Le Sud, longtemps victime des fameuses images d’Épinal si réductrices et si péjoratives, n’est plus qu’une vue de l’esprit. Désormais, c’est un «autre» Sud qui s’annonce porteur des plus belles espérances. Sans pour perdre pour autant son extraordinaire fascination, son identité dans la diversité et pour tout dire, son âme. Pôle touristique il est, pôle touristique il restera. Aujourd’hui bien plus que jamais. D’autant plus qu’il possède tous les atouts…
Tam, en cette fin décembre, connaît une nuit glaciale : L’amplitude thermique prend ici sa pleine signification. Car si la journée durant il fait une température plutôt clémente pour la saison, la nuit, le thermomètre descend souvent en-dessous de dix degrés. Mais l’habitude étant une seconde nature, seuls les gens du Nord frissonnent la nuit venue. Malgré une animation haute en couleur de groupes musicaux qui étalent devant un public ravi et visiblement en manque de délassement toute l’immensité du patrimoine sonore national. En tout cas, cette fameuse esplanade du 1er-Novembre se souviendra longtemps de toute cette animation nocturne faite de danses folkloriques, de chants et de musique sortis droit des entrailles du patrimoine national. De Tamenghasset aux confins nord de l’Algérie. Car outre cette hospitalité légendaire des gens du Sud, gros consommateurs de thé, devant l’éternel, on retiendra aussi le cachet pittoresque de cette cité ancestrale dont
l’architecture traditionnelle cadre parfaitement avec la toponymie des lieux, sinon leur configuration physique si spécifique. En cette ville attachante, issue pour rappel du découpage administratif de 1974, visant une meilleure maîtrise de l’immensité de l’espace géographique national, forte de plus de 170.000 habitants, groupant pas moins de 9 daïras, y compris le chef-lieu, l’air y est plutôt sec et les réserves d’oxygène à profusion. Il suffit de dormir cinq heures pour récupérer et se réveiller d’aplomb. Car à 1900 km au Sud d’Alger, la ville affiche une altitude de 1400 m, tandis que son point culminant le mont Tahat, lui, s’élève jusqu’à
3003 m. Et ces données renseignent, on ne peut mieux, sur la position géographique privilégiée de cette contrée dont la modernité a réduit la distance et l’éloignement, puisqu’il ne faut que deux bonnes heures en avion à partir de la capitale pour y atterrir. Le plus souvent en douceur d’ailleurs, grâce au professionnalisme de nos pilotes réputés ici comme ailleurs…
Et puis dès l’atterrissage et même auparavant du haut du ciel, la mer de sable et ses mamelons emplissent et émerveillent le regard subjugué et séduit. Quel paysage ! Quel enchantement recommencé ! A peine
a-t-on fini de se «rincer» l’œil qu’il faut déjà passer à aut’chose. Tant l’éblouissement ne cesse de chatouiller tous les sens olfactifs et sensitifs confondus… Direction l’hôtel «Tahat», un joyau architectural, fruit d’un colossal investissement pour une époque bénie alors par un baril à plus de
quarante dollars pour mémoire. C’était durant les années 70, lorsque la politique de l’industrie industrialisante signait ses plus beaux fleurons. L’hôtel est coquet et griffé de la main du fameux Pouillon spécialiste avec Le Corbusier des complexes touristiques. Près de quarante ans après sa réception le «Tahat» mérite au moins un lifting. Mais les décideurs ont vu plus loin et plus grand : une enveloppe conséquente sera débloquée incessamment pour sa restauration. Tant mieux pour tout le monde. Et surtout le secteur du tourisme appelé forcément à moyen terme, souhaitons-le, à devenir une source appréciable de rentrées en devises. Car la magie de cette extraordinaire contrée est si attrayante, si fascinante et si magnétique qu’elle constitue, à bien des égards, un investissement sûr. D’autant plus que la région est globalement sécurisée, pour revenir sur tous les sites fabuleux de cette magnétique contrée baignée et inondée de lumière. Et lieu-dit on ne peut plus indiqué pour le ressourcement et le rechargement des accus pour tous les porteurs et producteurs de stress…
