Le personnel du service des urgences de l’hôpital de Baïnem se plaint des conditions difficiles dans lesquelles il exerce, tandis que les citoyens se révoltent contre le temps d’attente qu’ils jugent trop long.
Dans la soirée de jeudi, le service des urgences du CHU Ibn-Ziri de Baïnem grouillait de patients. Les victimes d’accidents de la route, d’attaque cardiaque, de convulsions et particulièrement de crises d’asthme, étaient les principaux malades traités ce jour-là au niveau des urgences. Il est 20h30.
L’accès au parking était plutôt aisé. A la réception, tout semblait en ordre. Une infirmière s’occupe de l’accueil et de l’orientation des malades. Chose qui n’existait pas auparavant puisque les malades devaient passer obligatoirement par l’administration avant d’être admis aux urgences. Sur place, un groupe de patients attendait à l’entrée de la salle de consultation. Les visites étaient rapides en raison du renforcement des équipes médicales. En effet, trois médecins internes ont assuré la garde, au lieu de deux les jours précédents. Ce qui a facilité l’évacuation des malades vers la salle de soins. Ici, les infirmiers semblaient être débordés.
Le manque de lits et de médicaments les préoccupe. « Il y a trop de personnes malades, particulièrement les asthmatiques que j’ai dû installer par terre pour une séance d’inhalation », s’est désolé un jeune infirmier en blouse verte. Très gentil, celui-ci faisait tout pour être aux petits soins avec les patients qui, pour leur part, se sont vite familiarisés avec lui. Ils faisaient appel à ses services à chaque tracas ou pour le moindre désagrément. Seulement, l’infirmier déplore le manque de médicaments. « Il n’y a pas assez de médicaments pour soigner tout le monde », s’est-il inquiété. « Je me contente juste de soulager et de renvoyer le malade chez lui », a-t-il ajouté. « Les corticoïdes inhalés et le bêta-2 longue durée d’action ne sont pas suffisants », a-t-il indiqué délicatement à son confrère.
Et pourtant, M. Lounès Ghachi, du Syndicat des paramédicaux algériens (SPA), écarte le spectre d’une pénurie de médicaments. « On ne peut parler d’une pénurie de médicaments tant qu’elle n’a pas été signalée par la direction de l’hôpital », a-t-il rassuré. « Ce qui s’est passé à Baïnem relève de la mauvaise gestion car le service en question n’a pas fait ses prévisions pour renouveler le stock de médicaments permettant de couvrir les soins », a-t-il expliqué. Il est à signaler que la majorité des malades qui ont quitté le CHU de Baïnem dans la soirée de jeudi se sont dirigés vers celui de Issaâd-Hassani de Béni Messous. A 1h du matin, le service des maladies respiratoires comptait une vingtaine de malades. La chaleur, conjuguée à l’humidité, le changement climatique, la pollution et le stress notamment, sont considérés par les praticiens comme les principaux facteurs de la survenue des crises d’asthme en cette période.
Les patients rencontrés sur place paraissaient satisfaits des soins reçus dès leur arrivée. Beaucoup d’entre eux ont été surpris par la qualité de l’accueil, la modernisation des équipements et les conditions d’hygiène dans les infrastructures sanitaires. Ce qui a permis, d’ailleurs, aux personnels de cet établissement d’assurer une meilleure prise en charge des patients. « Tant mieux pour nous », diront les malades. Et d’ajouter : « Pourvu que cela dure. » Pour sa part, le docteur A. Zaarour, résidente en Pneumo-phtisiologie, s’est plaint du manque de paramédicaux et de résidents devant assurer la garde de nuit. « Nous sommes deux résidentes seulement et deux infirmiers à prendre en charge tout ce monde », a-t-elle souligné. « L’équipe médicale a besoin d’être étoffée pour une meilleure prise en charge des soins », a-t-elle souligné. En effet, le Centre hospitalo-universitaire Issaâd-Hassani de Béni Messous accueille en permanence plus de 1.000 malades et 20.000 visiteurs qui y entrent et sortent chaque jour, entre autres les patients pour consultation médicale, dans les 9 points d’urgences médicales dont la cardio, l’urgence respiratoire, la pédiatrique, la chirurgie avec des équipes complètes sur le pied de guerre H24.
Concernant la disponibilité des médicaments, la spécialiste a précisé que « le CHU a une nomenclature de plus de 1.000 médicaments qui doit être disponible en quantité, en qualité et en délais de livraison, soit une équation assez difficile. Même en cas de rupture, il y a toujours des solutions provisoires de substitution », explique-t-elle. Cela étant, elle recommande aux personnes atteintes de troubles respiratoires de consulter précocement un allergologue qui définira l’allergène responsable de l’affection et prescrira un anti-allergique spécifique. « Lorsque la pathologie n’est pas prise en charge, elle peut évoluer en asthme », a-t-elle averti.
Rym Harhoura