Yacine Bezzaz revient dans cet entretien sur les conditions dans lesquelles il a reçu l’offre de l’USMA et pourquoi il a accepté de rentrer au pays. L’attaquant des Rouge et Noir entend également reconquérir sa place en Equipe nationale et il ne le cache pas. Actuellement blessé aux adducteurs, il ne s’entraîne pas avec le groupe.
Qu’en est-il de votre blessure ?
Comme vous le savez, je souffre d’une légère blessure aux adducteurs, qui n’est pas grave, mais que je dois soigner. Je m’entraîne tout seul, doucement, mais sûrement. Cela ne m’inquiète pas car j’ai une bonne avance par rapport à mes coéquipiers puisque cela fait deux mois que j’ai entamé la préparation. Donc, je ne vais pas perdre beaucoup de choses.
Justement, l’on se demande si ce n’est pas une surcharge de travail, puisque cela fait longtemps que vous avez repris les entraînements, qui est à l’origine de cette blessure…

C’est possible, mais il y a un autre facteur important, c’est le tartan. Comme vous le savez, on s’entraîne sur du synthétique et c’est cela qui est à l’origine de ma blessure, et peut-être même de celles des autres joueurs. Je ne peux pas être affirmatif par rapport à leur cas, mais moi, je suis sûr que c’est à cause du tartan. Toutefois, ce n’est plus un problème maintenant puisque je commence à m’y habituer. Avec le temps, ça va devenir normal.
Le terrain de Bologhine est en synthétique, comme plusieurs autres en Algérie, où vous allez devoir jouer et vous entraîner. Vous serez obligé de vous y adapter…
Oui, je le sais, mais comme je viens de vous le dire, tout va rentrer dans l’ordre dans quelques semaines, voire quelques mois. Le tartan constitue un problème quand il est sec et dur, mais quand c’est trempé, ce n’est pas un souci.
Vous êtes un des joueurs clés que l’USMA a fait venir cet été. Peut-on connaître votre avis sur le nouveau visage de l’équipe en prévision de la nouvelle saison ?
Le président Haddad a voulu monter une équipe forte pour jouer les premiers rôles en championnat, et il en a mis les moyens. Il a ramené les meilleurs joueurs pour former une bonne équipe, et aujourd’hui, c’est à ces derniers de concrétiser ce projet. Nous devons travailler dur durant ce stage pour former cette équipe au sens propre du terme et améliorer la cohésion entre nous à tous les niveaux. On doit répondre aux attentes du président qui a pu satisfaire toutes nos exigences. C’est à nous maintenant de justifier sa confiance et gagner des titres comme il le souhaite, ou l’exige même.
Certains pensent que la venue de plusieurs «stars» risque d’influer négativement sur le rendement de l’équipe et la vie du groupe en général. Un avis là-dessus ?
Non, je ne suis pas d’accord avec cela. Une équipe qui veut jouer les premiers rôles se doit de se renforcer des meilleurs éléments. Et je ne pense pas que la concurrence va créer des problèmes. Bien au contraire, elle va inciter tout le monde à travailler. Le joueur qui se met en colère parce qu’il n’a pas joué devrait peut-être se dire qu’il ne travaille pas assez à l’entraînement.
Serait-ce la saison de l’USMA ?
On ne peut l’affirmer pour le moment. Nous devons nous dire qu’il n’y a pas que nous en championnat. Il y a le champion en titre, l’ex-champion qui voudrait reconquérir sa couronne et d’autres équipes qui veulent dire leur mot aussi. L’USMA ne sera pas seule dans son monde.
Laissons l’USMA et parlons si vous voulez de la sélection nationale. Il y a eu 33 convoqués pour le stage de Marcoussis. Vous attendiez-vous à ce que vous soyez parmi eux ?
J’aurais aimé bien sûr, mais il faut être réaliste. Le nouveau sélectionneur a dû revoir les différents effectifs de l’Equipe nationale durant toute la saison dernière où mon nom n’y figurait pas, puisque j’étais blessé et loin de la sélection. Il était donc tout à fait normal qu’il ne me convoque pas. Mais j’ai une chance de revenir en Equipe nationale en travaillant avec ma nouvelle équipe afin de revenir à mon meilleur niveau. Revenir en Equipe nationale ? Oui, c’est possible, il n’y a que le travail qui paye. Mais je dois me concentrer d’abord sur les échéances de l’USMA.
