Une opération de perquisition vire au vol : plusieurs policiers écroués

Une opération de perquisition vire au vol : plusieurs policiers écroués
Tribunal de Chéraga

Le tribunal de Chéraga a jugé ce dimanche un policier, identifié par les initiales R.A., placé en détention provisoire pour vol en réunion et abus de fonction, après son opposition au jugement par contumace le condamnant à 7 ans de prison ferme et 1 million DA d’amende. Il a été récemment arrêté, ce qui a permis l’exécution du mandat d’arrêt émis contre lui.

Ce policier est poursuivi aux côtés de quatre autres collègues, dont deux commissaires de police et une policière nommée B. Aïcha, déjà jugés et condamnés pour la même affaire. Ils sont accusés d’avoir pénétré dans le domicile d’un « baron de la drogue » en violation des lois et règlements, et d’avoir volé des sommes d’argent allant de 42 000 DA à 1,8 million DA lors d’une opération de perquisition qui avait abouti à la saisie de 14 kg de cocaïne et d’un montant total dépassant 1,9 milliard de centimes.

Déroulement de l’affaire et accusations

Les poursuites ont été engagées à la suite d’une plainte déposée par deux individus suspectés dans une affaire de cocaïne. Ils affirmaient que leurs domiciles avaient été victimes de vols de sommes d’argent allant de 42 à 180 millions de centimes durant une perquisition policière.

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Selon les éléments exposés à l’audience, les faits remontent au 3 février 2024, lorsqu’une enquête judiciaire a été menée par les services de la police judiciaire de Tipasa dans une affaire de trafic de cocaïne portant sur plus de 14 kg. Deux perquisitions avaient été menées : la première au domicile du nommé W.M. à Bou Ismaïl, et la seconde chez N.H. à Bouchaoui 1. La brigade antidrogue avait alors investi ces deux résidences.

À la fin des perquisitions, les occupants des deux maisons ont déposé plainte. Ils sont déclaré que d’importantes sommes d’argent, estimées entre 42 et 180 millions de centimes, ainsi que des téléphones portables avaient disparu. Les soupçons se sont donc dirigés vers l’équipe chargée de la perquisition.

Témoignages et défense des accusés

Face aux accusations selon lesquelles il aurait détourné 42 000 DA et deux téléphones, l’accusé R.A. a nié catégoriquement. Il a affirmé qu’il participait simplement à l’opération ayant mené à la saisie de 14 kg de cocaïne et qu’il avait déposé la somme et les téléphones récupérés auprès du service compétent à l’issue de la mission. Il a aussi soutenu que l’opération avait été menée légalement et que l’équipe n’était pas tenue d’attendre la présence de la police judiciaire territorialement compétente.

À noter que les autres accusés avaient été jugés le 20 avril dernier. La policière B. Aïcha avait nié les charges portées contre elle, affirmant avoir participé à une perquisition judiciaire encadrée par quatre officiers de police judiciaire. Elle dit avoir trouvé et saisi plus de 400 millions de centimes dans la chambre du suspect, en présence de son épouse, et les avoir remis au chef d’équipe. Elle a ajouté qu’il lui était impossible de cacher de l’argent sous son uniforme trop ajusté.

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Le second accusé, A.A., commissaire de police et chef de la brigade de lutte contre la grande criminalité, poursuivi pour non-dénonciation d’un délit, a également nié les accusations. Il a affirmé avoir été chargé de perquisitionner le domicile d’un suspect, avec l’appui de la brigade antidrogue. Le commissaire a expliqué avoir donné l’ordre de ne pas entrer dans la villa sans l’accord de la police territorialement compétente, mais que certains agents, dont la policière poursuivie, avaient désobéi.

Dans son témoignage, le commissaire accusé dit avoir vu cette dernière descendre les escaliers en cachant des liasses sous ses vêtements et lui avoir demandé des explications. Selon lui, elle l’aurait supplié de ne pas la dénoncer. Il dit lui avoir retiré l’argent et lui avoir ordonné de rester avec l’épouse du suspect. Ensuite, un montant important a été officiellement saisi. L’épouse du mis en cause et son père ont par la suite déposé plainte contre la policière.

Verdicts et conséquences

Le commissaire affirme avoir rédigé un rapport administratif détaillé relatant les faits et l’avoir transmis au chef de la sûreté de wilaya avant de notifier également le parquet cinq jours plus tard.

La perquisition avait permis en outre de saisir une moto, une voiture et un montant estimé à 1,9 milliard de centimes. La femme du suspect aurait confirmé que la policière avait volé environ 180 millions de centimes dans la chambre de son mari.

Le tribunal de Chéraga avait déjà prononcé des peines à l’encontre des autres agents impliqués :

5 ans de prison ferme et 500 000 DA d’amende contre la policière B. Aïcha,

2 ans de prison ferme et 100 000 DA d’amende contre le commissaire A.A. pour non-dénonciation d’un délit, tout en le relaxant du chef d’abus de fonction.

Lors de l’audience d’opposition du jour, où R.A. a comparu, le parquet a requis 7 ans de prison ferme et 1 million DA d’amende à son encontre.

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