Déjà réputée pour son tourisme et côté festif, Annaba connaît depuis plusieurs jours une effervescence assez particulière, laquelle au fil des jours devint grandissante,……rappelantdu coup à tout le monde la belle épopée de la qualification à la récente Coupe du monde. Ainsi, adultes, jeunes, enfants ou femmes, tous se sont pris d’affection subitement pour les Verts.
On n’a pas dormi samedi !
Alors que les Annabis et autres citoyens venus des quatre coins du pays, comme le démontrent les plaques minéralogiques des voitures qu’on voit partout dans la ville samedi, il était difficile de circuler, notamment dans le boulevard de la Corniche. Et lorsque le bus qui transportait l’équipe nationale passa, c’était l’hystérie dans le boulevard, cela s’est passé aux environs de 20h30 où une foule nombreuse a tenu à applaudir les joueurs. Emu, le capitaine Antar Yahia fut le seul joueur à ouvrir la vitre pour saluer de la main ces fans, tout en leur indiquant de la main que demain l’EN va gagner le match.
Alors que le bus avançait au ralenti (la chaussée est prise d’assaut par les supporters en folie), sans user de la force, les policiers les ont écartés de la route afin de permettre au chauffeur du bus d’appuyer un peu sur le champignon. Faisant de ce match une fête avant tout, à Annaba, on a beaucoup dansé et chanté à la gloire de l’EN. Des véhicules pleins à craquer sillonnant la ville en klaxonnant, des jeunes portant des écharpes et autres drapeaux pendant des heures durant n’ont pas arrêté de faire la fête. «On espère seulement que cette joie sera prolongée demain», nous dira Kamel Bouacida, l’ancien défenseur du MCA, qui contemplait, à partir d’une terrasse d’un salon de thé où il vient décompresser chaque fin d’après-midi, ces scènes de liesse d’une population avide de joie et de fête, apparemment comme l’explique cette ambiance interminable.

Répertoire spécial EN
Tandis que dans toute La Coquette on vibre à 200% avec l’EN, les CD compilés par des chansons à la gloire des Verts se vendent comme des petits-pains. Encore mieux, dans les différents cabarets de la ville (ils sont nombreux !), tous les chanteurs n’omettaient pas dans leur numéro de fredonner une chanson dédiée aux Verts : les «Chebka ya Ziani» faisaient fureur et remplissaient les pistes de danseurs.
De passage à Annaba, la nouvelle étoile montante du raï, Cheb Kader «Japonais» fit même un numéro improvisé en reprenant l’une des chansons du groupe Milano en apportant de petites touches, toutefois en prononçant au lieu du nom de Saâdane celui du… Général (surnom de Benchikha), et ce, dans une ambiance indescriptible. Certains, ayant veillé jusqu’au lever du jour, ne sont même pas rentrés chez eux pour se reposer. En effet, après avoir mangé et pris un café, ils se sont dirigés vers le stade 19-Mai-1956 pour prendre place, car comme on prévoyait une assistance record, il fallait aller au stade assez tôt. D’ailleurs, ceux qui l’ont fait ne l’ont pas regretté, car il paraît qu’un portail a été défoncé et que des supporters, qui n’avaient même pas de tickets, ont pu accéder au stade.
Une victoire pour un retour des Verts
Si paradoxalement certains citoyens de la ville n’attendaient que le déroulement du match d’hier pour que la vie retrouve son cours normal à La Coquette, «à cause du match, on ne peut même pas circuler avec son véhicule», déplorent ceux qui n’apprécient que modérément le décor dans lequel s’est glissée leur ville. Par contre, ils étaient nombreux à avoir émis un seul souhait, celui de voir l’EN remporter son match.
«En cas de succès, nul doute que Hadj Raouraoua optera pour une domiciliation définitive des matches de la sélection nationale à Annaba», souhaitent la plupart des Annabis qui avancent, en outre, comme argument : «Ici, on supporte tous les joueurs, contrairement au stade 5-Juillet où chaque frange de supporters a ses propres chouchous. A Annaba, les 23 joueurs seront cajolés.»
On est loin de l’époque où d’anciens sélectionneurs nationaux faisaient appel à un ou deux joueurs qui portaient les couleurs du club de la ville pour bénéficier du soutien total des supporters. «Non, rétorque un quadragénaire qui vécut l’ambiance des matches de la fin des années 1980 à Annaba. Les mentalités ont changé. Maintenant, nous faisons tous bloc derrière les Verts.» Ce qui est vrai, car en circulant dans la ville, on s’aperçoit que sur les maillots que portent les jeunes, on y trouve tous les noms des joueurs !