USMH : Les joueurs en grève

USMH : Les joueurs en grève

L’USMH se trouve dans une mauvaise passe. Les joueurs, en grève depuis hier matin, réclament leurs arriérés de salaires et primes de matches qu’ils n’ont pas perçus depuis trois mois environ.

«Notre action vise essentiellement à attirer l’attention des dirigeants et en particulier le président du club», explique Sofiane Younès, milieu de terrain et porte-parole des joueurs. «Nous n’avons que faire des promesses des uns et des autres sur une éventuelle sortie de crise. Les joueurs veulent des actions concrètes», dira cet enfant du club, avant de rajouter « Les joueurs sont mécontents et se disent déterminés à continuer cette grève pour une longue période s’il le faut. » Hier matin, joueurs et staff technique se sont réunis à l’intérieur des vestiaires. Une réunion qui n’a abouti à rien. Les joueurs en sont sortis avec des promesses, encore des promesses. Les protestataires demandent le règlement de leurs arriérés de primes de match. «Certains joueurs ne les ont pas perçues depuis plusieurs mois exactement. La dernière a été donnée il y a plus de deux mois», explique, un membre du staff technique. Les salaires, régulièrement payés depuis le début de la saison, ne suffisent «Comment voulez-vous que je survive avec une prime de 3 millions de centimes. Certains éléments  habitent loin d’Alger, et sont donc obligés de dépenser  5000 dinars par jour et un peu plus pour le déplacement chez eux», précise Lamali.

Aucun responsable présent

Rien ne va plus à l’USMH. Confronté à un grand problème financier, le club se retrouve dans une situation très difficile. En plus, ce conflit est en train de se répercuter sur le rendement de l’équipe. Cependant, les problèmes de lUSMH sont loin de connaître leurs épilogues. Les joueurs sont montés au créneau pour réclamer la régularisation de leur situation financière. Ce n’est un secret pour personne, un grand nombre d’eux n’a pas touché le moindre centime depuis plusieurs mois. Après avoir pris leur mal en patience, et n’ayant rien vu venir, les joueurs ont eu ras-le-bol d’attendre. Du coup, ils ont décidé de rentrer en grève en guise de protestation contre la non-régularisation de leur situation financière. Hier, ils se sont présentés au stade Mohammadia en tenue de ville pour exprimer leur colère. Arrivés au stade, ils n’ont trouvé personne pour réclamer leurs droits, à l’exception de l’entraîneur adjoint, Hacen Benomar. Quelques minutes plus tard, les joueurs ont décidé de quitter le stade sans pour autant prendre part à cette séance d’entraînement.

Les dirigeants tentent de se justifier

Plusieurs joueurs vivent la même situation, notamment Azzi Boulakhoua, Belkheir. Ces arriérés sont en moyenne de l’ordre de 100 à 150 millions de centimes  par joueur, selon un dirigeant du club que nous avons joint au téléphone. Ce dernier est conscient que la situation de son équipe est critique, essentiellement sur le plan financier. « Nous n’avons pas beaucoup de sponsors,  et les subventions de l’Etat sont très insuffisantes », explique ce dirigeant qui  place les problèmes avec les joueurs et le staff technique dans une optique plus générale : le malaise actuel du football national.

«On ne reprendra pas l’entraînement avant de toucher notre dû»

Comme annoncé dans ces mêmes colonnes dans nos précédentes éditions, les joueurs de l’USMH ont eu recourt à la solution de faire grève afin de réclamer leur dû. Ceux qu’on a rencontrés au stade nous ont affirmé avoir assez de cette situation confuse qui règne depuis plusieurs semaines déjà au club : «On en a ras-le-bol de cette situation confuse qui règne au sein du club depuis plusieurs semaines déjà.  Nous voulons avoir notre argent. » Au train où vont les choses, les prochains jours risquent d’être très chauds. Les joueurs  semblent décidés à aller au bout de leur démarche pour réclamer leur droit. Après avoir boycotté la séance de reprise des entraînements, les coéquipiers de Belkaroui se sont donné le mot pour poursuivre leur grève jusqu’à la régularisation de leur situation financière :«On ne reprendra pas l’entraînement avant de toucher notre argent. Demain, on reviendra au stade pour réclamer notre dû. Dans le cas contraire, on maintiendra alors notre grève. A dix jours seulement du prochain match face au MCO, les choses se compliquent de plus en plus pour l’USMH. Les responsables du club sont prévenus : ils doivent réagir le plus rapidement possible avant qu’il ne soit trop tard.

Sept titulaires présents seulement

Ils n’étaient, en effet, que sept joueurs séniors  présents : Younès, Hendou, Belkaroui, Boulakhoua, Belkheir, Touahri, Bounedjah et Sebahi alors que d’autres, tels Aït Ouamer , Tatem, Mekioui, Demou, Limane ont brillé par leurs absences.

