USA : La crise économique s’aggrave de nouveau

USA : La crise économique s’aggrave de nouveau
usa-la-crise-economique-saggrave-de-nouveau.jpg

La récession continue de s’aggraver aux Etats-Unis en dépit des signes de légère amélioration dans l’immobilier ou dans la consommation. A l’occasion de la conférence de presse qu’il a tenue, mercredi 29 avril, pour marquer ses cent premiers jours à la Maison Blanche, le président américain, Barack Obama, a reconnu que la crise ne s’apaisait guère et qu’elle imposait à son administration un rythme soutenu pour prendre des mesures d’urgence tant sur le plan industriel qu’en matière de budget.

La poursuite de la récession à un rythme jamais vu depuis la dernière guerre mondiale est tout à fait inquiétante : le produit intérieur brut (PIB) s’est rétracté de 6,1 % de janvier à mars, soit quasiment dans les mêmes proportions qu’au dernier trimestre 2008 (- 6,3 %).

Un chiffre « très mauvais » pour Mark Zandi, chef économiste de Moody’s.com, et même « désastreux », selon Ian Morris, l’économiste en chef de HSBC. Les analystes tablaient sur une amélioration, espérant un chiffre ne dépassant pas – 4,7 %.

L’investissement global a connu son plus mauvais chiffre depuis 1975, la dernière période où les Etats-Unis avaient enregistré trois trimestres successifs de recul. Il a chuté de 37,9 % en rythme annuel (- 44 % dans l’informatique, – 38 % dans le logement) : du jamais-vu depuis la modélisation du calcul du PIB, en 1947.

LG Algérie

Seul point positif, les dépenses de consommation des ménages ont progressé de 2,2 % en rythme annuel, après deux trimestres de contraction.

Les chiffres attendus du chômage, la semaine prochaine, devraient traduire cette dégradation accélérée, qui a vu les Etats-Unis détruire 5 millions d’emplois depuis décembre 2007. « Nous devrions constater des centaines de milliers de pertes d’emplois (mensuelles) durant encore un certain temps », a reconnu le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.

Concernant Chrysler, lors de sa conférence de presse, mercredi 29 avril, M. Obama a exprimé son « espoir » dans la viabilité de la société, qui avait jusqu’à jeudi pour présenter un plan de sauvetage. Le département du Trésor avait proposé aux créanciers une somme au comptant de 2,25 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) pour qu’ils acceptent d’abandonner quelque 6,9 milliards de dollars de créances.

Principaux créanciers du constructeur (ils détiennent 70 % de sa dette), les banques Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup et JP Morgan Chase (par ailleurs grandes bénéficiaires à ce jour du renflouement public des banques) ont accepté d’effacer leurs créances pour un coût avoisinant 5 milliards de dollars.

Mais plusieurs fonds d’investissements sont encore en mesure – en refusant ce mécanisme – de faire échouer un accord de restructuration dans lequel Chrysler s’allierait à Fiat, comme l’ont accepté les salariés de Chrysler par un vote favorable, mercredi 29 avril. L’Etat américain et le fonds de retraite syndical de ses salariés détiendraient une large majorité du capital.

Durant la nuit, le Wall Street Journal annonçait que les négociations avec ces petits créanciers avaient échoué, renforçant la probabilité d’un placement du constructeur, pour une courte période, sous le régime des faillites.

A la question de savoir si l’Etat avait vocation à contrôler l’industrie automobile américaine, M. Obama a répondu qu’il « adorerait retirer la part du gouvernement au plus tôt », mais il a justifié ce qui apparaît comme une nationalisation de facto de Chrysler (comme ce le sera de General Motors si sa direction impose son plan de restructuration à ses propres créanciers) par la nécessité de restaurer un secteur automobile « viable et compétitif ».

Qu’il s’agisse de banques ou de constructeurs automobiles, a-t-il ajouté, l’Etat doit chercher à « en sortir dès que la situation s’est améliorée ». Tant qu’il en assure le contrôle, « nous ne devons pas micro-gérer ces entreprises, mais l’Etat doit préserver ses intérêts ». L’objectif est que ces entreprises « émergent de cette crise en meilleure position », avant d’être restituées au secteur privé.

LANCER DES GRANDS CHANTIERS

Quant au budget 2009-2010, le Sénat et la Chambre des représentants ont fini par voter un texte de compromis à 3 400 milliards de dollars, un montant qui ampute la version initialement souhaitée par la Maison Blanche de 150 milliards de dollars. Son déficit atteint 1 700 milliards, soit 12 % du PIB. Malgré cette petite déconvenue (annoncée), M. Obama a félicité les élus pour la célérité de leurs travaux. Il a surtout insisté sur le fait que ce budget allait permettre de lancer plusieurs grands chantiers essentiels à ses yeux, à commencer par la protection santé.

Le but est d’instaurer une assurance maladie « abordable » pour chaque Américain, « moins chère et de meilleure qualité », a-t-il répété mercredi. Pour nombre de commentateurs, M. Obama et les démocrates joueront une grande partie de leur crédibilité sur ce thème dans les mois qui viennent.