Au-delà de cet éclaircissement qui s’imposait par rapport à un sujet qui agite la presse et une partie de la classe politique, le canal choisi pour rendre publique la position officielle sur cette question laisse perplexe.
Alors que les spéculations, voire les polémiques, sur un hypothétique changement de gouvernement après l’adoption de la nouvelle Constitution, vont bon train, c’est une “source autorisée de la présidence de la République” qui est chargée de livrer la position, disons, officielle, sur la question, affirmant, à ce sujet, que “la démission du gouvernement n’est pas à l’ordre du jour”.
La “source autorisée” explique, en effet, qu’“aucune disposition de la Constitution révisée ne le prévoit”, pour justifier le maintien de l’équipe actuelle dirigée par Abdelmalek Sellal que certains donnaient partante de manière quasi sûre après le vote de la nouvelle Constitution. Mais, visiblement, en haut lieu, on ne voit pas les choses de cette manière-là et le Premier ministre actuel devra donc poursuivre sa mission jusqu’à nouvel ordre. Et c’est ce qu’avait d’ailleurs avancé le secrétaire général du Front de libération nationale, Amar Saâdani, il y a quelques jours, dans Liberté, indiquant que le remaniement gouvernemental évoqué, notamment par la presse, n’était pas à l’ordre du jour. La sortie médiatique de la “voix autorisée” tendrait ainsi à mettre fin aux “spéculations et commentaires” sur une démission du gouvernement, longtemps ressassés.
Mais, au-delà de cet éclaircissement qui s’imposait par rapport à un sujet qui agite la presse et une partie de la classe politique, le canal choisi pour rendre publique la position officielle sur cette question laisse perplexe plus d’un.
Pourquoi, en effet, recourir à une “voix autorisée” qu’on désigne, en sus, comme issue de la présidence de la République, pour exprimer, par le biais de l’agence officielle APS, l’avis de l’Exécutif sur un sujet aussi important ? N’y a-t-il pas d’autres canaux de communication officiels pour porter les décisions et autres préoccupations de l’Exécutif ? Une mission qui a échu, à plusieurs reprises, au directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, à qui a été notamment confiée la communication officielle sur le projet de révision de la Constitution.
Quoi qu’il en soit, la clarification apportée par la présidence de la République permet, même en empruntant des chemins détournés, de livrer les intentions de l’Exécutif sur un sujet qui ne cesse d’alimenter la polémique. Mais, ce n’est que partie remise puisque, tôt ou tard, tradition oblige, un changement de gouvernement ou, tout au moins, un remaniement ministériel s’imposera. Et lorsque les explications livrées par la “voix autorisée” s’adossent aux dispositions de la Constitution révisée, alors que le nouveau texte n’est pas encore promulgué, on est tenté de dire qu’il y a là erreur d’aiguillage.
Certes, la promulgation de la Constitution n’est qu’une question de jours. Le temps, en effet, de déclarer ouverte la prochaine session du Parlement qui devrait intervenir début mars. Passé cette date, l’Exécutif aura la latitude de décider de la démarche à suivre concernant le sort de l’équipe gouvernementale actuelle.