Qui s’estompe et disparaît ici comme par enchantement. Tant la douceur d’ y vivre est si prenante, palpable et réelle. A telle enseigne que pas mal de nos concitoyens de Kabylie, des Aurès, du M’zab et de l’Ouest y viennent, accourent et affluent même pour s’y installer, gagner souvent un peu plus de sous et pouvoir ainsi améliorer et l’ordinaire et le standing. Ce qui n’est pas à négliger par ces temps durs qui courent… Au vrai et pour peu qu’on y mette toute la passion et la nécessaire énergie, le Sud paraît un pôle d’attraction privilégié dont on ne lasse presque jamais. Et même si d’aventures, le Nord pourrait venir à manquer, l’avion est là pour défier l’éloignement et vous ramener au Nord en deux petites et insignifiantes heures. Bon, et on ne pourra s’en priver d’en parler, reste la problématique de l’encouragement sous toute forme appropriée des investisseurs à venir matérialiser et réaliser leurs rêves ici. Tout en donnant un sens à leur investissement, autrement dit la création d’emplois pour une jeunesse en mal de perspectives et de débouchés, alors même que sur le registre de la formation, le pays a accompli de gigantesques efforts. Bien entendu et bien qu’a priori personne n’est plus Algérien que l’autre, il suffit juste de réserver, par exemple, un quota significatif dans le cadre de la politique du plein emploi, notamment ce qui ne serait, au fond, qu’un juste retour des choses. En sachant notamment que le chômage est ici à l’état endémique pour ne pas verser dans un alarmisme de mauvais aloi pour la circonstance…
A plus forte raison lorsqu’on sait que le wali de Tam Himself s’est montré très sensible et disponible en étant, depuis son arrivée, constamment à l’écoute de ses concitoyens et particulièrement des préoccupations essentielles de la jeunesse. Il se murmure ici que ce commis de l’Etat, un vieux routier, parcourt souvent la cité de bout en bout et cultive une culture de proximité avec la société civile : c’est ce qui s’appelle rapprocher les gouvernants des gouvernés et partir, sans doute, du principe qu’on n’est jamais mieux informé que par soi-même… Et on raconte pas mal d’anecdotes plus ou moins «croustillantes» à ce propos et qui vont dans le sens d’une meilleure approche par ce commis de l’Etat des affaires de la cité. Puisse donc son exemple être suivi un peu partout, sinon carrément faire tâche d’huile… En tout cas et juste à titre illustratif, toute la population aura vu cette autorité mettre la main à la pâte lors du grand toilettage de la ville il n’y a pas si longtemps que cela par ailleurs… Allez, retour sur les versants ensoleillés de la cité qui s’offre comme une gourmandise à la curiosité des touristes autant nationaux qu’étrangers, captivés littéralement par toutes ces offrandes naturelles, outre le fameux souk Chaouiya, les ruelles et venelles pittoresques ; le thé à chaque coin de rue, la bonne et consistante cuisine traditionnelle et la beauté prononcée des femmes sans maquillage ni fard pour en souligner les traits… Et surtout pas farouches pour un sou, ce qui nous change bigrement des mines renfrognées des gens du Nord qui ont un rapport tout à fait autre à la vie. Parole de nordiste submergé par le stress… Raison de plus pour se ressourcer au mieux du côté du mont Hoggar, surplombant Tam, écrin d’or sous un soleil crépusculaire qui grille ses dernières braises avant que le froid ne s’installe subitement une fois l’astre solaire absorbé par l’horizon, si proche et si lointain… Quel splendide présent naturel que cette symphonie des tons et des sons qui revigore l’être tout en le plongeant simultanément dans une espèce d’état second… Dès lors, il est pour le moins ardu de se soustraire et s’arracher à cette nature aux mille contrastes.
