Toutes les données indiquaient mardi dernier qu’Hervé Renard passait ces dernières heures avec l’USMA. C’est un homme dégoûté et abattu qui s’est présenté avant-hier au stade Omar-Hammadi, qui n’a eu même pas envie de diriger l’entraînement, en confiant d’ailleurs la séance à Mustapha Aksouh. C’était le cas aussi pour la séance de lundi où il s’est retiré en marge du groupe, pendant que ses adjoints faisaient le travail.
Renard n’attendait qu’une chose, rencontrer son président pour rompre son contrat et rentrer chez lui. Il lui avait déjà fait part des ses intentions lors d’une conversation téléphonique, mais Haddad lui a demandé de patienter jusqu’à ce qu’il rentre pour en discuter. Et comme indiqué par nos soins, les deux hommes se sont vus avant-hier en fin d’après-midi, et coup de théâtre, Renard est maintenu à son poste.
Que s’est-il passé pour que le technicien français renonce à son départ ? Le patron des Rouge et Noir a tout simplement refusé sa démission, réussissant à le convaincre de rester. Contrairement à tout ce qui a été dit, Ali Haddad n’a pas songé un seul instant à se séparer de son entraîneur, et va continuer à lui faire confiance jusqu’au bout. Car, s’il mettra fin aux fonctions de Renard, cela représenterait pour lui un échec personnel dans la mesure où c’est lui qui l’avait ramené en pensant qu’il avait réussi là où tout le monde avait échoué. Engager Renard était un défi, et va le rester contre vents et marrées.
Après une succession d’échecs, résultats et recrutement du mercato entre autres, il n’est pas question de remettre en cause le recrutement d’Hervé Renard qui est qualifié comme le grand coup de l’USMA cette saison. Voilà la principale raison qui pousse aujourd’hui le premier responsable du club à s’opposer à son départ. D’un autre côté, Haddad serait en plus convaincu que le problème de l’USMA n’est pas au niveau du staff technique où toutes les compétences nécessaires sont réunies, surtout après son renforcement par Aksouh et Dziri. Il est persuadé que le problème est ailleurs, et que toutes les erreurs qui ont été commises, Renard n’en est pas responsable. C’est pourquoi, pour lui, son entraîneur doit rester, en ayant la profonde conviction qu’il va redresser la barre.
Le coach reprend les commandes
Après avoir laissé le soin à ses adjoints de diriger l’entraînement depuis la reprise, Hervé Renard a repris hier les choses en main au lendemain de son entrevue avec Ali Haddad. Il n’a plus la mine qu’il avait ces derniers jours et semblait plutôt bien dans sa tête et motivé à reprendre son travail. Tout s’est déroulé le plus normalement du monde durant la séance d’hier, dans une bonne ambiance en plus.
Réunion staff technique-joueurs
Après avoir été maintenu à son poste, Hervé Renard a provoqué hier, avant l’entame de la séance, une réunion avec ses joueurs en présence de tous les membres du staff technique. L’objet de cette réunion était de discuter de la situation actuelle de l’équipe, de la dernière défaite contre le Mouloudia, des erreurs commises, et de remobiliser les troupes en prévision du reste du parcours qui s’annonce plus que décisif, à commencer par le prochain déplacement à El Eulma. C’est un débat à cœur ouvert qui a caractérisé la réunion d’hier où tout a été mis sur la table par les joueurs, et par les membres du staff qui ont essayé de responsabiliser tout le monde en expliquant aux joueurs que c’est à eux de redresser la situation, et que personne n’est en mesure de le faire à leur place. Renard n’avait pas caché sa colère et sa déception après le match face au MCA et cette défaite qui lui est restée en travers de la gorge, un match que son équipe n’aurait jamais dû perdre. Mais il a fait savoir à ses joueurs que le moment n’était pas aux réprimandes, mais plutôt à la mobilisation de tous pour sauver l’équipe et prouver à tout le monde que l’USMA ne mérite pas la place qu’elle occupe actuellement. «Vos capacités sont bien plus grandes et vous n’avez rien à envier aux autres équipes. Il suffit juste d’écouter ce qu’on vous dit et de l’appliquer sur le terrain, ce n’est pas assez compliqué», leur aurait-on dit. Et il paraît, selon des échos qui nous sont parvenus, que la tension a baissé sensiblement après le discours tenu par Renard et ses collaborateurs qui ont su comment stimuler le groupe à quelques jours du match
d’El Eulma, un match qu’on s’est promis de gagner. Oui, on a parlé de ce match et de la nécessité de le gagner car, comme on l’a déjà fait savoir, pour assurer son maintien parmi l’élite, l’USMA devra non seulement gagner tous ses matchs à domicile, mais sera obligée en plus de ramener des points de l’extérieur. La séance d’entraînement d’hier a débuté dans la bonne humeur, juste après cette mise au point que Renard a voulu faire.
Aksouh : «Nous allons redresser la situation, il faut nous faire confiance»
«Quand on perd un match d’une manière aussi stupide que celle avec laquelle nous nous sommes inclinés face au Mouloudia, il y a de quoi perdre la tête. On ne peut venir à l’entraînement le lendemain et faire comme si de rien n’était. Renard était énervé, déçu, abattu, tout ce que vous voulez, et cela se comprend.»
Depuis qu’il a intégré le staff technique, c’est la première fois que Mustapha Aksouh s’exprime dans la presse. Il a répondu favorablement à notre sollicitation pour parler des derniers évènements et de la situation qui prévaut actuellement au sein de l’équipe.
