USMH : Charef : «Le mal de notre football, ce sont ceux qui le dirigent, et 95% d’entre eux doivent partir»

USMH : Charef : «Le mal de notre football,  ce sont ceux qui le dirigent, et 95% d’entre eux doivent partir»

Parlant du football algérien et du mal qui ronge ce sport roi au point de stagner pour ne pas dire régresser, le coach harrachi, qui était l’invité de l’émission sportive de la chaîne El Djazaïria, animée par Kamel Kaci Saïd, et de notre consœur journaliste, Linda Chebbah, ne s’est pas empêché  de montrer du doigt les responsables qui gèrent le football, et à tous les niveaux, les accusant d’être à l’origine de la dégradation du niveau de notre football.

Il dira d’emblée : «Dans le passé, l’Algérie a toujours été présente avec ses clubs et avec son Equipe nationale sur le devant de la scène dans les phases finales aux différentes compétitions africaines. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Quant aux raisons, il ne faut pas chercher loin pour les trouver. Ce sont non seulement des dirigeants de clubs mais aussi, et surtout, des responsables au niveau des structures de l’Etat, ceux-là mêmes qui dirigent le sport roi. Je dirai que 95% d’entre eux doivent partir et laisser la place à des gens plus compétents, et plus honnêtes surtout.»

«Pour bannir la corruption, il faut s’attaquer aux corrupteurs»

A une question des journalistes présents sur le plateau, comme Redouane Bouhanika, notre collègue du quotidien sportif El Heddaf, au sujet de la corruption, le coach harrachi semblait éprouver du dégoût par rapport à ce mal qui ronge notre football : «Que voulez-vous que je dise ? C’est malheureux que cela existe aussi chez nous mais le plus grave, c’est on ne fait rien pour bannir ce fléau. A l’étranger, on commence à bouger pour mettre fin à ce mal ou tout au moins le réduire, et je suis sûr que dans quelques mois on démasquera les auteurs et on aboutira à des résultats positifs. Peut-être que chez nous les moyens ne sont pas les mêmes qu’à l’étranger mais avec le simple fait de mettre à l’écoute des dirigeants de clubs, on peut toujours démasquer les auteurs d’une affaire de corruption.» Quant aux solutions qu’il préconise pour mettre fin à ce fléau, l’entraîneur de l’USMH dira : «Je pense qu’avant de condamner les corrompus, il faut s’attaquer aux corrupteurs. Ce sont  eux qui détiennent l’argent et qui l’utilisent pour la corruption. Je ne veux pas dire par là que les arbitres sont exempts de reproches, mais le mal commence chez les responsables.»

«Je me suis opposé au transfert de Bounedjah à l’ES Tunis parce qu’il n’est pas prêt»

Concernant le transfert raté à l’ES Tunis de Bounedjah, l’été dernier, Boualem Charef a reconnu qu’il s’est catégoriquement opposé au départ de son joueur en Tunisie : «Oui, c’est moi qui ai refusé que Bounedjah parte à l’EST ; je l’ai fait pour le bien du joueur. D’ailleurs, je lui ai fait savoir qu’il n’était pas encore prêt pour un transfert à l’étranger. Concernant Slimani, je pense qu’il est prêt pour un transfert en Europe mais pas Bounedjah.»

«Le problème pour mes joueurs, ce n’est pas le gazon, mais la mauvaise qualité du terrain du 5-Juillet»

Parlant de son équipe et de sa difficulté à s’adapter aux terrains gazonnés, le coach harrachi pense que cela est totalement faux. D’ailleurs il est vite intervenu pour remettre les pendules à l’heure : «Non, mon équipe n’a pas de difficultés quand elle évolue sur du gazon. Notre problème, c’est le terrain du stade du 5-Juillet qui en mauvais état. Sinon, quand on joue ailleurs qu’au 5-Juillet, et sur une bonne pelouse, on fait souvent de bons résultats. La preuve, on a bel et bien gagné cette saison à Tlemcen et dernièrement à Batna et, n’était l’arbitrage, on aurait pu aussi gagner à Blida dans le derby qui nous a opposés à l’USMA.»

«On peut faire de la formation même avec des joueurs seniors»

Profitant de la présence de Boualem Charef sur le plateau, Kamel Kaci, l’animateur de l’émission, pour satisfaire sa curiosité mais aussi celle des milliers parmi les amateurs de la balle ronde, demande pourquoi la formation à l’USMH se fait beaucoup plus au niveau des seniors que chez les jeunes catégories. Le technicien harrachi  rétorque : «Oui, on peut faire de la formation même chez des joueurs seniors Il n’y a pas d’âge limite pour celui qui veut apprendre. Dernièrement, j’ai appris que des recherches faites par des experts en sport ont abouti à la conclusion que l’on peut faire une formation même chez un joueur senior. En d’autres termes, un sportif garde intactes ses capacités d’assimilation. Donc, jusqu’à l’âge de 30 ans, un joueur peut encore apprendre à jouer.»

