Une quinzaine de sacs de chair de carcasses de chiens désossées, découverte près de la cité des Amandiers, approvisionnerait des gargotes clandestines d’El Bahia Après la viande d’âne, celle de chien ?

Une quinzaine de sacs de chair de carcasses de chiens désossées, découverte près de la cité des Amandiers, approvisionnerait des gargotes clandestines d’El Bahia Après la viande d’âne, celle de chien ?

Alors que la viande d’âne a été longtemps la hantise des Oranais, qui en ont consommé à profusion, car vendue dans des marchés sous forme hachée, la faisant passer pour de la viande bovine, ces mêmes Oranais ne sont pas au bout de leurs peines.

En effet, au cours d’une sortie sur le terrain, nous sommes tombés, par pur hasard avant-hier, sur plus d’une quinzaine de sacs contenant des carcasses de chiens désossées.

Ainsi, tout porte à croire que certains commerçants, que nous qualifierons d’assassins, ont utilisé la viande de ces canidés pour en faire de la viande qu’ils auraient écoulée sous forme de merguez ou mélangé à de la viande hachée, que nos concitoyens auraient consommée, notamment dans les gargotes de grillade (quatre saisons) clandestines.

Nous étayons nos propos par le fait que les carcasses étaient soigneusement désossées par une main experte, comme savent le faire ceux qui ont l’habitude d’en traiter des dizaines dans les boucheries.

Il n’est pas dit que les coupables soient des bouchers, cependant, comme il est tout à fait exclu que ce soit nos hôtes chinois auxquels la rumeur prête une tradition de consommation de viande canine. Et nous en voulons pour preuve irréfutable, que les carcasses étaient semblables à celles de moutons et avaient d’infimes bouts de chair que les Chinois n’auraient pas jeté avant de les faire cuire et les jeter totalement nues.

Des sacs par groupes étaient cachés et jetés au niveau du domaine Khemisti situé à proximité de la cité des Amandiers. Le lieu même de la découverte (squelettes, crânes, membres, etc.) situé dans le triangle des Amandiers – El Hassi-Ras El Ain, plaide pour une action criminelle perpétrée par des individus qui n’habitent pas loin.

Ainsi, après la viande d’âne et de sanglier (Tlemcen), vendue sous forme hachée, sommes-nous confrontés à une nouvelle agression ? Tout porte à le croire, malheureusement. Nous ne nous empresserons pas de faire des raccourcis assassins et incriminer la direction du Commerce, à travers les services de la répression des fraudes, mais force est de reconnaître que l’action des agents de la DCP est frileuse, dans la mesure où ils ne s’aventurent pas trop des sentiers sûrs, c’est-à-dire les commerces situés en ville.

Nul ne peut nier, en regard de cette découverte, que ce n’est pas la première fois que cet acte est perpétré. Il ne s’agit pas non plus d’un scoop, bien que c’en est un, mais le fait est que des commerçants véreux utilisent cette viande, et la vendent à bas prix, attirant à coup sûr des consommateurs qui n’en espéraient pas tant, en les embobinant avec un discours sur l’honnêteté pour faire passer la pilule.

Cependant, une telle façon de commercer, au moment où une rencontre internationale vient de se tenir à Oran, et a regroupé des fédérations de protection des consommateurs de pays arabes, ne doit pas s’arrêter au simple constat.

Si les services de sécurité, autant que ceux de la wilaya ne manqueront pas de pister les auteurs de cette tromperie, la fédération de protection des consommateurs –elle se reconnaîtra – tient là une occasion inespérée de faire parler d’elle, non pas en salivant, mais en se déployant sur le terrain, et prouver que les subventions qu’elle a obtenues servent à quelque chose.

Des citoyens interrogés nous ont avoué s’attendre à tout dans une ville qui se singularise, non pas par la créativité dans le domaine artistique, sportif, culturel ou autre, mais dans le machiavélisme. «Cela fait longtemps que j’ai renoncé à acheter de la viande hachée ou des merguez.

Quand l’envie m’en prend, j’achète de la viande fraîche et je prépare moi-même ce dont j’ai besoin», dira un habitant des Amandiers, qui sait de quoi il parle. Voilà ce qui pourrait mettre bien des boucheries en faillite, si tout le monde décidait enfin de se défendre. Ces sacs, sans vouloir mettre tout le monde dans le même sac, prouvent que la protection du consommateur tout comme la répression des fraudes, ne sont que des concepts creux à Oran.

NI Salim & Hakim Djaziri