“Nous ne reprendrons l’entraînement que lorsque le président nous aura délivré notre dû. Si à l’heure actuelle, nous n’avons rien reçu alors que nous nous battons corps et âme pour sauver l’équipe, qu’en sera-t-il en fin de saison ?”, nous dira, à ce sujet, un des joueurs dont nous tairons le nom, avant d’ajouter : “ Laïb n’a jusqu’à présent pas tenu ses promesses, encore moins ses engagements, alors que l’équipe joue la seconde place. Comment voulez-vous alors que nous, joueurs, aussi démoralisés que nous sommes, continuons à jouer ou à s’entraîner ?”

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Younès : «La balle est dans le camp des dirigeants»

Accroché par nos soins à sa sortie du stade, le milieu offensif Sofiane Younès s’est dit ne rien comprendre à l’actuelle situation que vit son club. A l’instar de ses coéquipiers, il attend encore de toucher son dû. Le joueur affirme également que sa patience a des limites et que les joueurs  ne sont pas prêts à reprendre le chemin des entraînements avant de toucher leur argent.

Vous avez décidé de faire une grève en guise de protestation contre la non-régularisation de votre situation financière. Votre commentaire ?

D’abord, je ne parlerai pas de mon cas uniquement mais de tous les joueurs.  Il faut savoir  que la plupart n’ont pas touché leurs salaires depuis trois mois au moins. Les joueurs en ont à ras-le-bol. Cette situation perdure depuis plusieurs semaines déjà.  A l’issue du dernier match disputé face à la JSS, nous avons pris la décision d’arrêter les entraînements  en guise de protestation contre la non-régularisation de notre situation financière. Nous espérons que notre démarche va faire bouger les choses.

Donc, vous réclamez votre dû, c’est cela ?

Oui, c’est le cas. Ce n’est pas normal de jouer sans être payé. Chaque travail mérite salaire, Plusieurs de mes coéquipiers n’ont, également, rien touché depuis plusieurs mois. Il est donc très important de payer les joueurs pour nous permettre d’aborder la suite de la compétition dans la sérénité la plus totale.  Nous espérons que nos problèmes seront résolus le plus rapidement possible.

Avec cette prise de position, vous risquez de ne pas atteindre votre objectif qui est la seconde place au classement.

Si l’on tient aux objectifs, je crois qu’au départ il était question de maintien seulement. Après, on a parlé du podium. A six journées de la fin, on est à la seconde place. Cela veut dire que les joueurs sont en train de répondre aux attentes des dirigeants et des supporters. Donc, la balle est dans le camps des dirigeants

Les supporters seront déçus…

Les supporters doivent savoir que les joueurs se sont donné toujours à fond et que malgré les longs retards  dans leur régularisation salariale les résultats sont là.  Le football est notre gagne-pain. Pour certains joueurs, le club doit encore  4 mois de salaires. Comment voulez-vous alors qu’un joueur qui n’a pas perçu ses salaires pendant quatre mois puisse se concentrer sur son travail ?

Que comptez-vous faire si aucune solution ne sera trouvée à votre problème ?

Nous maintiendrons alors notre grève jusqu’à la régularisation de notre situation financière. Il n’est pas question pour nous de reprendre le chemin des entraînements sans garanties. Nous sommes dans notre droit le plus absolu de demander notre argent. Tous les joueurs sont décidés à ne pas reprendre les entraînements, tant qu’ils ne seront pas régularisés.

Cette situation semble vous faire mal, non ?

Et comment ! Vous savez, on aurait voulu ne jamais en arriver là. Mais, on s’est retrouvés contraints de faire grève pour réclamer notre argent. Nous espérons que tout sera réglé dans les plus brefs délais, afin de pouvoir reprendre le chemin des entraînements et de préparer dans les meilleures conditions possibles le prochain match face au MCO.

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Attention à l’implosion !

Du côté d’El Harrach, où les prémices d’une implosion sont devenues claires comme de l’eau de roche, cette grêve est venue, en fait, juste confirmer un profond malaise et une grande dissidence au sein de la bâtisse harrachie entre le président et les joueurs.

Las de promesses non tenues et des absences prolongées de leur président, ces derniers sont entrés, hier, dans une grève illimitée. D’ailleurs, sur le terrain, nous avons constaté l’absence d’une grande majorité  de l’effectif de la séance d’entraînement d’hier.  En plus de trois mois de salaires qui demeurent impayés, certains joueurs ne trouvent même plus de quoi se nourrir.

Même le cœur du public n’y est plus.