Les dernières inondations survenues à la nouvelle ville Ali-Mendjeli, dans la wilaya de Constantine, viennent confirmer le constat déjà établi : on ne peut plus gérer un tissu urbain destiné à 350 000 habitants, soit près de 50% de l’ensemble de la population de la wilaya de Constantine, comme une simple cité rattachée à une commune.
Ali-Mendjeli a le même nombre d’habitants que son chef-lieu de commune, El-Khroub, et son chef-lieu de wilaya, Constantine, tout en ayant le statut de cité urbaine parmi d’autres. Les plus importantes infrastructures à utilité publique de la wilaya de Constantine sont implantées, actuellement, dans cette cité. Il s’agit, entre autres, de l’hôpital militaire régional, de la direction de la Protection civile, des deux universités, de plus de 19 résidences universitaires, des centres de recherche, des hypermarchés, des hôtels 4 étoiles, des banques, d’une unité d’URS…
Dans l’urgence, le gouvernement semble orienter son intervention sur trois axes. Le premier concerne la prise en charge financière du problème, le second touche le côté organisationnel et le troisième a trait à la gestion proprement dite.
Pour la prise en charge financière, le gouvernement appelle les responsables locaux à dépenser les enveloppes budgétaires destinées auparavant aux travaux d’aménagement, de voirie et de protection des sites. Or, le même gouvernement, par la voix du ministre de l’Intérieur, reconnaît qu’Ali-Mendjeli, particulièrement, et l’ensemble de la wilaya, en général, ont eu suffisamment de moyens financiers sans que cela améliore la situation. Et pour un ancien wali de Constantine, M. Bedoui sait de quoi il parle. Pire, à l’échelle nationale, c’est le projet d’une cartographie nationale des inondations, pour une enveloppe de 40 milliards de dinars, qui est toujours en souffrance depuis 2010. C’est dire que la solution ne vient surtout pas de la tirelire.
Pour l’organisation, le gouvernement vient de lancer, toujours selon le ministre de l’Intérieur, une réflexion sur la mise en place d’une structure qui se chargera, exclusivement, de la prise en charge des problèmes et de l’avenir de la nouvelle ville d’Ali-Mendjeli. On ne sait s’il s’agit de l’ancien projet
de création d’un Epic ou d’une nouvelle idée. Ce qui est sûr, c’est que la démarche qui consiste à confier la gestion d’une cité aussi dense en population qu’une wilaya comme Oum El-Bouaghi ou El-Tarf à une entreprise servant de tampon entre la population et le centre, en zappant
les élus locaux, est porteuse de non-sens et de risques majeurs aussi graves que ceux causés par les inondations.
Enfin, en matière de gestion, à la tête de cette structure, Epic, seront installés des cadres au rang de membres de l’exécutif, soit le même grade de directeur de wilaya. Pour les Constantinois, s’il est vrai que les inondations sont une calamité, proposer qu’une cité relevant d’une commune soit gérée par des cadres au rang de directeurs de wilaya, serait une calamité en matière de processus décisionnel. Toujours en matière de gestion, le gouvernement pense à créer dans chaque wilaya du pays, plus Ali-Mendjeli avec son statut juste de cité, des délégations chargées des risques majeurs. L’idée peut être bonne si les structures et dispositifs, dont le plan Orsec déjà en place, sont déjà opérationnels.
D’ailleurs, il existe bien un responsable de risques majeurs au sein du ministère de l’Intérieur et il ne s’est manifesté à Constantine que 4 jours après le drame, soit le 27 août, en compagnie du ministre de l’Intérieur. Pour l’opinion publique, il ne sert à rien de créer de nouvelles structures budgétivores pour être gérées par les mêmes hommes afin de reconduire les mêmes échecs. Des experts en urbanisme, en risques majeurs, des sociologues et des maires ont eu le courage politique de s’exprimer et de dire les vérités quand d’autres caressaient dans le sens du poil. Ce n’est que perdre du temps que de continuer à faire la sourde oreille. Ali-Mendjeli, en plus des problèmes de management de la chose publique, a mal de son statut. En accédant à celui qui lui sied dans un découpage administratif élaboré loin du populisme, elle arrivera à bout de la grande partie de ses problèmes.