Le 13 octobre 2014 restera dans les annales de l’histoire de la Sûreté nationale. Ce jour-là, des dizaines de policiers sont sortis dans la rue à Ghardaïa pour protester contre leurs conditions de travail et de vie, exiger la création d’un syndicat de police, mais surtout demander le départ du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel.
Celui-ci, qui accompagnait le ministre de l’Intérieur, en visite dans la vallée du M’zab, s’attendait à tout, sauf à cet “accueil” qui avait alors échappé aux services de renseignements de la DGSN. Le lendemain matin, c’était autour des unités républicaines et de sécurité (URS) d’Alger d’organiser une marche à partir d’El-Hamiz, à l’est de la capitale, jusqu’à la DGSN. La manifestation prendra vite l’ampleur, et les protestataires ont marché sur la présidence de la République pour les mêmes motifs. La Garde républicaine est alors déployée pour sécuriser les lieux, et les premiers pourparlers se sont enclenchés pour mettre fin à ce mouvement de protestation. Vite contenue, la colère des policiers allait dégénérer pour prendre une tournure gravissime.
D’autant que ce corps de sécurité est assujetti à l’obligation de réserve, donc interdit de manifester et de protester publiquement. Le gouvernement se saisira vite du dossier, et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, annoncera les mesures prises en faveur des policiers. M. Sellal acceptera tout, sauf la création d’un syndicat et le départ du patron de la DGSN, M. Hamel. Trois jours plus tard, c’était au tour des sapeurs-pompiers de tenter, en vain, de se faire entendre. Mais le Premier ministre anticipera et accordera les mêmes mesures que celles accordées aux policiers, et ce, avant de les élargir aux douaniers. Cette série de turbulences sont intervenues dans contexte politique entaché de graves crises au sommet, par l’insécurité aux frontières, la maladie du Président et les luttes intestines et partisanes entre les clans du pouvoir. La DGSN ne passera pas ce mouvement “spontané” sous silence. Après une série de mutations des éléments activant dans les URS, “pour rapprocher les policiers de leurs localités de résidence”, avait précisé un communiqué de la DGSN, le premier policier du pays a procédé à la dissolution des URS par décision interne, arguant que ces mêmes unités ont été “créées par décision interne”. Cette première sera suivie par une reconfiguration dans la gestion des ressources humaines, ponctuée de nouvelles nominations et de mutations pour permettre à la DGSN de remettre de l’ordre dans ses rangs et maintenir son image d’une institution républicaine au service du citoyen.
F. B.