Moins bruyants que les vents de contestation qu’a connus l’Algérie en 2011, les mouvements de grogne sociale sont néanmoins bien présents deux ans après et témoignent du malaise social.
Le vent de contestation qui a fait un retour important depuis l’explosion de la colère sociale en 2011, continue, deux ans après, de souffler dans plusieurs secteurs. Le font social poursuit l’expression de sa colère. Après les mouvements qui ont secoué le secteur de l’Education à travers la grève des enseignants du secondaire et celle des classes de terminale, le débrayage en cours des paramédicaux, d’autres actions de protestation se profilent et branfissent la menace. Le mécontentement est actuellement affiché par plusieurs corporations activant aussi bien dans le privé que dans le public. A commencer par le secteur de l’Enseignement supérieur qui a annoncé la couleur après un repos qui aura duré plus d’une année. Ce secteur, qui a connu de nombreuses sorties dans la rue des étudiants de l’ensemble des universités du territoire national et qui garde dans ces annales la fameuse marche des milliers étudiants en avril 2011, promet donc de renouer avec la protesta mais pas dans la même ordre d’objectifs. Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) prévoit deux jours de grève, les 18 et 19 mars prochain. Selon le Cnes, la décision de revenir à la charge a été prise pour dénoncer «l’indifférence de la tutelle devant la déliquescence de l’université algérienne». Le Cnes évoque, en effet, «un laisser-aller qui règne dans l’université» et s’interroge sur le silence du département de Harraoubia au sujet de certaines préoccupations des travailleurs et problèmes qui frappent l’université, soulevés par ce syndicat depuis des mois. Outre les problèmes pédagogiques et sociaux, le Cnes regrette «la régression des libertés syndicales à travers les pressions exercées par les administrations et la justice». Connu pour être imbattable en termes de nombre de mouvements de protestation, le secteur de l’Education ne compte pas céder la place à un autre secteur et ce, malgré l’importance des acquis réalisés durant notamment la règne de Benbouzid. Ce secteur n’en finit pas avec les grèves. Outre les classes terminale, les enseignants du secondaire, ce sont les travailleurs des services économiques des établissements de l’enseignement moyen et du primaire qui comptent protester après-demain. Les conseillers de l’Education ne sont pas en reste. Ils comptent maintenir la pression et mener leur tutelle à donner réponse positive à leurs revendications. Outre l’école et l’université, la baguette de pain sera également sujette de contestation à travers un mouvement initié par l’Association des boulangers affiliée à l’Union des associations des commerçants et des artisans d’Oran. Cette association a décidé d’une journée sans pain jeudi prochain, et ce, pour dénoncer la marginalisation et faire savoir aux autorités qu’ils travaillent à perte. Pour leur part, les travailleurs de l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (ENIEM) poursuivent leur grève entamée depuis plus d’une semaine pour réclamer «la révision immédiate des salaires et des primes»… Le combat pour l’amélioration du cadre de vie et le respect des droits du travailleur se poursuit par ailleurs dans d’autres secteurs qui ne demandent pas l’impossible mais leurs droits légitimes.
Par Yasmine Ayadi
