USA : Obama pourrait créer un nouveau Guantanamo

USA : Obama pourrait créer un nouveau Guantanamo

L’idée fait polémique, pourtant elle s’inscrit dans la logique de la politique du démocrate.

Le président américain pourrait décider de transférer certains détenus de Guantanamo dans une nouvelle prison spéciale et fermer le camp situé à Cuba, comme il l’avait annoncé juste après son investiture.

«Le terrorisme est une question de sécurité intérieure»

Selon le quotidien américain «Washington Post», qui cite, sans les nommer, des membres du gouvernement américain, la nouvelle prison serait gérée conjointement par les ministères de la Défense, de la Justice et de la Sécurité intérieure.

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Chacun d’eux étant responsable de différents détenus.

Elle abriterait des salles d’audience pour les procès visant les crimes fédéraux, des commissions militaires chargées de poursuivre les personnes soupçonnées de terrorisme et des espaces de vie pour les détenus dont la libération a été autorisée mais qui ne disposent d’aucun pays prêt à les accueillir.

«C’est une manière pour Obama de recentrer la politique américaine de lutte contre le terrorisme sur le territoire américain, explique François Durpaire, politologue et spécialiste des Etats-Unis, en fermant le centre qui est à Cuba et en en ouvrant un nouveau sur son propre territoire, il fait passer un message fort : le terrorisme est une question de sécurité intérieure. Le statut de ces prisonniers sera désormais sous l’autorité judiciaire américaine et ne concernera plus Cuba».

Une évolution progressive de l’opinion publique

Parmi les sites à l’étude figurent la prison militaire de Fort Leavenworth (Kansas, centre) et une prison de haute sécurité dans l’Etat du Michigan (nord), dont la fermeture est actuellement envisagée, affirme le «Washington Post».

Cette proposition suscite déjà une vive opposition aux Etats-Unis.

«La fermeture de Guantanamo sera un geste vide de sens si nous le rouvrons ailleurs sous un autre nom», s’est insurgé Jameel Jaffer, avocat auprès de l’Union américaine pour les libertés civiles (Aclu).

Mais pour François Durpaire, Obama poursuit sa logique du compromis avec cette solution transitoire.

«Le décret de fermeture de Guantanamo, qui a été signé en janvier, était très flou. Le texte dit qu’en un an, la prison sera fermée, mais ne précise pas la manière dont le sort des détenus sera réglé, souligne le politologue. L’opinion américaine est très divisée sur ce sujet. Obama, comme il l’avait fait avec son moratoire sur la peine de mort lorsqu’il était gouverneur, tente de faire évoluer progressivement cette opinion publique en choisissant une option temporaire», souligne-t-il.

Barack Obama respecte donc son engagement pris en janvier de fermer Guantanamo d’ici à la fin de l’année, même si la solution proposée ne fait pas l’unanimité.

Le transfert des prisonniers de Guantanamo, dans une nouvelle prison spéciale, pourrait être, si le projet est confirmé par le président américain, l’occasion de statuer sur la libération de certains des 229 prisonniers et de négocier leur accueil sur le territoire européen, comme cela a été demandé par Obama après son investiture.