Presque une semaine après la réunion du ministre du Commerce avec le syndicat des distributeurs de lait et l’UGCAA, la tension sur ce produit stratégique persiste. Le comportement des citoyens ne semble pas expliquer, à lui seul, la crise, puisque l’information sur l’arrêt de la grève a largement circulé depuis.
Les commerces ont été pris d’assaut hier et avant-hier, particulièrement dans le centre du pays, par des citoyens cherchant désespérément un sachet de lait. Une grande tension autour de cet aliment indispensable a été surtout observée un peu partout dans l’Algérois. Des queues interminables se formaient encore hier, dès les premières heures de la matinée, devant les magasins d’alimentation générale. Et pourtant, la grève de trois jours des distributeurs de lait conventionnés avec Giplait a pris fin lundi dernier et l’activité a connu une reprise ordinaire.
Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, avait, en effet, réuni les représentants des distributeurs de lait, en présence du SG de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), pour s’enquérir de leurs préoccupations. Les distributeurs conventionnés avec Giplait demandaient essentiellement une révision de leur marge bénéficiaire qui est toujours fixée à 0,75 DA sur le sachet de lait subventionné par l’État et vendu au consommateur au prix administré de 25 DA.
Cette réclamation se veut encore plus persistante, maintenant que le prix du carburant a été revu à la hausse. Avec la dévaluation du dinar, à hauteur de 40%, selon des experts, les distributeurs de lait se retrouvent ainsi avec un une marge bénéficiaire revue à la baisse de presque la moitié, voire plus. Mais le problème est supposé avoir été réglé. Le ministre du Commerce s’étant engagé à prendre en charge leurs doléances et trouver des solutions à courte échéance.
Tout est donc censé rentrer dans l’ordre, puisque les grévistes ont repris du service, il y a déjà une semaine, pour assurer la distribution, pendant que la production reste régulière et la matière première largement disponible dans les stocks de l’Office national interprofessionnel de lait (Onil). Au lendemain de la fin de la grève, beaucoup a été dit sur le comportement des consommateurs pour expliquer la tension qui persistait encore sur ce produit. Les citoyens continuaient ainsi à acheter plus de sachets de lait que leurs besoins habituels, afin de constituer un stock dans leur réfrigérateur. L’information sur l’arrêt de la grève et la disponibilité du produit n’avaient peut-être pas encore bien circulé. Une explication plus ou moins recevable lorsqu’il s’agit de 24 ou 48 heures après la reprise normale de l’activité.
Ce qui est, cependant, improbable, voire insensé, une semaine après. Il y a donc, de fait, matière à supposer que le problème réside ailleurs et qu’à défaut de le spécifier et le traiter dans le fond, c’est toute une filière hautement stratégique dans la politique alimentaire du pays qui se retrouve à la traîne.