’appels de la part des supporters»
Doukha, le gardien de but, est de plus en plus convaincu de l’idée de rester à l’USMH que de changer d’air. Depuis qu’il a annoncé sa décision de rempiler, les appels téléphoniques émanant des supporters de l’USMH ne se sont pas interrompus. Il nous a déclaré : «Je ne vous cache pas que cette matinée, j’ai reçu au moins une centaine d’appels de la part des supporters de l’USMH qui m’ont remercié d’avoir annoncé mon intention de rester. J’avoue que cela m’est allé droit au cœur et, par conséquent, j’ai de plus en plus envie de rester à l’USMH.»
Boudiaf toujours intéressé par l’achat des actions
On le croyait définitivement parti après l’échec des négociations avec la direction du club, Abdelhamid Boudiaf, l’industriel qui voulait investir à l’USMH pour en devenir l’actionnaire majoritaire, serait toujours disposé à devenir le P-DG du club harrachi. C’est en tout cas ce que l’on vient d’apprendre d’une source sûre. Celle-ci nous a appris aussi que cet homme d’affaires serait prêt à mettre jusqu’à 20 milliards pour l’achat des actions, dont une partie sera au nom du CSA.
Ziane-Cherif : «Je préfère rester à l’USMH pour moins d’argent qu’aller ailleurs»
Ziane-Cherif, qui constitue l’une des pièces maîtresses de l’équipe harrachie, est convoité par un bon nombre de clubs, mais il préfère rester à El Harrach et se dit prêt à faire des concessions sur son salaire. Du moins, c’est lui qui le dit : «Certes, j’ai reçu pas mal d’offres de la part des clubs aux grands moyens, mais je n’ai pas donné suite à ces sollicitations. En fait, je n’ai pas vraiment envie de quitter l’USMH parce que c’est ce club qui me convient le mieux. Personnellement, je préfère la stabilité. D’ailleurs, je ne vous cache pas que je suis prêt à céder quelques dizaines de millions et rester à El Harrach que d’opter pour une autre équipe.»
