Le procureur général près la cour d’appel d’Alger, Lakhrout Yahia, a requis hier cinq ans de prison ferme contre l’ex-receveuse de la poste, agence Didouche-Mourad.
Il a estimé que la mise en cause est entièrement responsable du trou financier découvert lors d’une inspection effectuée par des inspecteurs d’Algérie poste dans les différents services de l’agence Didouche-Mourad.
Il a par ailleurs affirmé en audience que l’incriminée procédait aux retraits illégaux sur des comptes courants appartenant à trois membres de la même famille.
Selon le représentant du parquet général, elle utilisait des chèques de secours et mettait la mention connue pour éviter tout soupçon. Le procureur a tenu à préciser que l’accusée a réussi, de 2011 à 2014, à détourner pas moins de 400 millions de centimes des comptes courants des victimes, qui se sont avéré des proches à elle.
La mise en cause, S.R, avait été condamnée lors de son premier jugement par le président du tribunal correctionnel de Sidi M’Hamed, section des flagrants délits, à trois ans de prison ferme pour plusieurs chefs d’inculpation, entre autres détournement de deniers publics et abus de confiance.
L’inculpée, qui est incarcérée à El Harrach, avait bénéficié de larges circonstances atténuantes au cours de son premier procès alors que le procureur de la République du tribunal de Sidi M’Hamed avait requis huit ans de prison ferme assortis d’une amende de 200 000 dinars car il avait estimé que les preuves étaient formelles, notamment en ce qui concerne le détournement des sommes faramineuses des comptes courants des clients.
Lors de son passage à la barre, S. R.a nié tous les faits qui lui ont été reprochés que ce soit au cours de l’enquête préliminaire ou de l’instruction judiciaire affirmant qu’elle n’a rien à voir dans cette affaire.
Mais elle perdra son assurance lorsque le président lui fera savoir que l’un de ses complices, à savoir l’inspecteur, a reconnu avoir relevé plusieurs anomalies et carences dans les opérations qu’elle effectuait sans toutefois prendre les mesures qu’il fallait.
Les victimes qui se sont succédé à la barre ont toutes pointé un doigt accusateur sur l’inculpée. L’une d’elles a affirmé au juge que la mise en cause a pu retirer pas moins de 70 millions de centimes en une seule fois en utilisant la carte magnétique et le code qu’elle lui avait donné auparavant.
L’avocat de la défense a, dans sa plaidoirie, sollicité la relaxe pure et simple, arguant que les véritables accusés « n’ont jamais été inquiétés dans cette affaire ».
L’affaire est mise en délibération pour la semaine prochaine par le président de la 8e chambre pénale Hellali Tayeb. A signaler qu’Algérie poste s’est constituée partie civile pour une réparation matérielle du préjudice causé par les agissements de l’inculpée.