La finale de 1999, remportée haut la main par l’USMA face à la JSK sous la houlette de Nour Benzekri, est sans doute la plus belle coupe des Rouge et Noir après celle de 1981. Benzekri se souvient du moindre détail de ce grand rendez-vous qui constitue un des plus beaux souvenirs dans sa carrière d’entraîneur, si ce n’est le plus beau. Replongeons avec lui au cœur de cette finale.
La finale de 1999, vous vous en souvenez ?
Et comment ! C’était une très belle finale qu’on avait atteint au prix de grands efforts durant les éliminatoires qui se sont jouées en aller et retour et où nous n’avons rencontré que de grosses cylindrées.
Et si vous nous parliez de cette finale ?
Nous avions joué les demi-finales contre le Mouloudia (2-2) que nous avons battu aux tirs au but. C’était un grand match avec un grand public. Des matchs comme on en voit rarement aujourd’hui. Un entraîneur doit au moins vivre cela une fois dans sa vie. Quelques jours après, nous jouions la finale. Je me rappelle qu’on n’a pas eu assez de temps pour récupérer des efforts de la demi-finale, je crois que c’était 3 ou 4 jours après. Donc, on est arrivé un peu émoussés en finale et nous avions perdu Tarek Ghoul qui s’était blessé contre le Mouloudia.
Comment avez-vous préparé cette finale en si peu de temps ?
Je n’avais pas le temps de faire grand-chose. On a essayé beaucoup plus de récupérer de nos efforts, c’était notre seul souci. Les joueurs s’étaient beaucoup dépensés contre le Mouloudia, et il n’était pas évident qu’ils soient au point physiquement quelques jours après en finale. L’aspect psychologique était important aussi. Il fallait passer de l’euphorie de la qualification contre le Mouloudia à la concentration pour la finale. C’était très difficile, mais j’avais des joueurs avec de grandes qualités mentales, sur lesquels je pouvais compter.
Qu’est-ce que vous retenez le plus de cette finale, après la victoire bien sûr ?
Il y a un détail que je n’oublierai jamais, c’est la qualification de Drioueche alors qu’il était suspendu pour la finale. J’étais hors de moi, je n’ai pas accepté cela, je ne comprenais pas comment un joueur suspendu puisse être autorisé à jouer. C’était une grande polémique à l’époque et Allik avait pris tout sur lui.
Pourquoi cela vous a-t-il autant marqué ?
Eh bien, cette histoire m’avait rappelé celle que j’avais vécue en 1987 quand je suis arrivé en finale de la coupe d’Algérie avec Bordj Menaïel contre l’USMH. Medane, qui jouait à El Harrach, était suspendu et on l’a fait jouer. Et devinez qui nous avait marqué ? C’est Medane, et nous avons perdu cette finale à cause de lui. 12 ans après, il m’arrive la même chose. Je ne sais pas si c’était de la superstition, mais j’avais peur que ce scénario se reproduise. Je voyais Drioueche marquer sur un corner, et je me voyais perdre cette finale à cause de lui. (Rires.) Cette histoire m’avait vraiment perturbé. D’ailleurs, quand on s’est revus, Allik et moi récemment à la radio, nous avons parlé de cette belle finale et nous avons évoqué le cas Drioueche, ça nous avait vraiment marqué.
Sinon, comment se sont passées les choses durant le match ?
C’était très serré, on avait terminé la première mi-temps zéro à zéro. Je savais dès lors que cela allait se jouer sur un détail. Physiquement, on commençait à accuser le coup. Je vous avais dit que le match du MCA nous avait usés. Les joueurs étaient à bout. Zekri voulait sortir, il n’en pouvait plus. Et ce détail est arrivé. La JSK rate une occasion en or, et tout de suite après, sur un contre, Amirat fait un débordement à gauche et sert Dziri qui marque. Malgré la valeur de la JSK, nous avions des joueurs d’une grande qualité technique qui pouvaient faire la différence à n’importe quel moment. C’est ce qui est arrivé avec ce débordement de Amirat et cette dernière touche de Dziri. Après, la situation s’est débloquée avec un second but de Hadj Adlane.
Durant les 90 minutes, est-ce qu’il y a eu un détail qui, selon vous, avait influé sur le résultat de la rencontre ?
Je pense que c’est lorsque Dziri a demandé à sortir. Je lui ai dit qu’il n’était pas question qu’il sorte, mais il avait insisté et cela m’a fait sortir de mes gonds, je suis même rentré sur le terrain et je lui ai crié dessus en lui demandant de rester sur le terrain. J’étais très en colère. Quelques minutes après, il marque le but. Et si j’avais accédé à sa demande …?
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Finale 2004
Aksouh «C’est avec les tripes que nous sommes allés chercher cette coupe»
Vous étiez l’entraîneur de l’USMA qui a gagné la Coupe d’Algérie en 2004 contre la JSK. Que retenez-vous de cette finale ?
