La menace intégriste est omniprésente en empruntant la moindre piste pouvant lui être rentable sur le plan idéologique et dogmatique.
Il n’a pas fallu trop de temps pour que le rectorat de l’université Djilali-Liabès réagisse rapidement à la hauteur de l’événement en étouffant dans l’oeuf une affaire sensible dans laquelle deux actrices principales ont joué un rôle de premier ordre. Elles ne sont autres qu’une enseignante ayant empêché une étudiante, porteuse du niqab, de subir l’examen du module immunologie. A la faveur de la tournure rapide qu’a prise une telle affaire, le rectorat de l’université a vite fait de prendre la situation en main tout en réhabilitant l’étudiante, lui accordant une nouvelle chance pour subir l’examen. La journée de jeudi lui a été accordée. Une telle affaire, peu ordinaire, a commencé lorsqu’une vague de protestations a été déclenché dimanche par plusieurs dizaines d’étudiants de médecine de l’université Djilali-Liabès dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès. Dans leur action, les étudiants ont, tout en observant un sit-in de protestation dans l’enceinte de la faculté, boudé tous les cours. Dans le tas, les protestataires ont revendiqué la réintégration de leur camarade, une jeune étudiante exclue de l’examen d’immunologie.
Une telle exclusion a, selon des sources proches de l’université Djilali-Liabès, été décidée par une enseignante surveillante après que l’étudiante en question se soit «obstinément» opposée à ôter l’habit qu’elle portait, le niqab. Dans cette affaire, plusieurs versions, difficiles à vérifier, ont été formulées. Dans la première version, certains échos, notamment ceux proches des milieux islamistes, soulignent que l’étudiante a bel et bien ôté son voile pour qu’elle soit identifiée par sa surveillante, avant de se dissimuler ensuite dans un tel habit. D’autres sources indiquent que «la surveillante aurait été intraitable en sommant l’étudiante de se défaire totalement du niqab tout au long de l’examen». Qui croire? Quelle est la version qui est originale? Difficile de répondre à de telles questions tant que le rectorat de l’université, n’ayant sûrement pas jugé utile de médiatiser une telle affaire peu ordinaire, demeure toujours injoignable. Un tel silence laisse sans aucun doute place à la spéculation et à la surenchère. D’autant plus que les élections législatives sont à quelques encablures, d’où la possible récupération politique d’une telle affaire par des partis politiques et autres associations versant dans la politique-politicienne. Ce fait, qui a été toutefois contenu, a vite fait de constituer le sujet dominant des débats locaux. Plus d’un condamne vivement ce qu’il qualifie de «violation par l’enseignante d’une liberté individuelle».
D’autres ne sont pas restés passifs devant une telle situation en appelant à plus de vigilance dans de pareils cas. D’autant que la menace intégriste est omniprésente en empruntant la moindre piste pouvant lui être favorable sur le plan idéologique et dogmatique. Car, il ne s’agit pas là d’un simple fait divers tant une telle affaire a vite fait d’évoluer lorsque plusieurs dizaines d’étudiants se sont rassemblés en guise de solidarité avec leur camarade tout en dénonçant l’enseignante.
En réalité, plusieurs étudiants protestataires sont, dans leur action, montés au créneau pour plaider la réhabilitation de leur camarade dont l’année universitaire a failli être compromise en raison de son habit et de l’attitude de la surveillante. Plus d’un voit en ce mouvement une prise de conscience des étudiants protestataires n’ayant pas versé dans l’amalgame en défendant seulement la jeune étudiante portant le niqab, refoulée par la surveillante. Plusieurs d’entre eux sont, selon des sources proches de l’université, aussi catégoriques en plaidant pour la nécessité de mettre en place des garde-fous devant régir la bienséance devant régir l’université, à commencer par l’habit respectueux. Les responsables de l’université ont, eux, joué l’apaisement en s’engageant à prendre des mesures à l’encontre de l’enseignante-surveillante. Dans toute cette marmite ayant bouillonné tout au long de la journée de dimanche, la situation a été parfaitement maîtrisée par la présence perceptible des services de sécurité n’ayant pas jugé utile eux aussi d’intervenir tant que la situation n’a pas dégénéré. Le ton est à la fois à la prudence et à la vigilance. Ne dit-on pas que «le brasier renaît de ses cendres»?
