Le professionnalisme, ce n’est pas uniquement de l’argent, une belle salle de conférence, un beau vestiaire et des joueurs à gros salaires, c’est aussi une mentalité, un savoir-faire, une organisation, des compétences à tous les niveaux, avec l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. A l’USMA, le moyen qui fait défaut à tous les clubs, l’argent, existe. Le reste, on n’en est pas sûr. En fait, ceux qui disent que l’USMA est le seul club professionnel en Algérie se trompent. Dans le geste, dans l’action, dans la façon de réfléchir et d’agir, on est toujours amateur. Plusieurs exemples nous viennent à l’esprit, mais on n’a ni le temps ni l’espace de les énumérer. On se contentera néanmoins de dresser un constat de la trêve hivernale qui prendra fin ce week-end, et qui aura été une catastrophe en matière de gestion. On pensait, en effet, que les Usmistes avaient tiré les leçons de la saison dernières où le mercato hivernal était un véritable fiasco, mais force est de constater que les choses n’ont pas évolué d’un iota.
Episode I : Stephen Manu
En matière de recrutement, c’est un peu le bazar avec un piètre casting tout au long de cette trêve. La direction de l’USMA annonce, par le biais de son DG, Mouldi Aïssaoui, relayé ensuite par Rebouh Haddad, la venue imminente de trois ou quatre joueurs nigérians dont on n’en retiendra qu’un seul à l’issue des tests auxquels ils allaient être soumis. A leur place, on a eu d’abord droit à un Ghanéen, Stephen Manu, renvoyé 48 heures après son arrivée. Des tests effectués à la hâte, avec une séance d’entraînement avec les U21 et un match d’application contre les juniors, tout cela en l’absence de l’entraîneur en chef et de ses adjoints, ce qui n’est pas normal, comme nous l’avons déjà souligné. Techniquement, il a été jugé inapte. Affaire classée.
Episode II : King Osanga
Au moment où on attendait toujours les Nigérians dont la direction avait annoncé la venue, c’est un autre Nigérian qui va débarquer à l’USMA. Il s’agit de King Osanga qui est allé directement tenter sa chance à Sousse. Celui-là a surgi de nulle part. Accompagné de ses agents, il a été autorisé à s’entraîner avec les Rouge et Noir. Trois jours après, on s’est rendus compte qu’il n’a pas le profil recherché. «Ce n’est pas le type de joueur que nous recherchons», dira Ollé-Nicolle pour expliquer sa décision.
Episode III : Ibrahima N’Daye
Le troisième casting va avoir lieu encore une fois à Sousse. Alors qu’on attendait toujours la venue des Nigérians, c’est un Sénégalais qui va poser ses valises au Mouradi Palace de Sousse, en provenance de France. Il s’agit d’Ibrahima N’Daye que personne ne sait qui l’a envoyé, ni qui l’a recommandé. Dès son arrivée à l’hôtel de l’USMA, on l’a emmené directement dans la chambre d’Ollé-Nicolle. Un bref entretien avec le coach a suffi pour mettre une croix sur le Sénégalais. Ce dernier a avoué qu’il n’a jamais été un international, et de ce fait, compte tenu des règlements de la FAF, il ne peut être recruté. Ce n’est donc même pas la peine de le tester, il rentrera chez lui le lendemain matin. En arriver jusque-là, c’est grave pour un club professionnel.
Episode IV : Serge N’Gal
Le plus grave, c’est qu’au même moment, plus précisément le vendredi soir, les dirigeants de l’USMA négociaient à Alger avec un autre joueur. Ce n’est toujours pas un des Nigérians qu’on avait annoncés, mais un Camerounais qui répond au nom de Serge N’Gal. Et selon nos informations, c’est ce soir-là que ce dernier a signé son contrat avec l’USMA. En plus clair, au moment où Ibrahima N’Daye est arrivé à Sousse, Serge N’Gal signait son contrat à Alger. Quelque chose vous échappe ? Nous aussi.
