«Le FFS considère que la décision de la base est souveraine et exécutable par le parti»
«Aucun boycott ne peut assurer qu’il constitue une alternative efficace à la participation.»
Le vieux parti de l’opposition, le Front des forces socialistes (FFS), participera enfin au prochain scrutin législatif, prévu pour le10 mai. C’est ce que nous avons appris, hier, de sources proches de la direction du parti. Selon la même source, cette participation est motivée notamment par la volonté de la base militante qui a plaidé tout au long des rencontres organisées dans le sillage de la convention nationale. «Le FFS considère que la décision de la base est souveraine et exécutable par le parti», soutient encore la même source, ajoutant que «le FFS a toujours agi en fonction des aspirations de la population, soit pour boycotter des élections, soit pour y participer malgré les fraudes prévisibles». Il convient de préciser à ce sujet que même les rapports de synthèse des travaux de la convention nationale ont mis en évidence nombre d’arguments plaidant pour la participation du FFS au prochain scrutin législatif. Ainsi, les partisans de la participation ont avancé que boycotter «marginaliserait le parti sur la scène politique et lui enlèverait une tribune pour faire entendre la voix de l’opposition démocratique». Mais, aussi, il entraverait l’accès du parti aux médias, en lui ôtant toute visibilité interne et externe. D’autre part, il exposerait le parti à des critiques de la part du pouvoir sans pouvoir y répondre et laisserait le champ libre à la coalition entre les partis du système et les partis islamistes. C’est déjà là beaucoup d’arguments pour que le FFS participe à cette joute électorale. Cela d’une part, et de l’autre, le message de Hocine Aït Ahmed lu par Ali Laskri, premier secrétaire national du FFS, au terme de la convention nationale, organisée vendredi dernier, à Alger, tranchant que «la décision finale émanera des débats tenus au niveau de la base». Et de poursuivre, dans le même contexte: «Il m’est arrivé de trancher entre des propositions différentes, voire divergentes, mais je n’ai rien ordonné ni engagé selon mon seul entendement, car nul homme sensé ne devrait laisser son jugement tributaire de son seul entendement.» Et comme pour apporter un point d’ordre à ceux qui l’accusent de décider seul dans le parti, le président du vieux parti d’opposition a tenu à préciser, pour la première fois, qu’il ne prend jamais de décisions unilatéralement, mais il lui est arrivé d’intervenir rien que pour concilier et réconcilier des parties divergentes. Au sujet de la participation ou du boycott des élections législatives, le président du parti précise: «Aucun boycott ne peut assurer qu’il constitue une alternative efficace à la participation.» Cette précision est faite avant de conclure que «le boycott du prochain scrutin ne constitue pas un meilleur choix que la participation». Un rendez-vous électoral qu’il a, pour mémoire, longuement boudé et boycotté. C’est dire que le FFS s’est retrouvé aujourd’hui devant une épreuve politique. «Nous sommes arrivés à un moment où les consciences elles-mêmes sont soumises à une pression intolérable en vue de leur détournement», a fait savoir Hocine Aït Ahmed, avant de souligner: «J’attends des débats que vous avez eus lors de ces derniers mois qu’ils éclairent notre démarche autant que notre décision finale.» Reconnaissant que les prochaines élections n’ont aucune chance d’être des élections ouvertes. Néanmoins, le chef du plus vieux parti d’opposition relève que le pouvoir a réussi à obliger les partis et les Algériens à revoir les priorités de l’heure. «Nous voici contraints, par l’état de délabrement du pays, à discuter de l’opportunité de participer ou non à une consultation électorale», s’est-il désolé.
Quant à l’édification d’un pôle démocratique, Hocine Aït Ahmed a prédit que ce dernier «sera peut-être à l’ordre du jour (et peut-être pas) quand la politique reprendra ses droits sur le bricolage inconscient, les mensonges, les manipulations et les enfermements de tous ordres». Ce sont précisément, explique-t-il, ces mensonges, ces manipulations, ces enfermements qui menacent la notion d’unité elle-même, à force de l’avoir instrumentalisée contre la diversité et le pluralisme réellement existants au profit d’autres, fabriqués de toutes pièces.