Urgences médico-chirurgicales: Le ras-le-bol des professionnels de la santé

Urgences médico-chirurgicales: Le ras-le-bol des professionnels de la santé

     Les médecins urgentistes, les directeurs d’établissements sanitaires et les présidents des conseils scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur le fonctionnement des urgences.

Plus de 4 millions de personnes sont passées en consultation en 2018 aux urgences médico-chirurgicales (UMC) des 35 établissements de santé publique que compte la wilaya d’Alger. Plus de la moitié, soit 2,2 millions de patients pour être plus précis, a été prise en charge par les 10 EPSP et 1,9 million de malades ont été soignés par les médecins des autres établissements hospitaliers (5 CHU, 8 établissements publics hospitaliers, EPH, et 12 établissements hospitaliers spécialisés, EHS).

En fait, le motif des consultations est lié, dans la majorité des cas, à une prise en charge médicale, soit 75%. Le reste des patients nécessite un traitement chirurgical, soit 25%. Au-delà des statistiques présentées, hier, par les responsables de la DSP d’Alger à l’occasion de l’ouverture d’un séminaire consacré à l’organisation des UMC, les professionnels de la santé ont lancé un SOS pour trouver des solutions urgentes et opérationnelles devant contribuer à mettre fin ou du moins atténuer le calvaire  des malades qui se bousculent, de jour comme de nuit, aux pavillons des urgences.

Les médecins urgentistes, les directeurs d’établissements sanitaires et les présidents des conseils scientifiques ont saisi l’opportunité de cette de rencontre de deux jours, organisée à l’INSP, pour tirer la sonnette d’alarme sur le fonctionnement des urgences. Quelle organisation pour les services d’urgence pour réduire la surcharge ? Des médecins et même certains gestionnaires n’ont pas fait dans la dentelle pour décrier la surcharge et la qualité de prise en charge des malades. Sans détour, ils ont dénoncé, à l’unanimité, la désorganisation des urgences qui est à l’origine de scènes de violence dans les hôpitaux. Les participants ont relevé la nécessité d’enrichir les débats autour des voies et moyens devant optimiser et prendre en charge le flux de patients aux urgences. “Le manque de moyens matériels et humains y est pour beaucoup quant à l’insatisfaction des malades.”

De nombreux intervenants ont rappelé que la solution adaptée ne consiste pas à “pondre” un nouveau schéma organisationnel “théorique”. Le nouveau circuit de prise en charge aux urgences promet la hiérarchisation des soins. “Les urgences mineures devront être prises en charge dans les unités extra-hospitalières, les cas nécessitant un traitement spécialisé doivent être évacués vers les CHU ou les EHS”. Cette définition “théorique” ne semble pas trop persuader les professionnels de la santé.

Pour les médecins qui se sont succédé à la tribune de l’INSP, l’urgence est de dégager une stratégie opérationnelle devant mettre fin aux souffrances des patients aux urgences, en l’absence de places d’hospitalisation et même de médicaments dans certains cas. “La situation est loin d’être reluisante. Ces pavillons, qui se trouvent débordés par le flux de patients, ne sont pas suffisamment dotés de moyens”, déplorera un médecin qui s’interrogera sur la disproportion constatée entre l’accueil et la prise en charge dans

les urgences.

HATTOU H.