Le président américain, Barack Hussein Obama, a plaidé, jeudi à l’université du Caire, en faveur « d’un nouveau départ pour les Etats-Unis et les musulmans du monde entier ».
Dans un discours très attendu, prononcé devant 3000 personnes, M. Obama s’est, en effet, employé pendant plus de 50 minutes à expliquer sa volonté de construire, à l’avenir, un partenariat équitable entre les Etats-Unis et les pays musulmans et de dépasser les malentendus et les rancœurs.
Des rancœurs nourries, faut-il le dire, par la politique désastreuse menée par George W. Bush et son équipe au Proche-Orient, ces dix dernières années, marquée par un soutien inconditionnel aux positions israéliennes.
« Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’Islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence », a soutenu, à ce propos, le nouveau président américain.
Dans son allocution retransmise par plus d’une trentaine de chaînes de télévision du Moyen-Orient, dont Al Manar, la station du Hezbollah libanais, nourrie d’innombrables citations du Coran, le locataire de la Maison-Blanche marque incontestablement une rupture par rapport à ses prédécesseurs, en ce sens d’abord qu’il se pose clairement en arbitre impartial dans le conflit palestino-israélien – cela au point d’ailleurs d’irriter la droite israélienne au pouvoir – et qu’il voit le monde musulman non pas comme une aire porteuse de dangers pour l’Occident, comme l’ont souvent soutenu les néo-conservateurs américains, mais plutôt comme un espace civilisationnel capable d’apporter sa contribution au savoir et à la culture universels comme cela fut le cas au Xe siècle.
Un discours fondateur
Sa connaissance manifeste du monde musulman, de ses codes, de ses valeurs et, surtout, de sa religion a ainsi permis à Barack Obama de mieux comprendre la douleur d’un monde musulman relégué au banc des accusés, et des musulmans devenus d’éternels suspects depuis l’apparition du terrorisme islamiste et les attentats du 11 septembre 2001, et de mettre en confiance son auditoire et, par extension, les millions de téléspectateurs musulmans ayant allumé leur téléviseur pour suivre son intervention entamée avec un « salam aleïkoum » (salut musulman, ndlr) appuyé.
Le discours d’Obama, qui restera certainement dans les annales de l’histoire dans la mesure où il rompt avec l’habituelle arrogance américaine incarnée par George Bush, le va-t-en-guerre, et adopte une approche plus consensuelle des problèmes du monde, a fait sensation du Maghreb aux confins de l’Asie musulmane.
Située à des années lumières des clichés et des amalgames, qui ont accompagné souvent le regard porté par les Occidentaux sur le monde musulman, l’intervention du président américain, qui a suscité des réactions globalement positives, y compris de la part de groupes habituellement hostiles aux Etats-Unis (lire encadré) s’est déclinée en six grands axes traitant chacun d’un sujet actuellement jusque-là objet de divergences entre Washington et le monde musulman.
De la lutte contre le terrorisme au conflit palestino-israélien en passant par la question de la démocratie et des libertés dans le monde musulman, Barack Obama n’a rien laissé au hasard. Il s’est même d’ailleurs promis à l’avenir d’aborder avec franchise avec ses partenaires arabo-musulmans les problèmes qui fâchent.
Mais pour la circonstance, le président américain a été « soft » sur certains thèmes, comme celui des droits de l’homme, préférant ainsi sceller dans un climat le plus apaisé possible la réconciliation entre les Etats-Unis et le monde musulman et ouvrir une nouvelle page au Proche-Orient.
Incontestablement, le discours de Barack Obama a tenu toutes ses promesses et est même considéré comme fondateur. Encore que certains critiques lui reprochent quand même de ne pas s’être trop étalé sur la manière avec laquelle la Maison-Blanche compte s’y prendre pour instaurer une confiance durable avec le monde musulman.
Le président américain avertit juste que les obstacles à surmonter seront nombreux. Des obstacles, a-t-il dit, qu’il faudra affronter quoi qu’il en coûte. Mais aussi apprécié fut son discours, la rue musulmane et en particulier arabe attend justement que Mister Obama passe maintenant au concret.