Usine de Renault : Un expert algérien dénonce ‘l’irrationalité’ du pouvoir algérien

Usine de Renault : Un expert algérien dénonce ‘l’irrationalité’ du pouvoir algérien
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Mahdjoub Bedda est un économiste algérien, il a estimé que l’implantation de l’usine de Renault en Algérie ne générera que des gains minorés pour le pays comparés à ceux du constructeur français qui prend tout.

«Une lecture objective de cet accord permettra de tirer au clair les avantages importants accordés au constructeur français Renault, comparativement aux profits que générerait la partie algérienne».


Ainsi introduisit son propos, l’économiste algérien le docteur Mahdjoub Bedda, invité à commenter l’arrivée en Algérie du constructeur automobile français Renault.

Il estima que le pouvoir d’Alger s’est appliqué à faire venir à tout prix Renault en Algérie pour des considérations autres qu’économiques, faisant fi de l’impact qu’aura un tel investissement ‘irrationnel’ sur les moyens du pays et sur les intérêts des consommateurs algériens.

En effet, Bedda trouva irrationnel l’accord d’exclusivité de trois ans, cédé par le pouvoir à Renault : «Le principe d’exclusivité sur le marché n’a jamais été appliqué ailleurs au profit de Renault ni en Turquie, ni en Roumanie, ni en Slovénie, encore moins au Maroc» regrette t il, se demandant pourquoi seul l’Algérie a donné cet avantage, réduisant ainsi les choix pour les consommateurs algériens.

LE POUVOIR DEVRA ACHÈTER LES VOITURES FABRIQUÉES SI INVENDUES

Mahdjoub Bedda trouva injuste pour l’Algérie, le montage du projet en entier: «Renault a pu tirer plusieurs profits de ces négociations, dont cette exclusivité sur le marché qui inhibe toute forme de concurrence pendant trois ans».

Il ajouta que «Renault a su convaincre la partie algérienne de l’obligation d’écouler l’ensemble des voitures fabriquées en Algérie, quitte à ce que l’Etat rachète le reste de la marchandise, si celle-ci venait à ne pas trouver d’acquéreurs».

LG Algérie

Il dénonça que le taux d’intégration ne sera que de 10 à 12% alors que le gros des pièces détachés viendra de Roumanie, de Turquie et de France.

«Le pouvoir a donné des avantages fiscaux et des subventions des prix de l’énergie à Renault» souligne t il, alors que sur le plan du management, Bedda s’est ulcéré que «Renault aura plein pouvoir sur une usine où elle ne possède que des parts minoritaires de 49%».

RENAULT NE PAIE PAS TOUT SA PART DE 49% DE L’USINE

Mahdjoub Bedda indiqua que Renault possédant 49% d’une usine qui coutera 1 milliard de Dollars, il ne paiera pourtant pas les 490 millions de dollars qu’il doit, mais uniquement 50 millions de dollars, le reste, lui sera, sur instructions du pouvoir, offert en facilité de paiement par des banques locales.

ENCORE ET TOUJOURS LE MAROC

Bedda qui a fait ses commentaires lors d’un entretien avec le journal algérien Al Watan , a été, à l’accoutumé en Algérie, invité à livrer une comparaison du comportement deRenault en Algérie et du sien au Maroc.

Mahdjoub Bedda estime que : «si on se met à comparer l’usine Renault de Tanger à la future unité de production de Renault en Algérie, d’énormes disproportions sont à relever. Sur le plan du coût d’abord, l’usine Renault-Dacia au Maroc, dont le montage financier est assuré par les deux parties, coûte 1 milliard d’euros pour la production de 200 000 véhicules/an, avant de passer à 400 000 véhicules/an à court terme. En Algérie, le coût est le même, mais la production, elle, ne doit pas dépasser 25 000 unités/an pour un seul modèle la Symbol» énumère t il.

Il ajoute que sur le plan du taux d’intégration «L’usine Renault de Tanger a démarré avec un taux d’intégration de 45% pour arriver à terme à 85%, tandis que l’usine de montage du constructeur en Algérie démarrerait avec un taux d’intégration de 10 à 12% pour arriver, à terme, à une proportion maximale de 42%».

De la cadence de production enfin il compare que «il faudra relever le fait que les unités de Tanger produisent 30 voitures/heure en deux types pour atteindre à terme une cadence de 60 voitures/heure. La cadence ne sera pas la même pour les unités de production algériennes qui devraient démarrer avec 7 voitures produites chaque heure et un seul modèle pour arriver, à terme, à 15 véhicules/heure».

Mahdjoub Bedda conclut enfin que le marché algérien ne bénéficiera aucunement d’une production estimée à 25 000 unités/an et d’un seul modèle fabriqué, vu qu’il est important, deuxième en Afrique, derrière l’Afrique du Sud avec une croissance de 40% et un demi-million de voitures neuves importées l’année écoulée.