Va-t-on vers une société à deux vitesses avec des diplômes publics au rabais et des mastères privés valorisés? Le risque est réel selon certains, même si l’ouverture de l’université est salutaire.
Poursuivre les études supérieures dans une université privée est désormais possible en Algérie. Le premier établissement devrait ouvrir dans les tout prochains jours, indiquent des sources très au fait du dossier. Il s’agit, précise-t-on, de l’Institut du management d’Alger(Imaa). Ce dernier a reçu, ajoute notre source, un agrément de la part du ministère de l’Enseignement supérieur pour devenir un établissement d’enseignement supérieur à part entière.
Pour avoir ledit agrément, les responsables de l’institut, après avoir retiré le cahier des charges l’année dernière, suivant les démarches publiées dans le Journal Officiel en 2016, ont tenu, fait remarquer la même source, à respecter scrupuleusement les démarches réglementaires.
Selon nos informations, l’Ima est autorisé à délivrer des diplômes de licence et de mastère dans les spécialités de marketing, management, comptabilité et finance. Les sortants de l’Ima, qui auront déboursé de grosses sommes pour leurs formations, auront plus d’opportunité dans la vie active que leurs camarades des universités publiques, notamment dans l’entreprise privée. Va-t-on vers une société à deux vitesses avec des diplômes publics au rabais et des mastères privés valorisés? Le risque est réel selon certains, même si l’ouverture de l’université est salutaire. D’où le caractère à double tranchant de la libéralisation de l’enseignement supérieur. Le fonctionnement de l’établissement en question sera régi par les mêmes articles régissant les autres établissements universitaires étatiques. Cet établissement n’est, soulignent en outre nos sources, qu’un début. En effet, deux autres établissements vont avoir leurs agréments au cours de l’année en cours. Il faut souligner que le débat sur l’ouverture des universités privées en Algérie remonte à 1998. L’idée a fait son bonhomme de chemin dans la foulée des discussions autour de la nécessité de privatiser les entreprises publiques. L’idée a émergé par ailleurs à cette date exactement, à cause de la situation financière que traversait l’Algérie.
De plus, il faut dire que l’ouverture des universités privées dans de nombreux pays à cette époque-là et l’essor qu’ont connu ces dernières ont motivé l’Etat à encourager cette démarche. Néanmoins, l’absence d’un cahier des charges et d’un règlement suffisant ont fait retarder l’idée. S’ensuivant les années 2000, le gouvernement était tellement préoccupé par d’autres questions et la relance économique, qu’il a relégué ladite question au second plan. Pour revenir à l’idée de l’ouverture des universités privées, il est à souligner que le recours à ces dernières est dans le cas de l’Algérie une nécessité.
Cette solution se présente en effet comme étant la seule pour faire face au problème de la baisse du niveau des étudiants dû principalement au phénomène de la surcharge des amphis.
Le nombre des étudiants qui a cru de façon incroyable durant les années 2000 est venu, s’accordent à dire les observateurs, à bout de la concurrence entre les étudiants et voire même à la notion de la recherche.
Abdelmalek Serai, expert en consulting économique, que nous avons questionné au sujet de l’avènement des universités privées a soutenu que cette idée est la seule à pouvoir faire redonner un sens à la concurrence et la recherche au sein de l’université. Arguant son raisonnement, l’expert a déclaré que l’enseignement des programmes modernes et l’ouverture de ces universités sur le monde de l’entreprise, ainsi que sur les langues étrangères va redonner sans doute de l’aura à l’université algérienne très réputée autrefois pour son niveau très élevé.
Au-delà de cela, l’université privée va permettre aux étudiants algériens de postuler pour des postes à l’international comme le font beaucoup d’étudiants dans d’autres pays.