Une semaine après l’Aïd, le pain se fait de plus en plus rare dans les boulangeries d’Alger. Cette situation semble se prolonger cette année encore au-delà des deux jours de fête.
Depuis une semaine, de nombreux consommateurs sillonnent les boulangeries en quête de pain, introuvable l’après-midi.
Pour s’offrir quelques baguettes de pain, il est désormais impératif de se présenter tôt le matin chez le boulanger. A partir de midi, les boulangeries ouvertes sont quasiment vides, alors que d’autres demeurent encore fermées depuis l’Aïd.
«Une semaine après l’Aïd el Kébir, une soixantaine de boulangeries restent encore fermées à Alger comme dans les grandes villes du pays, à l’instar de Tizi ouzou, Constantine, Oran…», selon Boulenouar Hadj-Tahar, porte- parole de l’Ugcaa, (Union générale des commerçants et artisans algériens). Les épiceries et boulangeries approvisionnées par les vendeurs de pain se disent incapables d’expliquer cette situation.
Les boulangers, quant à eux, indiquent que le manque de main-d’oeuvre locale pose toujours problème en raison du départ des employés résidant dans d’autres wilayas, pour passer la fête. «Notre personnel, qui a bénéficié de quelques jours de récupérations après avoir assuré la permanence de l’Aïd El-Adha, n’aura pas respecté l’échéance, prolongeant ainsi ses vacances à sa guise», dira un boulanger de la capitale.
Le ministre du Commerce a assuré le plus normalement du monde, alors que la crise du pain perdure à Alger, que les commerces, épiceries et boulangeries qui étaient de permanence ont assuré convenablement leur mission. 97,33% de commerçant ont assuré la permanence durant les jours de l’Aïd, est le nouveau chiffre avancé par le ministre du Commerce.
«Sur 16 802 commerçants inscrits sur la liste des permanenciers à l’échelle nationale, 97,33% ont répondu présents alors que 448 n’ont pas assuré le service les jours de l’Aïd», a-t-il déclaré hier sur les ondes de la Radio nationale. En d’autres termes, la totalité de la corporation aurait été mobilisée et aurait assuré la permanence. Des propos qui ne reflètent pas la réalité.
Il suffisait de jeter un coup d’oeil dehors pour voir que la quasi totalité des boulangeries étaient fermées. Celles ouvertes ont produit des quantités insuffisantes de baguettes de pain. Lors d’une virée hier, on a constaté de longues files d’attente devant les boulangeries de la capitale.
Même triste spectacle devant les rares boulangeries ouvertes hier au Telemly, quartier d’Alger. «Trouver du pain dans l’aprèsmidi, c’est presque impossible. À midi déjà il ne reste plus une baguette. Moi je travaille, je ne peux pas acheter le pain le matin.
Ce n’est pas possible, même aujourd’hui, une semaine après l’Aïd, il y a toujours pénurie», déplore une vieille dame. Le porte-parole de l’Ugcaa justifie le manque de pain dans les boulangeries d’Alger par la baisse de la demande les jours post-Aïd.
«Les familles algériennes ont tendance à se nourrir de plats traditionnels concoctés à la maison, donc la consommation de pain diminue. C’est pour cette raison que les boulangeries produisent des quantités limitées.
Même les restaurants approvisionnés par ces boulangeries ne reprennent pas après l’Aïd ainsi que les cantines des établissements scolaires, principaux clients des boulangeries», a-t-il expliqué.
Et d’ajouter : «Si une boulangerie livre 3 000 baguettes par jour aux restaurateurs et 1 000 baguettes pour la population, il va de soi que si les restaurants baissent rideaux, les propriétaires des boulangeries diminuent la production».
Pour remédier à cette situation, Boulenouar Hadj-Tahar propose au ministère de tutelle la prolongation de la période de permanence : «Au lieu de deux jours, il faut l’élargir à quatre jours ou plus, afin d’éviter tout désagrément ».
L. A. R.