«Je voulais Slimani dans mon équipe avant le CRB»

Lors de cette émission sportive animée par Kamel Kaci Saïd et Linda Chebbah, il n’y avait pas que Boualem Charef comme invité mais aussi l’attaquant international du Chabab de Belouizdad, Islam Slimani. En fait, ces deux grands noms bien connus dans le milieu sportif et chez les amateurs de la balle ronde se connaissent parfaitement bien. D’ailleurs, l’entraîneur de l’USMH a avoué sur le plateau de l’émission Foot de la chaîne El Djazaïria qu’il était très intéressé par les services de Slimani quand celui-ci portait les couleurs de la JSM Chéraga : «Je connais Slimani depuis qu’il a débuté en senior avec la JSMC. Je le suivais parce que je voulais le ramener à l’USMH. Je peux vous dire qu’il était sur le point de signer à l’USMH avant d’opter pour le Chabab.»

«Oui, il y a de bons entraîneurs en Algérie, mais on ne leur fait pas confiance»

A une question relative au niveau des entraîneurs algériens et leurs capacités à prendre en charge techniquement les différentes sélections algériennes, la réponse de Boualem Charef était claire et affirmative : «De bons entraîneurs en Algérie ? Oui il y en a. La compétence existe chez nos techniciens, mais on ne leur fait pas confiance. On préfère le produit importé au national. C’est un complexe chez les Algériens et il existe depuis 1962 à ce jour.»

«Les cinq premiers clubs de Ligue 2 sont entraînés par mes anciens élèves à l’ISTS»

Pour étayer ses dires et prouver que les techniciens du sport issus de l’ISTS ne sont pas aussi faibles qu’on veut le faire croire, le driver harrachi a cité quelques exemples comme  Boudjaârane, Gassi et d’autres : «Je ne suis pas là pour me faire de la publicité ni  me vanter mais il faut au moins reconnaître que l’ISTS a formé beaucoup de cadres en sport qui font aujourd’hui le bonheur de certaines équipes. Il ne faut pas aller loin pour le constater. Tenez, par exemple, actuellement en Ligue 2, les cinq clubs classés en haut du tableau et qui jouent pour l’accession sont drivés par des entraîneurs issus de l’ISTS et qui sont passés sous ma coupe. Je ne crois pas à l’effet du hasard.»

«Des cadres algériens quittent le pays par la petite porte et reviennent par la grande»

Prié de développer son idée, le coach de l’USMH dira : «Oui, en Algérie, on a un complexe pour le produit étranger, sinon comment expliquer le fait que, des cadres algériens, après leur sortie d’école ne sont pas reconnus ici ni considérés en tant que cadres. Mais une fois à l’étranger, ils reviennent travailler en Algérie en tant que coopérants techniques et les portes leur sont grandes ouvertes. N’est-ce pas là un complexe chez nos dirigeants ?»

«Au Chabab, Benaldjia a trouvé le club qui lui convient»

Parlant des joueurs qui ont quitté l’USMH prématurément et dont une grande partie n’a pas réussi ailleurs comme il le souhaitait, comme le cas de Boualem Boumechra, l’entraîneur de l’USMH déclare : «En football, ce phénomène existe et il est normal. On était en train de parler tout à l’heure du cas Benaldjia. Ce joueur, malgré ses qualités, n’a pas pu s’imposer de façon indiscutable au sein de l’USMA. Finalement, il est parti au CRB et il est en train de réussir. Pour moi, cela s’explique par le fait que ce joueur a trouvé le club qui lui convient. Concernant ceux qui ont quitté l’USMH, c’est sûr que certains ont réussi et d’autres non, cela dépend de plusieurs facteurs mais aussi de la mentalité du joueur et de l’ambiance et du milieu qu’il trouve dans son nouveau club. Cela dépend aussi de sa formation et de sa force à s’adapter à plusieurs tactiques de jeu.»

«Je suis content de la réussite de Yachir avec le MCA, mais je ne le regrette pas»

Quant à Yachir, qui s’est imposé au MCA après avoir quitté prématurément l’USMH, Charef confie aux téléspectateurs : «Le départ de Yachir, c’est lui-même qui l’a provoqué. Il était très souvent titularisé mais  parfois il se retrouvait sur le banc, il ne l’acceptait pas. Je suis un entraîneur et je fais mes choix librement. En tenant compte de plusieurs paramètres, je fais jouer l’élément qui se révèle le mieux préparé physiquement, tactiquement, mentalement et le plus approprié à la tactique choisie. Parfois, j’avais le choix entre lui, Boualem et Djarbou. Quand  je choisissais ces deux derniers, cela ne lui faisait pas plaisir de rester sur le banc. Et comme je suis du genre à ne pas accepter certains comportements, je ne me laisse pas faire. Au MCA, il semble bien s’adapter et je suis content pour lui.»