C’était une finale où nous n’étions pas favoris. Nous sortions d’une très longue saison où nous étions engagés sur trois fronts, championnat, Champions League africaine, championnat et Coupe d’Algérie. On venait d’ailleurs de rentrer du Ghana où nous avions affronté l’Ashante Kotoko après un long voyage et de disputer une demi-finale qui est allée jusqu’aux tirs au but contre le MCO. On y avait laissé des plumes puisque, à quelques jours de la finale, nous avions, je crois, pas moins de quatre joueurs blessés qui étaient incertains pour cette finale, dont Dziri, Ammour et autres Aribi. En plus, trois de nos meilleurs joueurs étaient suspendus, Zeghdoud, Deghmani et Metref. Nous allions nous présenter à la finale avec une équipe tout à fait décimée. C’est dans ce contexte difficile que nous avons abordé ce match.
Justement, comment peut-on préparer une finale de Coupe d’Algérie dans de telles conditions et la gagner ?
Notre préparation a été axée surtout sur le plan psychologique. Nous avons tout fait pour dédramatiser les débats et évacuer la pression des joueurs. A vrai dire, la pression était du côté de la JSK. Ils venaient de gagner le championnat, ils étaient favoris et visaient le doublé. Nous, nous étions sereins.
Quelles ont été les clés de cette finale ?
Il y en avait plusieurs, dans la mesure où chacun a fait ce qu’il fallait faire. Le staff médical a fait de son mieux pour retaper les joueurs blessés en un temps record, et nous avons pu les récupérer. Notre public est venu nombreux et nous a soutenus de toutes ses forces. Le président était toujours près de l’équipe et les joueurs, et c’est le plus important, se sont comportés comme de véritables professionnels. Il faut dire, qu’à côté de toutes les difficultés que je viens d’énumérer, nous avions un effectif de qualité et des joueurs responsables, c’est cela la clé la plus importante de cette finale.
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Meftah «Que cette 7e confrontation en Coupe soit à la hauteur de l’événement»
Parmi les joueurs qui n’ont pas vagabondé dans notre championnat figure incontestablement le poumon du milieu de terrain de la JSK, Mahieddine Meftah, qui a passé une bonne partie de sa carrière footballistique à la JSK avant de rallier l’USMA où il a pris sa retraite en 2007. Actuellement dirigeant à l’USMA, Mahieddine Meftah n’oublie pas le moindre instant qu’il a vécu dans les deux clubs, et vivra cette septième confrontation en Coupe d’Algérie entre les deux équipes avec un sentiment assez spécial. L’ex-international de la JSK, vainqueur de sept Coupes d’Algérie, deux avec la JSK et cinq avec l’USMA, est intervenu hier matin sur les ondes de la Chaîne II : «Je vous assure que c’est un match difficile pour les deux équipes. D’habitude, ces deux équipes s’affrontent en finale, du moins ce que j’ai vécu moi en tant que joueur. J’espère que cette septième confrontation soit à la hauteur de l’événement, que ce soit entre les joueurs sur la pelouse ou les supporters sur les gradins. Nous devons vivre une belle fête footballistique et que le meilleur gagne.»
«USMA-JSK est la grande finale avant l’heure»
«Personnellement, j’aurai aimé assister à ce match pour le compte de la grande finale. Ce sont deux grands clubs qui ont déjà animé par le passé deux grandes finales auxquelles j’ai participé sous le maillot de l’USMA en 2004 et 2007. Ça a été des moments forts en fair-play, ce qui devrait être confirmé aussi ce samedi. Avec la JSK, j’ai vécu aussi les merveilleux moments de la consécration en Coupe en 92 face à l’ASO et 94 face à Ain Mlila.»
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Sadmi «Toute la Kabylie attend une victoire pour le nouveau départ de la JSK»
Intervenant sur les ondes de la radio locale de Tizi Ouzou, l’ex-international arrière droit puis dirigeant de la JSK, Hamid Sadmi, évoque aussi le match de cet après-midi qui mettra aux prises la JSK avec l’USMA : «C’est toute la Kabylie qui attend de la JSK une victoire. Un succès face à l’USMA sera un signe pour le nouveau départ, ce qui permettra au club naturellement de retrouver la sérénité. La JSK vit des moments difficiles, et c’est l’équipe en elle-même qui prend un sale coup. J’espère que le match va se dérouler dans un fair-play total.»
«La qualité de l’effectif de l’USMA ne veut absolument rien dire, c’est un match de coupe»
Invité à livrer son point de vue sur la différence qui existe entre les deux équipes en matière de composante de leurs effectifs, Sadmi ajoute : «Dans un match de coupe, la qualité de l’effectif d’une équipe ne veut absolument rien dire, ce n’est pas parce que l’USMA en possède un plus riche que la JSK que la victoire est acquise. Dans ce genre de situations, les joueurs doivent jouer avec les tripes et une motivation supplémentaire pour remporter le match et se qualifier. Si les joueurs de la JSK veulent arracher la qualification, personne ne pourra se mettre en travers de leur chemin.»