Si Le Ramadhan se caractérise par la piété et la ferveur, c’est également le mois durant lequel beaucoup de mamans incitent leurs filles à apprendre à cuisiner. Tous les « ingrédients » sont disponibles, à commencer par le temps qui faisait défaut durant toute l’année.
C’est qu’une main n’applaudit pas, dit-on. Car pour faire honneur à la meida de Ramadhan, il faut préparer plusieurs plats. Donc plusieurs bras sont sollicités. Et chaque jour, il faut innover ou déterrer les anciennes recettes pour épater l’époux, la belle-mère ou simplement la petite famille. Le plat cuisiné doit être au top. C’est-à-dire goûteux et bien assaisonné.
Et pour cause, un ventre vide toute la journée doit être bien rempli, qualité s’entend, à l’heure de la rupture du jeûne. A cette occasion, les jeunes filles sont sollicitées par les mamans pour apprendre la confection des plats et par là même, donner un coup de main. Chaperonnée, la fille qui doit un jour à son tour devenir maman et responsable de sa petite famille s’initiera à l’occasion aux astuces de la chorba, les plats et autres salades et hors d’œuvre. La maman est là en cas de besoin. Une pincée de sel par-ci, une autre de poivre noir par-là.
Ajouter de l’eau chaude à la chorba, passer à la moulinette la tomate cuite à la vapeur et lui incorporer le concentré de tomate sont autant de gestes qu’il faut apprendre par cœur. Pour les autres plats de résistance, c’est une autre paire de manches. La sauce blanche ou rouge relevée ou pas doit être onctueuse.

Les légumes doivent être bien épluchés et pas trop cuits. Dans certains cas, le dressage de la table est aussi important que le contenu lui-même. La fille doit apprendre cela également, car il fait partie de l’apprentissage. Les salades et hors d’œuvres ne sont pas en reste puisqu’ils agrémentent parfaitement la table. Les couleurs doivent constituer un joli tableau pour susciter encore plus l’appétit.
Dans ce décor aux multiples palettes, les jus et autres limonades sont servis dans des carafes ou brocs et non dans leur contenant. Pour ce mois « spécial », Houria, en véritable cordon bleu, a légué son savoir à ses quatre filles, y compris ses nièces et cousines. Son métier est la préparation, pour les fêtes, déjeuners ou dîners. Dès l’âge de 16 ans, ses filles, une par une, rejoignent la cuisine pour l’aider durant le Ramadhan. N’ayant jamais été à l’école, son savoir lui a été transmis par sa mère, elle-même « tabakha » que tout le monde sollicite lors des fêtes.
C’est un don tout court. Les filles de Houria sont « expertes » dans la cuisine algérienne. Bien qu’embrassant un autre métier, elles rivalisent d’ingéniosité durant Ramadhan et se permettent même de donner des astuces de cuisine aux voisines et amies qui les sollicitent.
R. F.