Le pape Benoît XVI, renonce à son ministère après huit ans à la tête du Vatican
Le pape Benoît XVI a annoncé hier sa démission du Vatican, une première dans l’histoire de l’Eglise moderne, affirmant ne plus avoir «les forces» de la diriger en raison de son «âge avancé», 85 ans.
«Le pape a annoncé qu’il renoncera à son ministère à 20h00 (19h00 GMT), le 28 février. Commencera alors la période de +sede vacante+ (siège vacant)», a indiqué, le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. Un nouveau pape sera désigné «pour Pâques», a-t-il précisé ensuite lors d’une conférence de presse convoquée à la hâte au Vatican. Benoît XVI se retirera ensuite dans un monastère dans l’enceinte du Vatican, a-t-il ajouté.
Dans son annonce en latin traduite ensuite par le Vatican, Benoît XVI, a dit être «parvenu à la certitude que (ses) forces, en raison de l’avancement de son âge («ingravescentem aetatem» en latin), ne sont plus aptes à exercer de façon adéquate le ministère» de pape et évêque de Rome. Il a fait cette annonce dans une salle du Palais Apostolique lors d’un consistoire au Vatican pour la canonisation de martyrs d’Otrante. «Dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire», a expliqué le pape.
Durant son pontificat de huit ans, Benoît XVI a été confronté à un grave scandale d’abus pédophiles dans le clergé, la crise la plus profonde de l’Eglise contemporaine. L’an dernier, il a aussi dû faire face à l’intérieur du Vatican à un scandale de fuites de documents confidentiels, qui a conduit à la condamnation de son propre majordome, Paolo Gabriele: un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie, et une trahison personnelle qui avait beaucoup affecté Joseph Ratzinger. Le pape a ajouté que sa vigueur s’était «amoindrie ces derniers mois». «D’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié», a ajouté le pape.
Dans un livre interview intitulé «Lumières du monde» sorti en 2010, le pape avait évoqué la possibilité d’une démission au cas où il ne se serait plus senti en état de continuer.
Répondant au journaliste allemand Peter Seewald, Benoît XVI avait affirmé qu’un pape «a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer» s’il sent ses forces «physiques, psychologiques et spirituelles» lui échapper. Dans une conférence de presse, le père Lombardi a admis que «le pape nous a pris un peu par surprise, en outre un jour férié pour le Vatican».
Selon lui, le pape a «saisi l’occasion qu’un grand nombre de cardinaux étaient réunis à Rome» pour le consistoire. «La plupart n’en avaient pas été informés à l’avance», a assuré le père Lombardi. Ce dernier a souligné que le pape «dans sa clarté et son honnêteté, a constaté lui-même» son état. «Nous aussi avions noté cette fatigue ces derniers temps, il y avait un déséquilibre entre ses forces et les efforts requis», a ajouté le père Lombardi. Unique précédent dans l’histoire de l’Eglise, Célestin V avait abdiqué de sa fonction peu après avoir été sacré en 1294. Il avait vécu en ermite jusqu’à sa désignation comme pape, et ne se sentait pas prêt à assumer ce rôle dans l’Eglise.
Le doyen des cardinaux, Mgr Angelo Sodano, a parlé de «coup de tonnerre dans un ciel serein». Le chef du gouvernement italien démissionnaire Mario Monti s’est également dit «très secoué par cette annonce inattendue».
Le président français François Hollande a qualifié la décision du pape d’«éminemment respectable».
L’Allemagne pays d’origine du cardinal Joseph Ratzinger a exprimé son «respect» et sa «gratitude» envers le pape «pour avoir mené l’Eglise comme il l’a fait pendant huit ans».