Une situation très difficile

Une situation très difficile

Sonatrach revoit à la baisse ses ambitions : son plan de développement 2017-2021 ne prévoit que 50 milliards de dollars d’investissements, contre 70 milliards de dollars programmés en 2016 pour la période. Cette chute envisagée des engagements de Sonatrach est due à la chute de ses recettes en raison de la déprime des prix du pétrole. En clair, une diminution de moitié de ses entrées en devises lui a imposé des choix douloureux : la nécessité d’arbitrer entre ses grands projets, les plus prioritaires étant retenus.

En ce sens, le nouveau P-DG de Sonatrach, Abdelmoumene Ould Kaddour, n’a pas mâché ses mots : il a qualifié la situation de très difficile. Mais n’a pas suscité paradoxalement de réactions. En fait, les coupes dans les investissements de Sonatrach auront, sans aucun doute, un effet négatif sur le développement à moyen terme de la compagnie internationale. Si les investissements prioritaires dans l’amont, c’est-à-dire l’exploration-production sont maintenus, en revanche, d’autres segments d’activités comme la pétrochimie, le raffinage, la liquéfaction du gaz naturel feront les frais de ces choix. Ce qui ne va pas, à moyen terme, sans freiner l’augmentation des revenus de la compagnie internationale si indispensables pour la sortie de crise de l’Algérie et retarder de surcroît l’intégration de l’industrie nationale.

Cette réalité vient couper court à l’optimisme du gouvernement Tebboune. Déjà, le cycle actuel du cours du pétrole sous les 50 dollars, s’il persiste, risque d’aggraver la situation financière du pays, d’autant que la thérapie de l’Exécutif contenue dans le plan d’action mettra du temps pour porter ses fruits. Il convient de savoir également que les investissements des compagnies pétrolières internationales en Algérie sont en déclin depuis des années en raison d’un cadre législatif guère attractif et d’un environnement de l’entreprise peu favorable. Résultat des courses, cette situation risque de compromettre les objectifs de l’Exécutif dans ce domaine : une augmentation de la production de pétrole et de gaz à moyen terme, en vue d’une contribution majeure de la branche hydrocarbures au retour de l’Algérie aux équilibres financiers à partir de 2019. Mais faute d’alternatives adéquates à court terme à mettre en œuvre rapidement en vue de renflouer les caisses de l’État, pourra-t-on alors éviter une cure d’austérité plus sévère prochainement ?