Ainsi est Fort Laperrine, l’ancienne appellation de Tam à l’histoire aussi tumultueuse que le foisonnement de tous ses petits secrets d’alcôve qu’elle couve de toute son immensité désertique. Un désert pas si muet que cela au fond et qui sait être si «parlant» pour qui se donne un tant soit peu la peine de savoir l’écouter et en déceler les moindres palpitations… Car de ses entrailles peuvent surgir tant de richesses qu’elles finissent par exciter les convoitises de moult aventuriers, fussent-ils jusqu’aux hommes de foi dont on ignore ce qui peut vraiment se cacher sous la soutane. Tel ce personnage si controversé de Charles de Foucault. Aux historiens et autres chercheurs de pousser un peu plus loin les investigations et de tenter de démystifier et démasquer cet homme de foi… Comme quoi la méditation peut mener à tout, à condition d’en sortir. Rappelons également, sur un autre registre cette fois, que Frison Roche, écrivain français contemporain, a lui aussi débarqué en cette contrée mais pas pour les mêmes raisons que son alter ego… Ainsi va la vie des bourlingueurs dont la raison d’être et de vivre peut tantôt cogner contre les récifs, tantôt se fondre et se confondre avec toutes ces particules dont on entend pourtant le silence… Qui a donc osé affirmer que le désert n’était qu’un ensemble vide ? Peut-être tous ceux qui n’ont pas fait l’effort
d’entendre son silence…
A. Z.
Investir au Sud…
Si dans la nouvelle stratégie politique du pays il a été, à juste titre au demeurant, réservé la part du lion au Sud, terre gorgée de matières premières s’il en est, mais longtemps victime du prisme déformant de la seule production de gaz et de pétrole, ce n’est, au fond, qu’un juste retour des choses. Tant cette région, qui n’a pas toujours bénéficié, avant l’adoption du plan spécial grand Sud, de toute la sollicitude voulue, mérite et à tous les égards d’être davantage promue et valorisée. Car Dieu merci, l’argent est disponible et la nécessaire volonté politique de booster cette contrée, réputée jadis hostile plus que jamais à l’honneur. Raison de plus pour stimuler et motiver toutes les bonnes volontés, autrement dit, tous les investisseurs vraiment soucieux d’apporter leur pierre à l’édifice en leur assouplissant, au mieux, toutes les procédures et éviter ainsi que trop de tire-au-flanc et d’intermédiaires se sucrent au passage. Bien entendu et en contrepartie, lesdits investisseurs devront s’engager au respect scrupuleux des clauses édictées par le cahier des charges. La finalité première étant, en définitive, que les investisseurs et les pouvoirs publics puissent trouver leur compte, au propre comme au figuré par ailleurs… Et dès l’instant où les règles du jeu sont claires pour tous les partenaires en lice pour l’aboutissement des différents projets inscrits, le reste, tout le reste suivra. C’est la formule dite
gagnant-gagnant…
Hôtel «Tahat» : un joyau à restaurer…
L’hôtel, le dernier de la série de l’ère Boumediène, construit, pour rappel, par le célèbre architecte Fernand Pouillon, a été inauguré en 1972, soit il y a bientôt une quarantaine d’années. Coquet et pittoresque, l’établissement a été confié aux bons soins de deux managers qui s’entendent comme larrons en foire et rompus de par leur back-ground à la gestion, respectivement messieurs Hocine Ouyahia, directeur général, et Mouloud Arab, directeur littéralement aux petits soins durant tout notre séjour en cette capitale du Hoggar.
