Université : Les recteurs recommandent l’abrogation du décret, les étudiants parlent de poudre aux yeux

Université : Les recteurs recommandent l’abrogation du décret, les étudiants parlent de poudre aux yeux
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C’est un sentiment de défiance qui plane dans de nombreuses écoles et universités, en dépit des recommandations des chefs des établissements universitaires. Réunis jeudi 17 février avec leur ministère de tutelle, ces derniers lui suggèrent « l’abrogation des modifications apportées par le décret n° 10-315 de décembre 2010 dans la perspective d’une classification qui prend en compte l’ensemble des diplômes », souligne un communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur. Les étudiants les qualifient de la poudre aux yeux.

Les participants à la réunion, élargie aux vice-recteurs et des sous- directeurs chargés des enseignements, réaffirment que « la diplôme d’ingénieur d’Etat, délivré par les établissements de l’Enseignement supérieur, est toujours en vigueur », ajoute le communiqué.

Les chefs des établissements universitaires confirment également « le maintien des formations de Magister, pour les diplômés de l’ancien système, jusqu’à son extinction normale » et souhaitent « l’élaboration des textes qui doivent régir les correspondances entre ancien système et le nouveau système LMD, prévus par la loi d’orientation n 08-06 du 23 février 2008 ».

Ils demandent au ministre de « soumettre ces recommandations aux hautes autorités nationales pour leur mise en œuvre dans un court délai », selon la même source.

Pour l’heure, le ministre de tutelle, Rachid Herraoubia, qui a pris part à la réunion, n’a pas donné de réponse.

Aussitôt informés, les étudiants des grandes écoles et d’autres universités du pays ont exprimé leur défiance. « Le décret reste flou et ambigu. Le ministre n’a rien annulé. Les chefs des établissements ont recommandé l’abrogation du décret. Ce que nous réclamons depuis plus de 10 jours. Mais nous voulons du concret et rien d’autres », nous confie Karima, étudiante et membre du collectif des étudiants, composé de 18 universités du pays.

Naïla, étudiante dans une grande école d’Alger, abonde dans le même sens : « Nous ne sommes pas naïfs pour croire de telles recommandations. Ils agissent de la sorte pour nous faire taire. Ils nous poussent à la radicalisation de notre mouvement », s’indigne-t-elle.

La plupart des étudiants restent sceptiques. D’aucuns appellent à la poursuite des grèves et des rassemblements de protestation afin de maintenir la pression. « Si on arrête maintenant, on va tout perdre », estime un autre étudiant.

Il faudrait probablement attendre le début de semaine pour que les délégués des différentes écoles et instituts universitaires décident des suites à donner à leur mouvement de contestation.

Jeudi 17 février, des centaines d’étudiants ont organisé pour la troisième fois un sit-in devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à Alger pour réclamer l’annulation des dispositions d’un décret présidentiel rendant équivalent le diplôme d’ingénieur d’Etat avec le master professionnel.

Une équivalence que les manifestants n’hésitaient pas qualifier d’ « humiliante ».