Face aux scandales de corruption, qui plombent l’image du pouvoir et met en doute sa volonté politique à combattre, pour de vrai la corruption, les membres du gouvernement cherchent à convaincre du contraire.
Après les déclarations du Premier ministre sur la question, c’est autour du premiers argentier du pays d’en remettre une autre couche.
Invité ce matin à la radio, Karim Djoudi n’a pas fait de quartiers en avertissant, sans exception, toutes les personnes impliquées dans ces crimes économiques. “Les choses sont extrêmement claires : le problème n’est pas un problème de personnes mais de fraude et de corruption et toute personne impliquée dans la corruption sera poursuivie et sanctionnée” a-t-il indiqué lors de son passage ce matin à l’émission « L’invité de la rédaction ».
En rappelant au passage qu’il avait dernièrement et personnellement inauguré l’office de répression de la corruption (OCRC), dont la direction est confié à un ex magistrat qui a une expertise en la matière , Karim Djoudi a parlé de “volonté politique très forte de lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et toutes les formes de fraude et de transferts illicites de capitaux” en Algérie.

Dés lors que les textes qui balisent l’action de la lutte contre la corruption existent, cette lutte finira par porter ses fruits .C’est sa « conviction ».Et il l’avait déjà exprimé le 4 mars lors de l’installation de l’OCRC “Les hautes autorités du pays, et à leur tête le président de la République, sont déterminées à mener une lutte sans merci contre la corruption sous toutes ses formes et ne ménageront aucun effort pour y parvenir”, avait-il déclaré.
Son collègue de l’énergie, dont le secteur est au cœur même du scandale avait lui aussi affirmé en février que des instructions “très fermes” ont été données par les autorités algériennes aux entreprises pour “défendre leurs intérêts et poursuivre toute personne susceptible d’avoir agi contrairement aux intérêts” de ces entreprises. Même le président Bouteflika qui s’était scrupuleusement abstenu de toute déclaration sur le problème, sachant tout le poids de la parole présidentielle avait fini par avouer qu’il “ne pouvait passer sous silence” les scandales qui touchent la gestion de l’entreprise nationale des hydrocarbures Sonatrach.
Puis de s’en remettre à la justice pour situer les responsabilités et sanctionner les coupables. Depuis que la presse italienne y a mis du sien, le mois dernier en apportant de nouveaux éléments d’information sur la scandale SAIPEM /SONATRACH avec en toile de fond la personne de l’ancien ministre Chakib Khélil, nous observons une profusion du discours sur la lutte contre la corruption et sur « la détermination’ de l’Etat à combattre ce phénomène.
Ce discours relayé par ministres et responsables, a tout l’air d’une stratégie de communication visant à provoquer une sorte d’effet placebo chez l’opinion à qui on cherche à faire croire que l’Etat a décidé de mener une croisade contre la corruption. Une illusion, qui ne s’est même pas encore produite pour le moment, comme on a le loisir de le constater, face à une réalité qui n’a pas changé et qui ne semble pas vouloir changer, car la corruption fait partie hélas de l’ADN même du système. Et les « promesses » et « convictions » apparaissent au mieux comme des incantations et aux pire de l’enfumage.