Vous voulez dire que la priorité pour vous c’est l’USMA, pas l’Equipe nationale…
Non, pas exactement cela. Je veux dire qu’il faut d’abord réussir avec son équipe, être parmi les meilleurs et utile au groupe, sur le terrain comme en dehors, pour pouvoir prétendre par la suite à une place en Equipe nationale. Mais si je ne réussis pas avec l’USMA, ce n’est même pas la peine d’y penser.
Halilhodzic a déclaré qu’il ne va léser personne et qu’il donnera la chance à tout le monde, que ce soit en Algérie ou à l’étranger, avant de sélectionner son groupe. Est-ce rassurant ?
Cela fait seulement un mois ou un peu plus que le nouveau sélectionneur est sur place. C’est normal qu’il va prospecter en Europe, particulièrement en France, pour essayer de trouver d’autres éléments capables d’apporter un réel plus à la sélection, mais il va aussi le faire en Algérie d’autant que la championnat algérien entre dans l’ère du professionnalisme avec des joueurs qui ont bien les moyens d’aller en Equipe nationale. Ce n’est pas rassurant pour moi uniquement, mais pour tous ces joueurs qui ont envie de prouver qu’ils ont eux aussi quelque chose à donner à la sélection nationale.
Au moment où la majorité des joueurs de l’EN ont choisi d’aller s’exiler au Golfe, vous, vous avez préféré rentrer au pays. Pourquoi ?
Après neuf ans passés en France, j’ai décidé de rentrer au pays pour des raisons strictement familiales. J’aurais pu rester encore à Troyes où il me restait encore deux ans de contrat, mais comme les choses ne se sont pas bien passées avec l’entraîneur, en plus de la proposition de l’USMA qui était très intéressante, financièrement et sportivement, je me suis dit qu’il fallait foncer et tenter cette nouvelle expérience, et que l’occasion m’est présentée pour rentrer en Algérie. Je vous assure que si le projet de l’USMA n’avait pas été intéressant, si le club n’avait eu pas une stratégie claire et convaincante, je serais resté à Troyes. Il n’y avait pas que l’argent.
Et que pensez-vous de ceux qui sont partis dans les pays du Golfe, ont-il fait le bon choix selon vous ?
Chaque joueur a sa façon de penser et sa manière de voir les choses, et chacun est libre de prendre la décision qu’il veut. Une décision qu’il va falloir assumer par la suite, et, personnellement, je ne pense pas qu’ils aient fait ce choix comme ça, sans réfléchir. Ils ont dû bien analyser les choses avant de prendre une telle décision. Ils savent qu’ils seront appelés à travailler dur pour rester au même niveau. A mon avis, ils savent ce qu’ils font. Je leur souhaite beaucoup de réussite.
Vous ne pensez pas que la crise économique en Europe soit l’un des facteurs qui ont motivé ce choix ?
Ça c’est sûr, ce qu’ils vont toucher au Qatar ou en Arabie Saoudite, ils ne le toucheront jamais en Europe. Côté financier, c’est sûr que c’est intéressant. Maintenant, pour le côté sportif, je crois qu’ils sont les mieux placés pour y répondre.
Et vous, vous n’y aviez pas songé ?
Si, mais dès que j’ai eu la proposition de l’USMA, j’y ai renoncé. Ma famille voulait rentrer au pays, j’ai un gosse de trois ans que j’aimerais qu’il grandisse parmi sa grande famille. Et l’offre de l’USMA est tombée à pic. J’ai frappé d’une pierre deux coups, et je ne regrette pas ce choix.
Mais vous n’êtes pas très chanceux pour autant puisque vous êtes en train tout de même de passer le Ramadhan en France, non ?
(Rires) C’est vrai, mais que voulez-vous que je fasse, la vie d’un joueur est faite ainsi, toujours loin de la famille ! Mais ce qui est beau cette saison, c’est que je passe le Ramadhan avec une grande famille algérienne. Avant, je le passais avec des équipes françaises et vous savez tous que c’est difficile de jeûner dans ces conditions. Tout est différent maintenant, avec un programme adéquat avec le mois de Ramadhan. Je peux dire qu’il y a quand même du changement par rapport aux années précédentes.
Le mot de la fin ?
J’espère qu’on réussira à mener l’équipe à bon port, gagner des titres et donner de la joie aux supporters de l’USMA et au président.