Il faut savoir maintenant que Serge N’Gal a signé sans effectuer des tests. Cela laisse croire que c’est un joueur talentueux, confirmé, compétitif qui n’a pas besoin d’être supervisé. Mais il s’est avéré que le Camerounais est à l’arrêt depuis une année. C’est en février 2011, en raison d’une blessure, qu’il a arrêté de jouer avec Uniao Leiria, son dernier club au Portugal. A la fin de la saison, on n’a pas souhaité lui renouveler son contrat. Depuis, il est sans club. Avant d’atterrir à l’USMA, il s’entraînait avec Brest, son ancien club, qui lui a fait une fleur pour entretenir sa forme avant de trouver un club preneur. Ça, c’est le premier point. Le second, et cela va peut-être vous choquer, c’est que le joueur a signé sans avoir effectué au préalable des tests médicaux. Quel est ce club au monde qui fait signer un joueur, qu’il ait pour nom Messi ou Ronaldo, sans le soumettre au préalable aux tests médicaux d’usage ? Ce club a pour nom l’USMA. En matière d’amateurisme, on innove désormais.
Episode V : Kalu Uché
Et les Nigérians ? Ils sont où ? Pas l’ombre d’un seul d’entre eux, jusqu’à avant-hier lundi où on nous a fait savoir que parmi les trois ou les quatre Nigérians qui allaient venir, l’un d’entre eux arrivera dans la matinée en provenance de Lagos, via le Caire. C’est Kalu Uché, l’attaquant d’Enyimba, qui n’arrivera finalement pas. La grève générale qui a été observée au Nigeria a gelé le trafic aérien dans le pays, et puisqu’on était la veille de l’expiration des délais des enregistrements, on a fait savoir au joueur que ce n’est plus la peine qu’il vienne. Voilà, aucun Nigérian ne viendra, et c’est finalement le Camerounais Serge N’Gal, que personne n’attendait, qui a été déclaré vainqueur à l’arrivée, non sans enfreindre une règle du jeu, signer sans passer les tests médicaux.
Epilogue
Cela nous amène enfin à vous expliquer le comment du pourquoi d’une gestion désastreuse de cette trêve hivernale car, au moment où se déroulait ce casting désolant, le groupe était livré à lui-même à Sousse, avec des écarts disciplinaires au quotidien et une démobilisation totale qu’on n’aurait jamais vue sous l’ère Renard. Les dirigeants n’avaient pas le temps, en effet, d’aller voir ce qui se passait à Sousse, ils étaient plutôt occupés à se livrer une bataille sans merci dans les coulisses pour faire signer «leurs poulains». Une guerre qui a été déclarée entre deux personnes en particulier, le DG Mouldi Aïssaoui et le manager Mohamed Mekhazni. Chacun voulait faire signer le joueur qu’il voulait, et c’est ce qui explique le renvoi de Stephen Manu, de King Osanga, mais surtout la signature de Serge N’Gal le soir où Ibrahima N’Daye a débarqué à Sousse. Mouldi Aïssaoui était allé en France pour négocier avec Hamid Guedjali, l’agent d’Ibrahima N’Daye, et il a été convenu d’envoyer le joueur directement à Sousse. A Alger, lorsqu’on a appris la nouvelle, on a vite fait d’accélérer les choses avec Serge N’Gal qui était arrivé la veille, c’est-à-dire jeudi. Mohamed Mekhazni, qui était derrière l’arrivée du Camerounais, en concertation avec Rebouh Haddad, ont pris le risque de faire signer le joueur sans même lui passer les tests médicaux de peur que Aïssaoui ne ramène un joueur qui puisse plaire à l’entraîneur, d’autant que le Nigérian d’Enyimba pouvait arriver d’un moment à l’autre. Plus tard, on apprendra aussi que le billet, ou les billets, qui devaient être envoyés à Kalu Uché et aux autres joueurs nigérians avaient été bloqués au niveau de l’administration, une information à confirmer. Tout ce spectacle désolant n’aurait pas eu lieu si les prérogatives de tout un chacun avaient été bien définies. Qui recrute à l’USMA, le DG ou le manager ? L’entraîneur ou l’adjoint ? Le secrétaire ou le président ? Qui fait quoi et qui est qui, tel est le problème d’un club encore amateur.
