Ce qu’il ne faut pas dire en temps de crise
Le chantier de la communication de crise est comme un champ de bataille, il est très vaste.
Depuis hier, une session de formation intitulée «Gestion et communication de crise» a débuté à l’Ecole supérieure de police Ali-Tounsi (Alger). Organisée par la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), en coordination avec le Centre national français des hautes études de la sécurité et de la justice (Inhesj), cette session de formation de cinq jours, porte notamment sur le partage de l’expertise et de l’expérience, en matière de gestion et de communication de crise. Voilà donc, un thème qui fait terriblement défaut dans nos institutions.
L’Algérie, étant un pays soumis aux aléas naturels comme les séismes, les inondations, les effondrements et aux accidents industriels, sans compter d’autres crises politiques et sécuritaires, auxquelles s’ajoutent les menaces sanitaires (avec les différentes grippes et autres pathologies), les situations de crise vont de ce fait se répéter. Dans ces conditions, oeuvrer pour une stratégie de riposte, préparer et ajuster des messages médiatiques, est plus qu’un devoir, un acte de salut à même d’épargner des vies humaines, préserver des infrastructures et des incompréhensions dangereuses. C’est le défi que se propose de relever cette formation qui sera animée par des experts du département «risques de crises» de l’Inhesj. «La réaction à une situation de crise exige l’adaptation des réponses et des méthodes d’actions, tant au niveau de la prise de décision qu’à l’échelon opérationnel, à travers l’adoption de procédures approuvées et de bonnes pratiques en termes d’organisation, de coordination et d’intelligence collective», a souligné le Dgsn, Abdelghani Hamel dans son allocution, estimant que «la maîtrise des situations doit tenir compte, selon des ressources et des moyens, de la dimension humanitaire et de gestion du contexte médiatique». Pour sa part, le directeur de l’Inhesj, Cyrille Schott, a souligné l’importance de cette formation, qui s’inscrit dans le cadre «du renforcement de la coopération entre les deux pays et l’échange d’expériences, en matière de gestion des situations de crises». Rappelant le partenariat exceptionnel entre l’Algérie et la France dans les différents domaines, M.Schott a relevé également, l’importance de cette session de formation animée par des experts de son institution. Quelle que soit sa nature, une crise est à la fois un moment de troubles possibles et une option d’apprentissage et de réussite. De «la bataille de Tiguentourine», livrée par les forces spéciales de l’ANP contre les terroristes preneurs d’otages, qui a ouvert béante, une large faille. Celle de la défaillance de nos autorités en communication de crise. Voilà ce que déplorait un diplomate étranger avisé après le dénouement de l’affaire de Tinguentourine. L’Algérie et ses médias ont raté une grande opportunité de changer la vision qu’avaient les Occidentaux de l’Algérie, de faire connaître les valeurs de solidarité, et le côté héroïque des Algériens qui ont soutenu et assisté leurs collègues étrangers, au moment de la prise des otages par les terroristes. «Il fallait insister et raconter aux lecteurs et aux téléspectateurs les histoires et les expériences personnelles des travailleurs qui ont vécu la tragédie sur le site.». On se rappelle de la médiatisation très timide réservée à Mohamed Amine Lahmar, le jeune Algérien froidement assassiné par les terroristes, au moment où il s’opposait à leur entrée dans le complexe gazier.
C’est lui qui a actionné l’alarme, signifiant à ses collègues de travail que le site subit une attaque terroriste. Que dire du ratage monumental des officiels algériens, trop avares en paroles à l’égard de ce héros! Oui, le chantier de la communication de crise est comme un champ de bataille…