Les importations de médicaments ont atteint 2,28 milliards de dollars en 2013, contre 2,24 milliards en 2012, enregistrant ainsi une hausse de 1,96% et malgré cette phénoménale facture la pénurie des produits pharmaceutiques ne cesse de s’amplifier pour devenir alarmante.
En effet, selon le Snapo (Syndicat national des pharmaciens d’officine), cette pénurie affecte quelque 230 médicaments, dont 170 sont indispensables pour le traitement des maladies chroniques et en particulier les pathologies liées au cancer.
Et c’est là où le bât blesse, car c’est une situation totalement incongrue, absurde et choquante. Voilà un pays, considéré comme le plus grand importateur au monde de médicaments et qui n’arrive pas à soigner ses malades.
Pour preuve, une malade, veuve de chahid, tombé au champ d’honneur en 1958, se présente en octobre 2013 à l’hôpital central de l’armée (Ain Naadja) et après consultation le diagnostic s’oriente vers un cancer hépato-pancréatique.
Pour confirmer ce diagnostic, un examen complémentaire s’impose et nécessite une ponction biopsique sous écho-endoscopie. Cet examen se pratique à l’aide d’un kit comprenant une aiguille à usage unique. Le hic c’est que ces aiguilles sont en manque à l’hôpital et sont introuvables en pharmacie de ville pour la simple raison que ces produits sont à usage professionnel hospitalier. Faute de matériel, la patiente, âgée de 74 ans, se résout à rentrer chez elle à Ziama Mansouria à 300 km d’Alger.
En raison de l’absence de geste médical, la maladie ne cesse de progresser et finalement en février 2014, soit 5 mois après, ce qui est considérable pour cette pathologie, l’aiguille est finalement disponible et une biopsie est réalisée. Le diagnostic du cancer du pancréas est confirmé et se présente à un stade très avancé, d’où des douleurs insupportables et une détérioration de la qualité de vie.
Étant en phase terminale, un traitement palliatif s’impose et à cet effet elle se voit délivrer une ordonnance (ci-contre) par son médecin traitant exerçant à l’hôpital de Ain Naadja, pour acheter son médicament, Temgesic, en injection, un anti douleur dérivé morphinique.
Ce médecin expliquant à sa patiente, que ce médicament étant en manque à l’hôpital, elle se doit de l’acheter à l’étranger. Sauf que Temgesic o,3 mg/ml en solution injectable ne se vend pas en officine mais est disponible uniquement en usage professionnel hospitalier, qui plus est, sous contrôle sécurisé.
Pour ainsi dire, il est impossible de se procurer ce médicament à l’étranger sans la présence physique de la patiente.
Il est à noter enfin que le prix d’une ampoule injectable (la boite en contient 10) n’est que de 1.42 euro correspondant à 142 DA au change officiel, l’équivalent d’un litre de Coca Cola.
Pour rappel, le cancer est une maladie grave qui touche 45 000 personnes par an en Algérie dont 15.000 enfants selon l’Institut national de la Santé publique (INSP) qui note une hausse constante. Le cancer est la deuxième cause de mortalité en Algérie derrière les maladies cardio-vasculaires. Plus de 20.000 malades meurent chaque année faute de prise en charge.