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Résiliation à l’amiable du contrat de Diamouténé
Ce n’est qu’hier après-midi, à quelques heures de l’expiration de la deuxième période des enregistrements, que le dossier de Serge N’gal, la seule recrue de l’USMA en ce mercato, a pu être déposé au niveau de la Ligue de football professionnel (LFP). En fait, les choses n’ont pas été faciles pour la direction du club qui devait libérer de la place pour que le Camerounais soit qualifié. Comme on le sait, il était prévu de libérer ou de prêter Diamouténé, dans le cas où un autre joueur étranger serait venu. Mais apparemment, le Malien n’a jamais été prévenu. Avant-hier, lorsqu’on est allé lui annoncer la nouvelle et lui expliquer la situation, les responsables de l’USMA ont essuyé un refus catégorique de la part du joueur qui n’a pas voulu entendre parler de son départ. «Est-ce le moment de venir me le dire ? Je n’irai nulle part, je suis bien à l’USMA», leur aurait-il répondu. Les dirigeants des Rouge et Noir sont revenus le lendemain à la charge, c’est-à-dire hier mardi, et après avoir longtemps insisté auprès du Malien, et au terme d’âpres négociations, on est enfin parvenus à un accord qui aurait arrangé les deux parties. Le DG des Rouge et Noir a expliqué à l’APS que les deux parties ont procédé à la résiliation du contrat à l’amiable et que l’USMA continuera à assurer le salaire du joueur jusqu’à la fin de la saison. Contacté par nos soins, Mouldi Aïssaoui a confirmé l’information précisant qu’un avenant a été signé pour garantir le salaire du Malien.
Quel statut pour le Malien ?
Dans la forme, tout est OK. Pour que le Camerounais puisse être qualifié, il fallait annuler la licence d’un des deux joueurs maliens que compte l’effectif usmiste. Mais dans le fond, il y a eu une maladresse qu’on pouvait éviter. Dire que le joueur continuera à percevoir son salaire, alors que son contrat a été résilié, demeure difficile à comprendre, car à partir du moment où on a mis fin au contrat de travail qui lie les deux parties, Diamouténé n’est plus un employé du club ou un salarié du club. A quel titre continuera-t-il à percevoir ses émoluments ? L’avenant que le joueur a signé pourrait être une parade, mais cela ne justifie pas le salaire qu’il touchera désormais. En tout cas, pour que Diamouténé continue à être payé régulièrement, il va falloir lui trouver un autre statut, adjoint de l’adjoint, garde-matériel, électricien, agent de sécurité, bref, une fonction qui puisse justifier son salaire. A moins que le désormais ex-défenseur usmiste ait encaissé hier la totalité de son dû. Car on aimerait bien savoir comment il a accepté cette solution, pour le moins humiliante.
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Au sujet des quatre joueurs qui ont séché l’entraînement
Hier en fin de journée, une réunion devait regrouper Moudi Aïssaoui et l’entraîneur Ollé-Nicolle au sujet des quatre joueurs qui ne se sont pas présentés à l’entraînement lors du dernier jour de stage à Sousse. Le coach usmiste devait faire un compte rendu de la situation au DG du club afin que ce dernier puisse en discuter avec sa hiérarchie pour prendre les décisions qui s’imposent. Il paraît que cet écart disciplinaire ne restera pas impuni.
Zemmamouche, seul absent
La reprise des entraînements des Rouge et Noir a été caractérisée par une seule absence, celle de Zemmamouche, actuellement en stage avec les autres gardiens de l’Equipe nationale à Sidi Moussa. Il devra réintégrer le groupe aujourd’hui, au plus tard demain.
Ferhat blessé
Présent avec le groupe à l’entraînement, Ferhat n’a pu s’entraîner. Le joueur, qui souffre toujours de sa blessure aux adducteurs, doit rester au repos pour se donner le temps nécessaire de se rétablir.