Qui aurait parié sur des espaces verts aménagés aux abords d’une voie rapide ? Ils seront, en fait, peu nombreux à relever un tel défi. pourtant, cela existe chez nous. Il suffit juste de prendre sa voiture et emprunter la voie rapide reliant Kouba à Ben Aknoun. Plus exactement, au niveau de l’unité de la protection civile de Ain Naâdja. Une idée originale du directeur de la protection civile qui veille personnellement à sa réalisation en espérant que l’exemple sera suivi.
Une vision à couper le souffle. Un paysage digne des grands espaces verts de la capitale, conçu et suivi personnellement par le dg, le colonel Mustapha lahbiri, que l’exemple sera largement suivi. Des carrés botaniques aux différentes espèces florales, des troncs d’arbres taillés et repeints aux couleurs multiples, des pelouses entretenues, et pour couronner le tout, une cascade, dont les eaux font échos aux accélérateurs des voitures, rappelant qu’en dépit du développement social et économique, Dame nature veille toujours sur cette bonne vieille terre. Et ce n’est ni l’œuvre d’un agronome, ni celle d’un architecte, encore moins celle d’un paysagiste. Il s’agit juste du savoir-faire de l’adjudant Amar Haddad et son équipe, qui, d’ailleurs, réalisait des travaux d’entretien lors de notre visite. Avec la vivacité et la bonne humeur dont sont réputés les pompiers, M. Haddad nous fait part que ce chef-d’œuvre est le produit de son unité. « Cet espace était livré à lui-même. Il représentait même un danger pour les citoyens de la cité, car de nombreux voyous venaient souvent ici. En conséquence est née l’idée de l’aménager. Nous aurions ainsi embelli l’endroit, mais aussi protéger le citoyen. Par ailleurs, il est à noter qu’il s’agit d’une production 100% locale et nous avons reçu toutes les facilitations et le soutien des responsables de la protection civile, plus particulièrement celui de notre directeur général, le colonel Mustapha Lahbiri », témoigne M. Haddad. Pour lui, cela permet aussi de « donner une bonne image de la protection civile mais aussi soigner celle de la capitale ». De par cette initiative, cette unité entendait aussi changer la vision du citoyen par rapport aux agents de la protection civile.
UN « COIN » AMÉNAGÉ EN PÉPINIÈRE
« L’image du pompier est toujours associée aux accidents, aux catastrophes naturelles, etc. Par ces travaux, nous voulons changer cette idée chez le citoyen. D’ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à venir profiter de cet espace paisible », dira-t-il. Concernant le financement des travaux, M. Haddad a soutenu qu’aucune enveloppe financière n’a été mobilisée. « Nous nous contentons des bonnes volontés des citoyens, qui nous donnent un coup de main considérable. A titre d’exemple, la cascade, toute en lumière la nuit, a été installée par le groupe Cosider, alors que d’autres travaux ont été réalisés grâce à la contribution du groupe ETRHB. Aussi, pour les petites œuvres, nous sollicitons l’aide de la population », raconte-t-il. Les plantes ne sont pas en reste. L’équipe de la Protection civile livre un travail de terrain pour la sélection de ces espèces végétales. M. Haddad raconte que son unité a fait des « déplacements jusqu’à Nador (Tipaza) et Lakhdaria pour se dénicher certaines essences ». D’ailleurs, même un coin pépinière a été aménagé pour la reproduction de ces espèces. Sur ce point, il assure que les plantes sont multipliées au niveau du site. Quant à la fertilisation du sol, le fumier vient tout droit du club épique des Caroubiers. Et au moindre souci concernant la santé de ces plantes, M. Haddad n’hésite pas à consulter les spécialistes. « Je suis en contact permanant avec l’INPV (Institut national de la protection des végétaux). Ils me conseillent et m’orientent en cas de problèmes », confie-t-il. Actuellement, M. Haddad tente d’installer un système d’éclairage pour l’extension de l’espacvert. « Nous sommes en pleines transactions avec la Sonelgaz pour l’installation de l’éclairage. Cette partie de l’espace n’est aménagée que depuis le début de l’année. Nous tentons de l’aménager du mieux qu’on peut », poursuit-il.
PRIORITÉ, LE TRAVAIL D’ÉQUIPE
Mais le plus important est le travail d’équipe. Tous les membres de l’unité mettent la main à la pâte, y compris l’adjudant Haddad. Ce dernier soutient que les meilleures œuvres sont celles accomplies par une action collective. « Je n’impose pas à mon équipe de faire ceci ou cela. Je me contente de les motiver mais c’est à eux de s’impliquer », assure-t-il. Mais au-delà ce cet espace vert et cette nouvelle « vocation » des pompiers, l’unité de Ain Naâdja ne lésine pas sur son devoir. L’équipe tente de joindre l’utile à l’agréable. Et l’utile consiste en leur vocation de secouristes. « Nous sommes situés sur un axe assez sensible. Selon des statistiques, nous avons le taux d’intervention le plus élevé au niveau de la wilaya », annonce-t-il. Et comme pour certifier ses déclarations, un accident de la circulation se produit au niveau de cet axe routier. L’ambulance et le VCR se rendent immédiatement sur les lieux. Un quart d’heure plus tard, l’équipe est de retour. Elle annonce qu’il s’agissait de dégâts matériels. Dans ses projets futurs, M. Haddad ambitionne d’élargir cet espace vert. Il souhaite aussi un peu plus d’investissement de la part des APC environnantes. « Nous ne demandons pas grand-chose. Les grandes œuvres sont terminées. Nous voulons juste qu’ils nous apportent une petite aide. Cela pourra être un exemple à suivre pour les autres communes. Et en joignant nos efforts, nous pourrions construire quelque chose de solide dans les prochaines années », a-t-il souhaité.
Rym Boukhalfa