Beaucoup a été dit ces dernières vingt-quatre heures sur un éventuel départ d’Hervé Renard, et tout le monde est allé de sa propre interprétation de la situation. Qu’en est-il au juste ?
Sachez que Renard est encore à l’USMA, qu’il ne partira pas et qu’il est décidé à redresser la barre. C’est lui qui a dirigé la séance d’aujourd’hui (entretien réalisé hier, ndlr), qui s’est déroulée d’ailleurs dans de très bonnes conditions et dans une bonne ambiance en plus. C’est quelqu’un qui est en train de faire du bon travail, et je ne vois pas pourquoi parle-t-on de son départ. Il est vrai qu’il y a une crise de résultats, mais cela ne veut pas dire qu’il en est responsable où qu’il doit partir.
Mais le fait de vous avoir confié les deux précédentes séances d’entraînement sans qu’il s’y implique, en plus du fait qu’il ne paraissait pas très motivé à continuer, laisse entendre qu’il avait vraiment envie de raccrocher ; non ?
Dire qu’il avait envie de raccrocher, je n’irai pas jusque-là. Lui seul peut vous répondre. En revanche, je sais qu’il n’était pas bien, qu’il était un peu perturbé, mais surtout très déçu. Moi, je le comprends parfaitement. Quand on perd un match d’une manière aussi stupide que celle avec laquelle nous nous sommes inclinés face au Mouloudia, il y a de quoi perdre la tête. On ne peut venir à l’entraînement le lendemain et faire comme si de rien n’était. Il était énervé, déçu, abattu, tout ce que vous voulez, et cela se comprend. Et le fait de m’avoir demandé de diriger la séance d’hier n’a rien de particulier. Cela se passe partout.
Pourquoi est-il allé voir le président alors ?
Je sais qu’il avait besoin de discuter avec le président de la situation, c’est tout. A un moment, un entraîneur doit faire le point avec ses responsables sur une situation donnée. La preuve, tout est rentré dans l’ordre aujourd’hui et tout se passe bien.
Vous dites que tout se passe bien alors que l’équipe est sérieusement menacée par la relégation…
Je ne parle pas sur le plan du résultat, mais de la situation par rapport à tout ce qui a été dit dernièrement. Nous avons d’ailleurs tenu ce matin une réunion avec les joueurs où nous avons exposé les choses, et où nous avons fait part aux joueurs de la nécessité de réagir. Nous avons bien discuté, le message est passé de part et d’autre, et personnellement je suis confiant. Nous allons redresser la situation, il faut nous faire confiance.
Comment entendez-vous sauver l’équipe ?
Ecoutez, il n’y a pas trente-six mille solutions. Nous avons besoin de points. Et les points, il faut gagner pour les avoir. Il nous reste quatre matchs à Bologhine qu’il va falloir tous gagner. Il n’y a pas de discussion possible là-dessus. Ensuite, il faut aller ramener des points de l’extérieur, c’est aussi simple que cela.
Vous pensez que c’est possible ?
Oui, c’est très possible même. Ça doit marcher, l’équipe doit fonctionner à présent, il n’y pas de raison pour que ça ne marche pas. On fait tout pour cela à l’entraînement et d’une manière rigoureuse. On ne laisse rien au hasard. Toutes les séances sont bien menées, celles du début de semaine comme celles à l’approche des matchs. Il y a un travail psychologique qui se fait régulièrement et les joueurs disposent de tous les moyens nécessaires. Je ne vois pas pourquoi cela ne va pas marcher.
Mais le constat est là, ça ne marche pas jusque-là. Pourquoi selon vous ?
Pour diverses raisons. Il y a le plan mental qui a joué des tours aux joueurs. C’est difficile quand vous êtes envahi par le doute. Vous perdez confiance en vous et vous devenez très fragile en dépit de vos énormes capacités. Mais il n’y a pas que ça. Techniquement, on commet beaucoup d’erreurs aussi. Prenons justement ce dernier match contre le Mouloudia. C’est une simple erreur de marquage en début de match qui a renversé complètement la donne, et cela est impardonnable. On était obligés par la suite de courir derrière le score alors qu’on aurait dû éviter cela si les joueurs étaient plus attentionnés. Idem pour le deuxième but, et voilà comment on peut perdre un match. A mon avis, les joueurs manquent de maturité dans le jeu, ils manquent d’expérience et de métier, cela se ressent sur le terrain. Mais on peut compenser tout cela avec de la volonté, c’est sur cela que nous avons axé notre discours.
L’USMA va enchaîner avec un déplacement difficile à El Eulma. Comment s’annonce ce match pour vous ?
Nous avons justement discuté de ce match avec les joueurs. Nous leur avons fait comprendre que rien n’est impossible et qu’ils peuvent le gagner. Plutôt, ils doivent le gagner. Je vous l’ai dit tout à l’heure, nous avons besoin de points, il ne faut plus rien lâcher.
Vous avez intégré, avec Billel Dziri, récemment le staff technique. Peut-on savoir quel rôle vous avez ?
La direction a vu que nous pouvons aider l’équipe, et c’est aussi l’avis de Renard avec lequel nous travaillons dans une parfaite entente. Il nous demande notre avis, il nous consulte, il nous confie des tâches, et tout se passe bien à ce niveau. C’est surtout sur le plan psychologique qu’on essaye d’ouvrer. Mais je tiens à dire que seuls, on ne va pas y arriver. Je demande aux supporters de s’unir autour de leur équipe et de la soutenir à fond car, croyez-moi, les joueurs ont besoin de leurs supporters. Ce n’est guère le moment de se faire des reproches, nous avons tous la responsabilité de sauver l’équipe, chacun à son niveau.