Un « flux massif d’armements » provenant de Libye est récupéré par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a alerté mercredi 14 septembre le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz dans une interview à la chaîne d’informations France 24.
Depuis le début de l’insurrection contre le régime de Kadhafi, des gouvernements et des spécialistes assurent que les terroristes d’Al Qaïda font leur marché dans l’arsenal de guerre cumulé pendant 40 ans par le colonel déchu.
« La Libye était un pays super-équipé et super-armé et tout l’arsenal (que possédait le régime du colonel Mouammar Kadhafi) ou une grande partie, s’est volatilisé et s’est retrouvé sur les axes du Sahel », a souligné le président mauritanien, évoquant même des « missiles sol-air ».
« Il y a un flux massif d’armements qui a quitté la Libye. Les terroristes qui sont dans la zone du Sahel en profitent », a-t-il déploré.
Depuis la libération de la Libye, écrit Jean Paul Mari, grand reporter au Nouvel observateur, « les arsenaux qui balisent le pays sont laissés sans surveillance, ouvert à tous les vents, aux pillards, aux rebelles et aux autres ».
Arsenal livré aux vents
L’armée de Kadhafi battue, disloquée, son arsenal s’est donc retrouvé livré aux vents.
« Dans des hangars ou des casernes sans surveillance » de l’ex-armée libyenne, affirme encore le reporter, « des montagnes d’armes à disposition, des caisses de fusils d’assaut Kalachnikov, des roquettes, des mines, des obus et des missiles, de quoi mener une véritable guerre ou une campagne terroriste. »
640 kilos de semtex saisis
À la mi-juin 2011, l’armée nigérienne avait déjà intercepté 640 kilos d’explosifs en provenance de Libye, indiquait récemment Le Figaro. « Il s’agissait de Semtex, un puissant plastic acheté par Kadhafi avant la chute du bloc communiste », écrivait le journal.
« Les forces françaises déployées dans le Sahel savent où sont les groupes, elles les suivent, elles voient tout. Elles sont déjà tombées sur des véhicules transportant des armes en provenance de Libye », expliquait en juillet dernier un spécialiste du dossier interrogé par le même journal.
Craintes de l’Algérie
L’Algérie, qui partage avec la Libye environ un millier de kilomètres de frontières, avait également dénoncé l’entrée d’armes venant de Libye.
Le Mali et la Mauritanie sont parmi les pays les plus concernés par les activités d’Aqmi, avec le Niger et l’Algérie, où cette organisation est née. Aqmi se livre dans le Sahel à des attentats, des enlèvements – notamment d’Occidentaux -et divers trafics.
Rançons et divers trafics
Si Aqmi est toujours dirigé par son fondateur Abdelmalek Droukdel, refugié quelque part dans les maquis de Kabylie, elle ne compte pas moins deux factions qui sévissent dans le Sahara, celle d’Abou Zeid et celles de Mokhtar Belmokhtar.
Deux éléments constituent les principales sources de financement de cette organisation terroriste : les rançons et les trafics en tous genres. La somme des rançons réclamées pour la libération des otages occidentaux depuis janvier 2007 serait de 54 millions d’euros. La moitié de ces sommes lui aurait été versée, selon Mathieu Guidère, spécialiste de l’islamisme radical et du terrorisme.
L’autre source de financement d’Al Qaïda est tirée des divers trafics de contrebande (voitures, cigarettes, alcool, drogue,) auxquels ses groupes s’adonnent.