L’argent que l’émigration marocaine en Europe transfert chaque année constitue la troisième source de devises du royaume, après le tourisme et le phosphate. Idem probablement pour la Tunisie, même si statistiquement son émigration en Europe est de moindre dimension.
Quid de l’Algérie ? La question mérite d’autant plus d’être posée que notre communauté installée à l’étranger est aussi importante, sinon supérieure à celle de nos voisins de l’ouest.
La comparaison doit s’arrêter là, car en termes de transfert annuel de devises, il n’y a pas photo. Une partie insignifiante de cette manne, estimée, selon le professeur Abderrahmane Mebtoul, à environ 3 milliards de dollars est bancarisée. C’est essentiellement des pensions d’anciens émigrés. Et même de cette part infime, les filiales des banques étrangères qui travaillent en Algérie en tirent le plus grand profit. Le reste, c’est-à-dire le gros de cette manne va dans le circuit informel.
Conscient des dégâts ainsi occasionnés à l’économie nationale, le projet de création d’une banque pour notre communauté qui vit à l’étranger, une vieille idée, est relancé par les autorités bancaires. L’information a été révélée dimanche par le secrétaire d’État auprès du ministère des affaires étrangères, Belkacem Sahli. Selon lui, une réflexion portant sur le projet de création de cette banque est en cours. “Les membres de la communauté nationale établie à l’étranger doivent contribuer à la lutte contre l’entrée clandestine des devises en Algérie”, a-t-il dans un point de presse qu’il a animé à l’issue de l’accueil qu’il a réservé, à l’aéroport de Chlef, aux voyageurs venus de Marseille.
“Il y a des banques et des agences bancaires algériennes à l’étranger en mesure d’assurer le transfert des devises, en vertu de la réglementation en vigueur”, a assuré M. Sahli, invitant les membres de la communauté nationale établie à l’étranger “à s’impliquer davantage dans les efforts. Si l’idée est bonne, surtout avec tous les aléas qui planent sur les rentrées de devises, à cause la baisse des cours du pétrole, de la corruption, reste que sa concrétisation, ne sera pas chose aisée.
Car cette banque doit lever les réticences des algériens qui vivent en dehors du territoire national. Et cela en agissant sur le taux de change. Autrement dit, le concerné qui aura recours aux prestations de cette future banque, doit y trouver son compte, en recevant en dinars l’équivalent de ce que lui rapporterait l’opération de change sur le marché parallèle. Et pour les clients qui voudraient aussi retirer leur argent en devises, la future banque ne doit pas non plus les « racketter » en leur imposant, comme cela se fait actuellement, juste une partie de leur argent en monnaie étrangère et le reste en dinars avec un taux de change officiel.
Est-ce que les autorités bancaires algériennes sont prêtes à rompre avec les dogmes ? En tous cas, les spécialistes contactés par Algérie1, tout en restant très « sceptiques » sur la concrétisation de ce projet, estiment qu’il y va de l’intérêt de l’économie nationale.