Une nuit à l’aéroport international d’Alger, Entre départs joyeux et arrivées-chocs

Une nuit à l’aéroport international d’Alger, Entre départs joyeux et arrivées-chocs

La nuit de dimanche à lundi a été plus que houleuse à l’aéroport international d’Alger.

Il était quasiment impossible d’entrer au parking sans attendre au moins une heure à cause des centaines de voitures qui bloquaient l’entrée.



Il y avait une foule immense, brandissant les passeports à la main, et qui scandaient le fameux “one, two, three, viva l’Algérie”. Sur place, les entrées et sorties étaient surveillées par un dispositif sécuritaire renforcé pour l’occasion. Face à des policiers plutôt souriants, il y avait des jeunes, habillés aux couleurs nationales et qui ne faisaient que chanter et danser tout en allumant des fumigènes.

Une ambiance bon enfant qui contrastait avec ce qui s’était passé à 13h quand les premiers supporters algériens, revenus du Caire, étaient arrivés. Tous attendaient de partir dans le premier vol vers Khartoum. Il était prévu à minuit trente. Un autre était prévu une heure après.

Il y avait sur place des jeunes venus de plusieurs régions du pays. Il y avait même des cas atypiques. Un jeune qui ne devait pas avoir 18 ans est arrivé à l’aéroport en haletant : “Je suis venu directement de Tazmalt (wilaya de Béjaïa et distante d’Alger d’environ 170 km, ndlr) parce qu’on m’a dit qu’il ne fallait qu’un extrait de naissance et une photocopie de carte nationale”.

C’est que notre jeune aventurier n’avait pas de passeport : “Je ne pouvais pas rester sans rien faire.” Un enthousiasme que beaucoup de jeunes partageaient sur place : “On veut aller au Soudan et montrer au monde entier de quoi sont capables les Algériens.” L’atmosphère des lieux a totalement changé aux environs de 23h30. Au moment où les premiers faisaient la queue pour entrer à l’aéroport, d’autres sortaient de l’aérogare des lignes intérieures sous les youyous et les cris.

Il s’agissait de ceux qui avaient embarqué sur le second vol de retour d’Alger. Beaucoup sont sortis les yeux ahuris et n’ont pas résisté à pleurer dès qu’ils ont vu les nombreuses personnes qui les attendaient dehors. À l’instar de ceux de la matinée, les rescapés du Caire ont raconté le cauchemar vécu en Égypte.

Tous insistaient sur ceux qu’ils avaient laissés sur place : “Je n’ai aucune nouvelle de plusieurs jeunes qui sont sortis ce matin de l’hôtel et qui ne sont pas revenus”, dira l’un d’eux tout en montrant ses blessures au dos. “Ils nous ont frappés sans pitié et Dieu merci, l’Égypte a marqué le second but, sinon je ne serais jamais revenu.” Ceux qui sont rentrés du Caire avaient également un autre point en commun : tous voulaient rejoindre Khartoum le soir même.

Salim Koudil