Aussitôt révélée l’affaire de la surfacturation d’équipements et matériaux importés pour le compte du projet unité de dessalement de l’eau à Ténès, des responsables en poste au niveau des wilayas concernées par un même type de réalisation ont exprimé leur inquiétude
Et il y a de quoi quand on sait que ce qui s’apparente à un scandale est amplement discuté par l’opinion publique. D’autant plus qu’il s’agirait d’une des rares affaires de transfert illicite d’argent vers l’étranger mises au jour dans notre pays. La majorité des rédactions des titres de la presse écrite et électronique nationales ont été saisies de documents difficilement vérifiables.
On y retrouve, entre autres des documents, une correspondance par laquelle la direction générale de la Sonatrach actionnaire au capital social de la société Ténes Lilmiyah, alerte son homologue de l’Andi sur les effets négatifs en termes de surcoût et de retards sur la réalisation de l’usine de dessalement de l’eau de mer de Ténès.
Le premier responsable de la Sonatrach va jusqu’à préciser : «Le gel des avantages porte un préjudice important à l’État, en premier lieu de par la nature du projet et par le fait qu’il est inscrit dans le programme national d’alimentation de la population en eau potable.»
Tout en proposant de dissocier les avantages octroyés par l’Andi du contentieux surgi entre les services de Douanes et la société mise en cause, le même directeur général révèle que le dossier est entre les mains de la justice. L’affaire a pris des contours insoupçonnés avec l’intervention directe de la chefferie du gouvernement qui, via le ministère de l’industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, a exprimé son rejet de toute idée de main levée sur les équipements saisis par les Douanes.
«Ce dossier ne saurait être valablement engagé par nos services qu’après aboutissement final et définitif du contentieux opposant la société Ténès Lilmiyah à l’administration des Douanes», souligne le même ministère dans sa réponse adressée le 1er août 2012 au directeur général de la Sonatrach. Sur la base d’un contrat en bonne et due forme qui prévoit de subventionner la différence du prix de l’eau dessalée par rapport aux prix pratiqué par l’ADE, Sonatrach s’est portée acquéreur de l’eau dessalée produite par l’unité de Tenés Lilmiyah.
Le même contrat précise des garanties fournies à l’investisseur étranger et aux banquiers. Tout autant que plusieurs autres projets à la charge de différentes sociétés créées sous forme de partenariat, celui de Ténès a bénéficié d’avantages de l’Andi étalés sur deux ans au titre de la phase de réalisation et à dix ans au titre de la phase d’exploitation. Ces avantages sont prévus par l’ordonnance 01-03 du 20 août 2001 portant sur le développement des investissements.
L’impatience de la direction générale de la Sonatrach de voir la situation débloquée s’explique par son appréhension du retard dans la réalisation de l’unité de dessalement avec en arrière fond la hausse du prix de l’eau dessalée, d’’où sa proposition de mettre de côté le contentieux Douanes-Andi-Ténès Lilmiyah pour permettre la poursuite du projet aujourd’hui à 44% de sa matérialisation.
En fait, si le gouvernement un peu moins disposé à laisser faire, c’est parce qu’il a été certainement sensibilisé par le rapport explosif que lui aurait transmis son ministre de l’Industrie. Selon des indiscrétions, ce rapport précise que par le biais de la surfacturation des équipements destinés à des projets d’intérêt public, des partenaires étrangers amassent des fortunes.
Ils le font avec la complicité de certains partenaires algériens et la destination que certains partenaires étrangers accordent aux avantages octroyés par Andi. Sous forme de surfacturation ou autres subterfuges qu’ils utilisent avec la complicité de certains de leurs partenaires algériens, ces avantages indus prennent la destination de comptes bancaires domiciliés en Europe.
Est-ce le cas dans ce dossier de l’unité de dessalement de Ténès sur lequel devront statuer les magistrats du tribunal de Ténès. Pour l’heure, on en est aux rumeurs et aux suspicions dans la gestion des deniers de l’Etat. A El-Tarf notamment, wilaya où l’implantation en zone maritime d’une unité de dessalement est prévue ou à Annaba dont la population devrait bénéficier de l’important apport en eau dessalée que ce projet est supposé apporter dès la fin 2013.
Même si au niveau des administrations locales des deux wilayas voisines l’on évite autant que faire se peut les questions sur ce dossier, il semble que ce projet n’est plus la priorité du moment. De là à dire qu’il pourrait être définitivement abandonné, il n’y a qu’un pas que des responsables et élus de Annaba et El-Tarf proches de ce dossier ont franchi.
A. Djabali