Université Djillali Liabès de Sidi Bel-Abbès, Des infrastructures réceptionnées malgré de graves malfaçons

Université Djillali Liabès de Sidi Bel-Abbès, Des infrastructures réceptionnées malgré de graves malfaçons

L’état de dégradation dans lequel ont été réceptionnées, au titre de la rentrée 2013-2014, les nouvelles infrastructures du campus Nord, ne semble pas avoir facilité grandement la tâche aux responsables de l’université Djillali Liabès de Sidi Bel-Abbès.

Et pour cause, pratiquement tous les amphithéâtres ainsi qu’une bibliothèque réalisés sur le site, à l’indicatif de la direction du logement et des équipements publics, présentaient de graves malfaçons avec des risques réels d’affaissement que les travaux de colmatage superficiels menés au pied levé par l’entreprise de réalisation n’ont pu réparer correctement, au grand dam des milliers d’étudiants qui ont dû être réorientés vers d’autres sites pédagogiques pour pouvoir poursuivre leurs études.

Les rapports de missions rédigés ces dernières semaines par les commissions d’enquête dépêchées en urgence sur les lieux par les ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Habitat confirmeront les multiples défauts caractérisant les ouvrages livrés, mais sans pour autant trancher sur le fond du problème concernant les mesures techniques à mettre en oeuvre quant à leur éventuelle réhabilitation ou, au pire, leur démolition et leur reconstruction.

Finalement, il aura fallu attendre l’expertise établie récemment par les services du CTC (Contrôle technique de la construction) pour avoir le meilleur éclairage sur les défauts affectant les dites infrastructures résultant, sans nul doute, d’une mauvaise exécution des travaux.

LG Algérie

En ce concerne d’abord les amphithéâtres, l’expertise du CTC démontre que l’affaissement des gradins est dû au non-respect des normes en vigueur concernant la réalisation des dalles flottantes d’une superficie de 60m2 et qui ont été soutenues à leur base à l’aide de … simples remblais.

D’importantes fissures ont été également constatées sur la maçonnerie périphérique des mêmes amphis et qui seraient la conséquence directe d’un déversement des eaux pluviales au niveau des pieds des murs et des fondations ainsi qu’à l’absence de joints verticaux et de raidisseurs.

S’agissant du problème d’inondation du sous-sol de la bibliothèque, les services du CTC notent que les infiltrations s’expliquaient tout bonnement par l’absence de système de collecte d’eaux pluviales qui se déversent directement sur les allées des trottoirs attenants dépourvues d’avaloirs.

Il est très probable, soulignet- on, que cette inondation soit due aussi à une remontée d’eau, d’où la nécessité d’envisager une solution technique adéquate et immédiate (système de drainage) sachant que la présence prolongée des eaux au niveau du sous-sol risquerait de nuire à la structure complète de l’édifice.

Les infiltrations continues d’eau en terrasse a suscité également les vives inquiétudes des experts du CTC qui ont relevé que le phénomène serait lié à l’origine de la faible inclinaison de la pente ainsi qu’à la qualité des matériaux utilisés, notamment le recours au gravier concassé au lieu du gravier roulé pour la protection de l’étanchéité des ouvrages.

Le même problème d’étanchéité semble se poser de manière récurrente pour l’ensemble des structures pédagogiques de l’université, tout particulièrement celles de la faculté de Droit qui a contraint l’administration universitaire à introduire une action en justice afin de récupérer les dépenses engagées dans les travaux de réfection.

Le CTC relève de nombreuses autres malfaçons dans la pose de la dalle de sol et surtout l’installation du chauffage central dont la tuyauterie a été posée au niveau des caniveaux sur des supports de faible résistance, ce qui a entraîné leur chute et par conséquent l’apparition de plusieurs fuites d’eau.

C’est pour dire que sur ce problème précis des malfaçons dans la conception et la réalisation des infrastructures universitaires que l’université n’a jamais eu de cesse d’attirer l’attention de la Dlep sur les multiples dysfonctionnements constatés dans la plupart des structures pédagogiques réceptionnées à ce jour à Sidi Bel-Abbès.

Un travail souvent bâclé qui remet de nouveau sur le tapis la question de la gestion de la commande publique de projets devant revenir aux entreprises les plus qualifiées et non les «moins disantes ». L’expertise du CTC en fournit le meilleur argument technique.

Mir Mohamed