Les seize tripartites qu’a connues le pays et qui ont réuni le patronat, le syndicat et le gouvernement ont toujours marqué un tournant décisif dans l’environnement économique du pays sans pour autant concrétiser les aspirations des réels acteurs du développement que sont la ressource humaine et l’entreprise.
Les décisions qui ressortent des tripartites traduisent la volonté de l’Etat à associer les autres parties dans la mise en place d’un modèle économique. Cependant, l’application des décisions issues de ces réunions a toujours fait défaut ce qui se répercute par un manque d’appropriation des décisions économiques de la part des parties concernées.
Le dialogue public/privé existe donc mais souffre d’un flagrant manque de suivi et d’applicabilité. Cette problématique a été au centre de l’intervention de l’économiste Mohamed Bouchakour lors d’une conférence sur «la question du dialogue public/privé en Algérie » organisée par le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (Care).
L’économiste a estimé hier que la restauration en Algérie d’un dialogue public/privé tout en associant toutes les parties prenantes à l’économie est «urgente » et «plus que nécessaire » pour rattraper le retard qu’accuse le pays dans le développement économique et éviter des situation futures de crise. M. Bouchakour a insisté sur l’importance et l’urgence d’instaurer un dialogue entre les autorités et le patronat avec la participation de toutes les parties prenantes (travailleurs, associations, etc.) au développement du pays. «L’idée de dialogue commence à avancer en Algérie mais est-ce que ce dialogue authentique, global et permanant va s’inscrire dans le temps?», s’est-il interrogé.
LE PRIX DU NON-DIALOGUE
L’économiste a souligné cette urgence plusieurs fois en en expliquant que les autorités publiques du pays, les représentants du patronat, les organisations syndicales et autres doivent tous coopérer pour débattre de l’avenir du pays et rattraper le retard dans le développement avant qu’il ne soit trop tard. Le conférencier pose une autre problématique relative à l’essence même du dialogue existant : «Il est important de commencer à dialoguer sur le dialogue», a-t-il suggéré soulignant que «le non-dialogue engendre un coût» néfaste à l’économie.
Pour M. Bouchakour, l’absence d’un dialogue entre l’Etat et les autres parties (entreprises, associations, organismes) entraîne un manque d’appropriation des décisions publiques concernant l’économie, ce qui cause un retard dans le développement. Dans ce cadre, l’économiste a évoqué les 16 tripartites organisées et consacrées au dialogue entre Gouvernement, UGTA et patronat. Il estime que de «bonnes intentions ont été affichées lors de ces rencontres et de bonnes décisions ont été prises mais il y a un manque de suivi et d’application (de décisions) ».
D’autres experts ont souligné l’urgence d’instaurer un nouveau dialogue plus concret. En somme, des experts, économistes et chefs d’entreprises ont appelé lors de cette rencontre à l’instauration, et dans l’immédiat, d’un dialogue public/privé pour «réfléchir ensemble sur l’avenir du pays». «Le dialogue public/privé surtout entre l’Etat et les autres parties est plus que primordial par ce que l’économie algérienne n’arrive pas à dépasser le syndrome des hydrocarbures mais aussi à cause de la prolifération de l’économie informelle », a soutenu M. Mohamed Achir, enseignant d’économie à l’Université de Tizi Ouzou.
Selon cet universitaire, il faut que ce dialogue s’inscrive dans un cadre global et surtout à long terme. D’autres experts ont appelé à s’inspirer des expériences internationales en la matière, notamment des pays en voie de développement et émergents. «Les expériences du Cameroun, de l’Ethiopie et d’autres seront intéressantes pour l’Algérie en matière de construction du dialogue social», propose une spécialiste estimant que «le problème de dialogue en Algérie réside dans l’interconnexion entre les acteurs».
Mehdi F.