Le mois de ramadan a dévoilé, s’il en était encore besoin, l’état des services des urgences dans nos hôpitaux. L’afflux des malades a permis de constater une nouvelle fois leur saturation, leur manque de moyens humains et matériels. Elles sont la plaie béante, avait affirmé le ministre de la Santé. Il faut revoir leur fonctionnement de fond en comble.
Des victimes d’accidents de la route, de problèmes digestifs, de complications de maladies chroniques…, s’y rendent durant à chaque heure de la journée, mais la pression augmente sensiblement après la rupture du jeûne. Au service des urgences de l’hôpital Mustapha, le personnel est complètement dépassé. Une moyenne de 500 cas par jour sont pris en charge dans ce ser-i ce. «Généralement c’est après le ftour qu’on reçoit la plupart des cas. Ce sont pour la plupart des accidents graves qui nécessitent la mobilisation de toute l’équipe», explique, à la Chaîne III de la Radio nationale le Pr Amine Salemi, chef de service des urgences et de la réanimation au CHU Mustapha Pacha.
«Alors que le médecin ausculte une personne âgée souffrant d’infection pulmonaire, l’alarme de la Protection civile retentit devant l’entrée du service. L’ambulance transporte une victime d’un accident de la route qui nécessite une intervention chirurgicale d’urgence », rapporte le journaliste de la Chaîne III. Les fonctionnaires de la santé déplorent le manque d’effectif et les conditions de travail. «Nous travaillons avec un effectif restreint et nous travaillons dans des conditions difficiles. Malgré ces contraintes, on essaye de faire notre devoir», témoigne un surveillant médical. C’est le même constat relevé pratiquement chaque jour.
En Algérie, les services médico-chirurgicaux sont sévèrement critiqués, autant par les patients qui s’y rendent que par les professionnels de santé qui y sont affectés. Ceux-ci mettent en cause autant la qualité de l’accueil que celle des soins qui y sont prodigués. Alors que la demande est de plus en plus forte, les prestations se dégradent d’avantage. Le personnel médical des établissements publics, en sous effectif et en manque de moyens n’arrive plus à prendre en charge les patients, particulièrement dans les grands centres urbains et le secteur privé censé, atténuer cette pression, ne joue pas son rôle dans ce domaine. La prise en charge des urgences se fait, actuellement à 80% dans les hôpitaux (CHU) et à 20% dans les structures de proximité. Une tendance qui doit être inversée, estiment les spécialistes.
Mohamed Bekkat-Berkani, président du Conseil de l’ordre des médecins, a pour sa part, appelé «redéfinir, carrément, les missions du service des urgences» et à réfléchir à une meilleure manière de décharger les CHU de cette pression en optant, par exemple, pour la création d’ «hôpitaux d’urgence». Le ministre avait reconnu que les urgences médicales étaient «la plaie béante» pour de bons nombre d’hôpitaux pour ne pas dire tous. C’est pourquoi, tout début de l’année, Abdelmalek Boudiaf insistait sur la réorganisation des urgences médicales en les dotant en ressources humaines suffisantes pour améliorer l’accueil et surtout veiller à l’humanisation des établissements qui reste un gros point noir.
«Les services des urgences des établissements hospitaliers sont réservés aux véritables urgences et ne doivent en aucun cas devenir des centres de consultation, pouvant être assurés dans des structures de proximité », a-t-il souligné, la semaine écoulée lors d’une visite de travail dans la wilaya de Boumerdèes. Farid Houali