La garde nationale et des milliers de policiers ont dû être appelés en renfort et un couvre-feu nocturne imposé hier à Baltimore (est des Etats-Unis) suite à une explosion de violences après la mort d’un jeune Noir dans un commissariat de police.
La ville semble avoir retrouvé le calme dans la nuit après quelques incidents sporadiques. «La grande majorité de la ville est en train de se calmer lentement mais sûrement, à part quelques incendies de voitures et de feux de rue», a déclaré à la presse le chef de la police de Baltimore, peu avant minuit (4h, GMT).
La maire de la ville a instauré un couvre-feu à partir d’aujourd’hui 22h (02h, GMT demain) jusqu’à 5h du matin, tous les jours et pour une semaine. «Trop de gens ont passé des générations à bâtir cette ville pour qu’on la laisse détruire par des voyous», a-t-elle lancé. Le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, avait déclaré un peu plus tôt l’état d’urgence «pour restaurer l’ordre» dans cette ville de 620 000 habitants, située à une soixantaine de km de la capitale fédérale. La ville a décidé de fermer toutes ses écoles aujourd’hui, selon une porte-parole, au risque de se retrouver avec de nombreux jeunes désœuvrés et à nouveau prêts à en découdre. La police de Baltimore avait annoncé avoir reçu une «menace crédible» de gangs locaux qui auraient «noué un partenariat pour – éliminer – des policiers».
Les violences ont éclaté juste après les funérailles de Freddie Gray, décédé après son interpellation musclée par la police. Des bandes de jeunes, essentiellement des lycéens qui venaient de sortir de l’école, ont pris à partie, la police en lançant briques, caillous, bâtons, bouteilles… Plusieurs supermarchés ont été pillés et incendiés tout comme des voitures, y compris des véhicules de police. Les violences, circonscrites dans un quartier du nord-ouest de la ville, ont fait 15 blessés parmi les policiers, dont deux ont dû être hospitalisés, et mené à 27 arrestations, selon le chef de la police. Plusieurs reporters ont également été attaqués et se sont fait voler du matériel. Depuis l’annonce de la mort du jeune Noir, des manifestations ont lieu quotidiennement à Baltimore.
Celle qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche avait déjà dégénéré en violences. Plusieurs enquêtes ont été lancées pour élucider les circonstances des blessures de Freddie Gray, sans conclusions. La police de Baltimore a toutefois convenu que le jeune homme aurait dû recevoir une assistance médicale après son arrestation. Six policiers ont été suspendus. Rappelons que le jeune noir est décédé le 19 avril des suites d’une fracture des vertèbres cervicales une semaine après son interpellation à Baltimore, qui compte plusieurs quartiers sensibles. Ce décès est le dernier d’une série de bavures policières qui ont ravivé les tensions entre la communauté noire et les forces de l’ordre. Des émeutes similaires avaient éclaté l’été dernier à Ferguson (Missouri, centre), après la mort d’un jeune Noir non armé, tué par un policier blanc. D’autres incidents de même nature ont relancé le débat du racisme au sein de la police.
R. I. / Agences
Des milliers de policiers en renfort
Face à des forces de l’ordre débordées, les autorités ont appelé en renfort des milliers de policiers de la région et des soldats de la garde nationale du Maryland. La garde nationale, qui est une force paramilitaire, va faire l’objet d’un déploiement «massif», a confirmé pour sa part la commandante de cette force, Linda Singh. Une partie des soldats était déjà en ville dans la nuit de lundi à mardi, a précisé le chef de la police, expliquant que ces renforts devaient servir essentiellement à monter la garde dans les zones sécurisées par la police de la ville. Un responsable de la police du Maryland a précisé que l’Etat avait demandé jusqu’à 5 500 hommes supplémentaires en renfort.