Samedi à Marseille, au Centre régional de documentation pédagogique que l’UFAC (l’Union des Universitaires franco-algériens) organise une conférence consacrée au dialogue des cultures et des civilisations.
Pour cette troisième édition, c’est le thème de grande d’actualité du message de tolérance partagée par les religions qui permettra aux intervenants d’aborder des sujets complexes et souvent confisqués par des politiciens malintentionnés dans les discours de propagande haineuse.
L’idée est courageuse dans une ville cosmopolite et symbole à la fois de la cohabitation millénaire et tranquille de communautés venant du bassin méditerranéen et de terres plus lointaines, mais aussi symbole de la montée de l’extrême droite qui a basé son programme sur la stigmatisation de l’immigration et plus récemment, la diabolisation des musulmans.
Mais, le député algérien, représentant de la communauté du sud de la France, le docteur Abdelkader Haddouche, appuyé par de nombreux compatriotes mais aussi de Français de souche comme on ose vilainement les distinguer, n’a pas peur du débat contradictoire ni d’affronter les extrémistes.

Ils l’ont décidé, cette conférence donnera la parole à des intellectuels et à des hommes de foi, musulmans, chrétiens et juifs. « On a retenu les trois grandes religions monothéistes mais sans exclure les autres croyances, étant donné bien entendu que la tolérance doit s’appliquer envers tous », précise l’un des organisateurs.
Du dialogue interreligieux
Au programme, des idées suggérées aux conférenciers programmés pour ce week-end spirituel en bas de la célèbre gare St Charles de la ville phocéenne. Dalil Boubekeur, le recteur de la mosquée de Paris, Ghaleb Bencheikh, érudit musulman et philosophe, président de la conférence mondiale des religions pour la paix, Hasni Abidi, politologue et directeur du centre de recherche sur le monde arabe et la Méditerranée à Genève en Suisse, René Naba, trop connu pour qu’on le présente, Pierre Stambul, président de l’Union juive française pour la Paix, Mezri Haddad ex-diplomate tunisien et philosophe, Alain Cabras, enseignant-chercheur et Sadek Salem, historien de l’islam contemporain sont donc annoncés pour un riche débat qui sera modéré par le sympathique Mohamed Boudjellaba, conseiller municipal à Givors.
« Dialogue interreligieux, différences et similitudes », comme première partie qui posera une série de questions telles, la contribution humanistes de l’Islam à l’aventure humaine, l’Islam à l’épreuve du temps, le dialogue des religions en France, le rôle que peut jouer le religieux dans le « vivre ensemble », la place des religions non musulmanes dans la foi musulmane, l’appréhension par l’Etat de la Mosquée, de l’Eglise et de la Synagogue. On s’interrogera aussi sur l’expression « l’islam de France » et la validité de la particule au lieu de « l’islam en France ».
Un comparatif entre l’islamophobie et l’antisémitisme autorisera probablement aussi, à travers les analogies et les différences une réconciliation intelligente sur le fond, c’est-à-dire, le rejet de l’intolérance.
Des incidences de la géopolitique
La deuxième partie du débat devrait être consacrée à la « géopolitique, raisons ou aliénations ». Les pistes de réflexion pour ce chapitre renseignent sur une volonté d’en finir avec les analyses tronquées ou les problématiques partielles franco-françaises qui occultent trop souvent des aspects externes pourtant liés aux questions religieuses dans nombre de pays occidentaux notamment.
On se penchera sur le rôle du Vatican, on osera l’hypothèse d’une manipulation islamophobe en Occident, les limites de la laïcité dans les sociétés à forte identité judéo-chrétienne.
La situation en Syrie, en Irak, en Libye et au Sahel feront aussi l’objet d’une discussion en raison de la donne religieuse évidente et des paradoxes qui caractérisent certains discours officiels par rapport à ces crises.
L’examen politique n’oubliera justement pas d’aborder les relations controversées de quelques capitales occidentales avec des Etats obscurantistes du Golfe… selon le comité de préparation qui n’a pas voulu en dire plus. « Le débat ne sera pas complaisant ni idéaliste, la qualité des participants et le public fidèle et exigeant en sont la garantie », nous affirme Abdelkader Haddouche qui ajoute en souriant : « Nous sommes capables de réfléchir autrement que les voix officielles ou médiatiques, en continuant à croire que les musulmans, les chrétiens, les juifs, les athées et tous les autres peuvent vivre dans le respect, la tolérance voire l’amour en France et ailleurs.
Notre conférence entend le rappeler haut et fort. »
Bel engagement ! Par avance, bravo à l’UFAC et aux conférenciers. Nous y reviendrons.