Écrit par Fazil Asmar
Le manque d’informations, d’après les professionnels, est la principale raison qui conduit aux ruptures récurrentes de médicaments. C’est ce déficit qui empêche les différents acteurs concernés de cerner la problématique
, jugée très complexe, et de mettre le doigt sur les véritables contraintes dans le secteur pharmaceutique. Des contraintes qui pénalisent et les opérateurs et les pharmacies d’officine et les malades. Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a, certes, accordé des avenants aux programmes additionnels d’importation des médicaments pour combler les insuffisances et les ruptures en médicaments enregistrées ces derniers mois. Mais cela ne résoudra pas totalement le problème vu que d’autres causes entrent en ligne. Le manque d’information en est l’une. C’est ce qui a incité le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (Cnop) à solliciter des professionnels du digital pour créer une vitrine d’échanges d’informations en ligne. La société spécialisée dans le consulting et médiamétrie, Immar, a été désignée, en effet, pour créer un portail numérique pour la déclaration en ligne des ruptures de stocks de produits pharmaceutiques ou d’insuffisance d’approvisionnement de médicaments. Selon le président du Cnop, Lotfi Benbahmed, une version pilote de ce projet sera bientôt mise en ligne pour donner le temps aux pharmaciens de s’adapter à cet outil et de maîtriser son utilisation. Cet outil en cours de développement, permettra, selon le directeur général de l’Immar, Brahim Sail, d’acheminer l’information sur les ruptures de médicaments depuis les pharmaciens en direction des parties concernées, autorités publiques et opérateurs professionnels.
«Cette plateforme Web devra répondre à la fois à la problématique de pression sur les stocks, à la raréfaction des médicaments ou carrément à la rupture de stock», explique-t-il. Dans une première phase, ce système sera dédié aux pharmaciens. En deuxième phase, il s’ouvrira aux autorités publiques et aux opérateurs professionnels qui seront appelés, une fois l’information acheminée, à apporter des solutions à ces ruptures. «La plateforme est liée à la banque de données du Conseil national de l’ordre des pharmaciens. Les médicaments déclarés seront affichés en tête de liste pour faciliter la tâche aux pharmaciens. En fait, la liste de tous les produits pharmaceutiques étant intégré dans cette banque de données, le pharmacien n’aura qu’à taper les premières lettres du médicament concerné. Ce dernier s’affichera aussitôt, accompagné de deux modes sur lesquels les pharmaciens devront cliquer, définissant la situation de ce produit. A savoir, produit en rupture de stock ou bien sous tension», souligne-t-il. La plateforme, poursuit-il, est liée à un système d’analyse de données. Elle permet la collecte des informations en rapport avec les ruptures de stock, d’une part, et la récolte d’autres informations, économiques et démographiques notamment, d’autre part, qui pourraient expliquer ces situations de rupture. Immar s’emploie, par ailleurs, dans le cadre de ce projet, à élaborer une cartographie numérique qui permettra l’affichage des ruptures de stock sur les cartes géographiques. Et ce, dans chaque wilaya et même dans les communes concernées par les ruptures de médicaments. «Ce système deviendra de plus en plus intelligent car l’historique de l’information recueillie permettra de tracer des tendances sur les ruptures. Il permettra, en fait, aux professionnels d’analyser la situation, d’envisager des solutions et de prévenir les ruptures», assure-t-il.