Pour attirer les gens, on fait appel aux troupes musicales
Pendant que Abdelmadjid Menasra développait son discours, un citoyen présent au fond de la salle n’a pas hésité à lancer à haute voix: «Vive la pomme de terre!».
«C’est difficile de convaincre les populations locales», a indiqué un candidat tête de liste d’un parti politique connu pour être mobilisateur des grandes foules vu la discipline instaurée dans ses bases locales. La campagne électorale entame sa deuxième semaine. En dépit des appels incessants des responsables des partis politiques quant à la nécessité de mobiliser les masses citoyennes, force est de constater que les rassemblements tels qu’ils ont l’ambition d’organiser, constituent un rêve irréalisable, du moins pour le moment. Les populations locales, tout en stigmatisant les politiciens, continuent à tourner le dos aux candidats et leurs rassemblements.
Une semaine après donc le coup d’envoi, aucun des partis inscrits au vote n’a, jusque-là, pu drainer plus de 300 personnes au cours de leurs sorties. Les responsables de campagne se voient, la plupart du temps, obligés de réunir la petite assistance parsemée tout en implorant les caméramans de l’Entv de ne pas filmer la salle tout entière, question de sauver les meubles. Alors que l’intérieur des salles est quasiment vide, certains candidats et responsables locaux des partis politiques ne trouvent rien de mieux à faire pour tromper et inciter les passants et les innocents que d’improviser en usant de la ruse et de la malice, et ce en dressant devant les entrées principales des lieux de rassemblement des troupes de Karkabou, guellal et baroud, payées à plusieurs milliers de dinars à chaque sortie tandis que la petite assistance entassée pêle-mêle à l’intérieur des salles, est, dans la plupart des cas, ramenée des localités environnantes.
Des bus de haut gabarit leur sont expédiés au prix de factures faramineuses. Un seul mot d’ordre leur est donné: animer au plus haut niveau en scandant des slogans favorables au parti et des candidats organisateurs. «Toutes ces animations devant les portails ne sont en réalité que cinéma et trompe-l’oeil puisqu’une fois à l’intérieur, on se rend compte que les candidats ont réellement perdu du terrain vu que l’assistance ne fait que du suivisme en applaudissant des déclarations qui ne méritent pas réellement d’être saluées», a affirmé un jeune citoyen rencontré sur les lieux.
Malgré ces improvisations de dernière minute, les accidents de parcours ne manquent tout de même pas. «Il y a des choses qui nous échappent lors de nos sorties», a indiqué un candidat, expliquant que «des citoyens nous interpellent sur des choses qui nous dépassent».
Pendant que les suivistes applaudissent, les plus audacieux, eux, osent en bravant les intervenants tout en interrompant leurs discours à coups de stigmatisations. Le président du Parti du changement, Menasra Abdelmadjid, n’a pas échappé à cette sentence lors de la sortie qu’il a effectuée dans la wilaya d’Oran, samedi dernier.
Au moment où il développait son discours, un citoyen présent au fond de la salle n’a pas hésité à lancer à haute voix: «Vive la pomme de terre!» Et un autre de renchérir sur le champ en scandant: «Vive la corniche oranaise!». Ce n’est pas un fait du hasard si les populations continuent à fuir les salles et les lieux destinés aux campagnes électorales. Tant de paramètres concourent à cet effet.
La majeure partie des postulants à l’Assemblée, connus pour avoir milité dans les rangs du vieux parti sans pouvoir percer, ont opté pour d’autres partis tandis que les autres ont déjà brigué un ou plusieurs mandats durant les Assemblées précédentes. Ce n’est pas tout.
Dans l’histoire de cette élection, les salaires et autres indemnités reviennent longuement dans la bouche des Oranais, estimant que «les candidats se mettent en course à la députation dans le but de bénéficier des salaires exorbitants au détriment des populations en quête désespérée et vaine de jours meilleurs».