Les destinées de l’Algérie seront-elles, pour la première fois de son histoire, présidées par un émigré ? En tout cas certains y croient au point de s’y porter candidat. Et pourquoi pas après tout ? Rien ne dit qu’il faut y être né pour porter ce pays dans son cœur ou pour réussir à le servir au mieux. Et la démocratie ne consiste-t -elle pas à offrir les mêmes chances à tous ?
Ils sont nés et ont toujours vécu en France mais ils caressent le rêve de devenir Président de l’Algérie, leur pays d’origine. Rachid Nekkaz, 41 ans, et Kamel Benkoussa, du même âge, ont, en effet, annoncé leurs candidatures à la magistrature suprême, affichant de l’optimisme et de la conviction qu’ils détiennent des chances pour s’assurer la confiance des électeurs algériens. C’est une première dans l’histoire des échéances électorales depuis l’indépendance du pays. Ces deux personnalités issues de la communauté nationale établie à l’étranger ne se sont pas contentés de déclaration d’intention. Au contraire, ils s’attellent à mettre en valeur leurs programmes, la stratégie qu’ils comptent adopter dans la gestion des affaires de la République ainsi que les objectifs ciblés à court et à moyen termes dans les différents secteurs de la vie publique. Ces deux prétendants au palais d’El-Mouradia ne veulent pas perdre de temps. Ils ont même engagé une course contre la montre, convaincus qu’il leur faudrait plusieurs semaines pour «sonder» l’opinion publique quant à leur initiative. La politique est l’art du possible. Cette définition académique semble constituer la devise de Rachid Nekkaz et Kamel Benkoussa qui ont également investi massivement sur le plan d’apparitions constantes dans les médias nationaux et étrangers. Alors que le premier s’est distingué notamment par sa lutte contre l’islamophobie en France, en payant plus de 700 amendes imposées à des femmes portant le niqab (voile intégral) et sa présentation à diverses échéances électorales dans ce pays, le deuxième est un expert célèbre dans le domaine des finances. Et le fait qu’ils ne sont pas connus sur la scène politique algérienne, ne constitue pas, pour eux, un facteur dissuasif. Au contraire, ils estiment que cela représente un élément de grande importance à faire valoir dans leur appel au changement, puisqu’ils n’ont aucune responsabilité dans la situation actuelle caractérisée par des échecs dans plusieurs domaines. Ils ont déclaré, dans leurs divers entretiens accordés aux médias, qu’ils représentent les candidats de la jeunesse algérienne qui aspirent à un changement pacifique du régime politique en place. La suppression du service national obligatoire et son remplacement par un service citoyen civil de 12 mois, la réduction du nombre de députés à deux par wilaya, c’est-à-dire 96 députés, l’exonération des entreprises productives d’impôts pendant cinq ans et la rénovation du système de santé publique constituent les grandes lignes du programme électoral de M. Nekkaz . De son côté, Kamel Benkoussa axe ses interventions médiatiques essentiellement sur le plan de la croissance économique, affirmant qu’il est apte à réaliser un taux de croissance de 6 % en cinq ans et réduire sensiblement la dépendance de l’économie nationale aux exportations d’hydrocarbures. Par ailleurs, Ali Benouari, un Algéro-Suisse, qui avait déjà fait partie du gouvernement au début des années 1990, est venu rejoindre ces deux prétendants.
A.H
