Dans un entretien à France3, Abdelmalek Sellal a annoncé que l’accord sur l’installation à Oran d’une usine de montage Renault sera signé demain à l’occasion de la visite de François Hollande. Cette usine aura, à partir de 2014, une capacité de production annuelle de 25 000 véhicules.
Interrogé, hier, lundi, lors d’un entretien sur France 3, à ce sujet et sur les enjeux économiques de la visite du chef de l’Etat français à Alger, notre Premier ministre a mis en avant ce contrat entre Renault et la Société nationale des véhicules industriels qui sera signé demain mercredi.
Outre la construction automobile, «de jeunes Algériens y seront formés avec la création de 6 000 emplois», a ajouté M. Sellal à propos de ce projet. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’industrie française gagne dans cette affaire. C’est un Win-Win parfait. Nous restons solidaires avec les travailleurs français», a dit le Premier ministre pour qui c’est une «belle œuvre qui va se réaliser» dans l’ouest algérien. A preciser que ce mardi matin la maison Renault a confirmé la signature de l’accord, demain, pour l’implantation d’une usine de montage, par la voix d’une porte-parole du groupe. Un accord-cadre précisant les grandes lignes du projet avait déjà été signé le 25 mai dernier par les deux parties.
Cette nouvelle unité, qui sera implantée près d’Oran, sera détenue à 51 % par l’État algérien, le constructeur français détenant les 49 % restants.
Elle disposera à partir de 2014 d’une capacité de production annuelle initiale de 25 000 véhicules, qui pourra atteindre les 75 000 exemplaires. Le site fabriquera des Renault Symbol, une voiture dérivée de la Logan de deuxième génération.
Les discussions ont traîné en longueur car les autorités algériennes ont longtemps plaidé pour le site de Jijel, une ville portuaire, tandis que Renault aurait préféré une implantation dans la banlieue de la capitale Alger.
L’objectif pour le constructeur français, numéro un en Algérie avec un quart des ventes, est de fournir le marché local et éventuellement des marchés situés hors d’Europe.
Selon Le Figaro, Renault a écoulé 111 000 voitures en Algérie sur les onze premiers mois de l’année, soit un bond de plus de moitié par rapport à la même période en 2011. En pleine croissance, le marché algérien devrait atteindre environ 450 000 voitures en 2012 contre 300 000 l’an dernier.
La dernière visite de l’envoyé spécial du Président français fin novembre dernier à Alger, a permis de baliser le terrain pour les grands dossiers économiques en discussion depuis plus de deux ans.
Au total, une vingtaine d’accords ont été conclus entre des entreprises algériennes et françaises, depuis la tenue en mai 2011 du Forum de partenariat économique algéro-français. La coopération entre les deux pays dans le cadre de la mission de Raffarin a permis de concrétiser sur le terrain certains projets comme celui de la fabrication de verre entre Saint-Gobain et le groupe algérien Alver et dans les assurances entre l’assureur français AXA et la BEA et le Fonds national de l’investissement (FNI). S’y ajoutent d’autres projets dans la fabrication de lait, et des médicaments par le laboratoire français Sanofi Aventis qui s’est engagé à développer une usine en Algérie.
«Nous ne pouvons pas oublier notre passé»
C’est la réponse du Premier ministre à la question de savoir s’il n’est pas temps de faire table rase du passé et de faire de l’Algérie et de la France en Méditerranée ce que la France et l’Allemagne sont à l’Europe.
Abdelmalek Sellal, qui était hier, lundi, l’invité exceptionnel du journal de France 3, a affirmé que «tous les Algériens sont fiers de leur passé, de leur Guerre de Libération nationale». Il a toutefois indiqué que l’Algérie s’inscrit aujourd’hui «dans une nouvelle phase historique. On doit se remémorer notre passé, c’est une chose claire, nette et précise, mais l’essentiel c’est de construire l’avenir».
L’Algérie souhaite, à la faveur de la visite en Algérie du Président François Hollande, bâtir avec la France une relation résolument tournée vers l’avenir, expurgée de «concepts éculés», a-t-il ajouté. «Nous attendons de cette visite l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations entre l’Algérie et la France, basé sur l’amitié et la coopération», a déclaré M. Sellal à quelques heures de la visite officielle du Président français en Algérie,
Il «nous faut construire et bâtir définitivement entre nos deux pays, puisque beaucoup de choses sont là entre nous et beaucoup d’autres ont été déjà réalisées», a-t-il dit, affirmant la volonté d’Alger d’aboutir avec la France à un «pacte d’amitié et de coopération» qui va construire le futur entre les deux pays.
Situation dans le Sahel
«Nous avons nos propres principes»
Evoquant la situation dans le Sahel, notamment au nord du Mali, et l’engagement de l’Algérie et de la France «ensemble» pour éradiquer le terrorisme dans cette région et épauler les forces panafricaines sur le terrain, M. Sellal a réaffirmé que sur le plan des objectifs, Alger et Paris sont «totalement d’accord».
«Mais, il faut bien comprendre que nous avons nos propres principes fondamentaux dont la non-ingérence dans les affaires internes d’un autre pays», a-t-il fait remarquer, expliquant que la vision d’Alger, dans cette affaire, est d’essayer, par le dialogue, d’isoler le mouvement nationaliste des mouvements terroristes, de renforcer le pouvoir central au Mali et de régler le problème humanitaire.
L’Algérie a combattu «seule» le terrorisme
Interrogé sur l’interruption du processus électoral en Algérie en 1991 et cette nouvelle poussée islamiste en Tunisie et en l’Egypte et qui pourrait «inquiéter l’Algérie», M. Sellal a rappelé que notre pays était «seul» à combattre le terrorisme durant la décennie qui a suivi cette interruption. «Ce n’est que le 11 septembre 2001 que le monde entier a découvert ce fléau que l’Algérie a combattu très durement, très difficilement et beaucoup d’Algériens en ont souffert», a-t-il relevé. Commentant l’avènement de ce qui a été qualifié de «Printemps arabe», il a estimé que «chaque peuple assume son destin», ajoutant : «Nous sommes contents quand la démocratie s’installe. Je pense qu’il faut laisser un peu de temps au temps avant de trancher définitivement cette question».
A. B