Inspiré de la fameuse Khomeissa, l’établissement traîne une solide réputation «d’hôtel plutôt bien tenu.» Ce qui explique son taux de fréquentation «appréciable», somme toute si l’on considère tout «le passif hérité de l’ancienne gestion» et que les deux compères se sont fait «un point d’honneur de gommer au mieux», en faisant appel à d’autres compétences et en «instaurant de nouvelles règles du jeu» que le personnel, découragé par le passé faute de réelles perspectives, a tôt fait d’adopter en se conformant scrupuleusement au nouveau cahier des charges. Doté de «148 chambres, dont 3 suites, outre 4 tours duplex», le Tahat, de par sa position stratégique en ce qu’il est situé «au cœur même de la cité», a fini par se tailler une «solide réputation», à telle enseigne d’ailleurs – et fait plutôt rarissime – qu’il atteint par moments, et grâce «à la mobilisation et la disponibilité de l’ensemble du personnel», tiennent-ils à souligner, «un pic de 90% de fréquentation» en fin d’année. Bien entendu, les deux gestionnaires «se félicitent avec délectation d’un apport financier étatique destiné à la rénovation des neufs hôtels relevant du portefeuille de l’entreprise et qui est de l’ordre de 93 milliards». Mieux et tout est ficelé pour la matérialisation du projet, le Tahat sera «transformé en 4 étoiles » et aligné ainsi sur les standards mondiaux en vigueur concernant son nouveau statut et sa stature : piscine, sauna, un célibatorium pour le personnel, nonobstant la construction d’un nouveau siège. C’est dire si les perspectives sont prometteuses et rentables à coup sûr. En tout cas et pour couronner le tout, la direction de l’hôtel a proposé son business plan et un package complet ; c’est ce qui s’appelle avoir le sens de l’anticipation, fruit lui-même d’une expertise avérée de l’encadrement… Bravo les gars !
De l’eau dans les robinets…
L’alimentation en eau potable de Tam constitue une préoccupation majeure des pouvoirs publics qui ont tout mis en œuvre pour mettre un terme au calvaire des habitants contraints d’acheter le précieux liquide au prix fort jusque-là. Nonobstant l’existence de sources dont l’eau est reconnue et réputée pour ses vertus curatives multiples. Toujours est-il que le taux d’avancement des travaux est de 80% pour un transfert prévu de 50 .000 m3/ jour et qui sera porté à 150.000 m3 / jour en 2030. Une fois réceptionné, cet imposant ouvrage, qui aura coûté, dit-on, quelque chose comme 28 millions de dollars, soulagera quasiment toutes les wilayas limitrophes et même une partie de la capitale. Il faut reconnaître que ces dix dernières années, l’Algérie, tirant sans doute tous les enseignements du passé et consciente, partant, que les enjeux de l’eau sont énormes, a mis littéralement le paquet aux fins d’une part de refaire son retard causé autant par des causes endogènes qu’exogènes et d’autre part prémunir les générations futures contre toute mauvaise surprise venant notamment du ciel… En attendant, la population de Tam trépigne d’impatience de voir ce projet grandiose devenir fonctionnel et profiter pleinement du fameux programme option grand Sud, initié par le chef de l’Etat. En somme, chose promise, chose due… Et que tout le Sud étanche désormais sa soif… A l’instar de leurs frères du Nord..
Parc du Hoggar : faune et flore uniques…
L’Algérie est riche et du sol et du sous-sol. Mais on s’est intéressé davantage au sous-sol qu’au sol. Ce qui est a priori de bonne guerre, pétrole et gaz obligent… Pourtant, la faune et la flore, qui peuplent cette région dite désertique un peu trop à la légère, sont d’une diversité et d’une richesse inouïes. Et c’est le moins qu’on puisse dire à propos de toutes ces espèces rarissimes, sinon uniques, dûment recensées et répertoriées par qui de droit. On y trouve ainsi pêle-mêle des plantes qui ne poussent que dans ce «biotope» et des animaux qui ne se sentent vraiment chez eux qu’ici. Mais toutes ces espèces floristiques et faunistiques pourraient être une source appréciable de rentrées en devises en cette lointaine contrée si belle, si riche et si magnétique. Pour peu que évidemment tous ceux qui sont en charge de cet inestimable patrimoine songent, au mieux, à rentabiliser par tous supports communicationnels appropriés ce véritable filon en or, massif qui plus est… Bon il est bien vrai aussi que cet immense territoire de plus de un demi-million de km2 nécessite la mobilisation de moyens humains et matériels colossaux. Car les prédateurs, les braconniers et autres contrebandiers sans foi ni loi, malgré la traque des services de sécurité, profitent de la moindre faille dans le dispositif sécuritaire pour s’adonner à toutes sortes de pratiques illicites. Dont acte…