Accompagnées souvent de leurs enfants, ces mendiantes évitent de dévoiler leurs visages, préférant cacher leur identité.
Des femmes mendiantes portant des djilbab ont envahi les rues de la capitale, les mosquées, et occupent depuis des semaines les entrées des bureaux de poste de la ville.
Dans la commune de Birkhadem, elles sont plusieurs. Ces mendiantes occupent l’entrée principale de la poste de cette commune. Accompagnées souvent de leurs enfants, ces mendiantes évitent de dévoiler leurs visages, préférant cacher leur identité. Cette nouvelle mendicité est en vogue dans les principales places publiques de la capitale.
Personne ne sait d’où elles viennent, ni leur identité, et où part l’argent acquis par ces mendiantes très «originales». Habituellement, on trouve des mendiantes portant un hidjab sans voilette, mais ces dernières semaines certaines portent la djilbab. Habillées de noir, ces nouvelles mendiantes se comptent déjà par dizaines et ce, rien que dans la commune de Birkhadem. Personne ne sait d’où elles viennent. Une véritable énigme qui commence à agacer les curieux. «C’est vraiment très étrange, notre commune est devenue un véritable lieu de mendicité pour ces femmes. Il y a quelques années, c’étaient des femmes très ordinaires, je veux dire des femmes qui portaient des hijabs normaux avec le visage découvert. Maintenant, on ne sait même pas s’il s’agit vraiment de femmes. Même leurs enfants sont tout le temps assoupis.
Tout cela n’est pas normal», déclare un citoyen de cette commune. Tout le monde pense ainsi à Birkhadem, y compris les employés de la poste de cette paisible commune. Ces derniers n’ont jamais vu autant de mendiantes portant des djilbabs. Comme à Birkhadem, d’autres communes de la capitale sont envahies par ces femmes en djilbabs, telles que Kouba, Sidi M’hamed, Alger-Centre, Baraki, Bachjarrah, El-Harrach et la liste est longue. S’agit-il d’une nouvelle technique adoptée par ces femmes pour renflouer leurs proches ? Préfèrent-elles la «sotra»? Les citoyens s’interrogent sur cette nouvelle vague de mendiantes et la réponse est loin d’être connue.
D’autre part, de très jeunes mendiantes sillonnent les rues d’Alger et demandent la charité aux passants. Elles débarquent à Alger-Centre venant d’autres communes de l’Est de la capitale. Elles empruntent des trains de la banlieue, parfois même ce sont des véhicules très spéciaux qui les emmènent jusqu’à Alger-Centre, plus exactement à la station urbaine de Tafourah. C’est ici qu’elles commencent leur «travail». Prenons en «otage» des enfants d’un an à treize ans, ces mendiantes, âgées entre 18 et 35 ans, s’installent dans des coins soigneusement choisis et demandent de l’argent.
Une fois la journée finie, des fourgons les attendent près de la station de Tafourah, pour les reconduire à leur QG, généralement aux environs de la commune de Gué de Constantine. La «moisson» sera ensuite partagée entre ces femmes et leurs «employeurs». Les victimes de cette pratique illégale sont bien entendu les enfants. Ces «boucliers humains» sont exploités à des fins financières.
Des mendiantes tunisiennes s’installent à Alger
Selon une source sécuritaire généralement très bien informée, il y aurait à Alger près de
3 500 mendiantes d’origines unisienne. Elles sillonnent les rues de la capitale à la recherche d’un bon coin pour demander de l’argent à leurs «victimes». Installées depuis des années en Algérie, particulièrement dans la capitale algéroise, ces mendiantes tunisiennes sont originaires de plusieurs régions de Tunisie. C’est de Bordj El Khadra, une localité tunisienne distante de 200 km de l’Algérie, que la plupart de ces femmes sont entrées au pays. Cela remonte à il y a des années, rapporte notre source.
Mais tout cela ne semble pas émouvoir outre mesure les pouvoirs publics qui restent inertes face à ces situations scandaleuses et dégradantes aussi bien pour l’être humain que pour toute la société.
Aujourd’hui, mendier dans les rues ou places publiques de la capitale est devenue une pratique facile à gérer. Le phénomène a dépassé tout entendement et ses ramifications ne connaissent pas de bornes. Vieillards, jeunes filles ou enfants, cela importe peu pour ceux qui tirent profit du phénomène. Comme partout en Algérie, mais particulièrment à Alger, le fléau de la mendicité a atteint des seuils intolérables.
Le fait de tendre la main pour demander l’aumône ne fait plus rougir de nos jours, comme au bon vieux temps où il était difficile même pour les plus intrépides de quémander une croûte de pain sans se sentir amoindris. Vieil homme, jeune fille ou mère de famille traînant derrière elle ses enfants, tout le monde se met au goût du jour et s’improvise donc mendiant pour échapper au piège de la délinquance et son corollaire : la criminalité.
Devant la montée vertigineuse du taux de chômage et le déficit alarmant que connaît le pays en matière d’emploi, il reste peu de chance aux jeunes et encore moins aux pères de familles, remerciés pour la plupart, de dénicher un petit boulot salutaire en mesure de les arracher à l’endettement, au vol ou à la mendicité. Les femmes et les jeunes filles sont les plus exposées au fléau du quémandage, voilà qui rend les choses encore plus compliquées.
Par Sofiane Abi