Rien que dans la journée de mardi dernier, vingt enfants se sont égarés sur la plage de Kadous, à l’est de la capitale. Amine, Mohamed, Abdelhay, Yacine, Ishak, âgés de 2 à 8 ans, ont parcouru plusieurs kilomètres avant d’être retrouvés. Des cas similaires de disparition temporaire de gamins sont signalés sur les plages.
Les gendarmes et les sapeurs pompiers déplorent le manque de vigilance des parents. Face à cette situation, la Gendarmerie nationale a proposé l’usage de haut-parleurs par les estivants quand des enfants s’égarent. Il est 16h à Kadous. La plage grouille de monde. Le lieu est sécurisé par les gendarmes appuyés par des éléments de la section de sécurité et d’intervention, qui travaillent en coordination avec la Garde communale, la Protection civile et les agents de la commune. A l’intérieur du poste de la GN, un enfant est en larmes. Le gendarme tente de le rassurer : « Ne pleure pas, ton papa va venir te chercher. » Le petit s’est retrouvé seul au milieu de la foule avant qu’un estivant ne le conduise au poste de la GN. « Nous enregistrons chaque jour une moyenne de 20 enfants égarés qui sont fort heureusement ramenés par des estivants au poste ou repérés par les gendarmes et les pompiers », signale-t-il. Ishak a 6 ans et est originaire des Eucalyptus. Il est venu avec son oncle.
« Je jouais sous un parasol. Après, j’ai vu que ce n’était pas le nôtre. J’ai cherché mon oncle avant qu’un homme ne me ramène ici », raconte le chérubin. « Il va venir khalou ? », dira le petit à l’adresse du gendarme. L’alerte est répercutée à tous les postes de la GN des plages limitrophes sur le profil de l’enfant. « Il s’appelle Ishak, 6 ans, et porte un maillot rouge et noir », lance le chef du poste dans sa radio. Après plus de 40 minutes, l’oncle vient récupérer le petit.
L’enfant a marché presque un kilomètre pour arriver sur cette plage. En voyant son tonton, il éclate en sanglots.
Entre-temps, un agent de la Protection civile fait irruption, accompagné d’une petite fille. « Des pompiers l’ont repéré seule », résume-t-il. Amina, 8 ans, venue de Londres passer des vacances au pays, s’est retrouvée seule. Elle sanglote. Mais la fillette est tenace et refuse de quitter un officier femme de la GN. « Je veux rester ici jusqu’à l’arrivée de mon père », dit-elle. Elle demande aussi aux gendarmes de ne pas punir ou gronder son papa. « C’est de ma faute », lance-t-elle, avant d’éclater en sanglots. Sur le même lieu, un quadragénaire, au visage pâle, rentre affolé au poste. Il a perdu de vue son enfant et il est à sa recherche depuis une demi-heure. « Il porte un short orange. Il s’appelle Abdelhay », ahane-t-il au bord de l’effondrement. Le chef de la compagnie de la GN de Rouiba, le commandant Makhloufi, le rassure : « Calmez-vous Monsieur, on va le retrouver. » Il instruit les chefs de brigade et les chefs de poste à lancer une vaste opération au niveau des trois plages (Réghaïa, Deca Plage et Tarfaya). Un autre parent rentre dans le poste de la gendarmerie. Il est à la recherche de son fils Mohamed, âgé de 4 ans. « Il était là devant le parasol avant qu’on le perde de vue. On l’a cherché partout. En vain. Les pompiers m’ont assuré qu’il ne s’est pas noyé », dira-t-il. Finalement, Mohamed sera récupéré par sa famille ainsi que la petite Amina, dont le père a reconnu s’être endormi avant de constater la disparition de sa fille.
Le petit Abdelhay a été repéré sur la plage de Réghaïa. Mais la scène la plus marquante est celle du petit Yassine, âgé à peine de 2 ans, qui n’a pas cessé de pleurer et réclamer ses parents malgré les efforts des gendarmes qui le portaient. Il a fallu faire « appel » à l’équipe cynophile et lui montrer le chien pour le calmer, il s’est finalement endormi. Sa famille l’a récupéré six heures après sa disparition. « Les parents étaient à peine inquiets quand on a retrouvé les enfants », observe-t-il.
Le commandant Makhloufi a proposé l’utilisation de haut-parleurs pour donner rapidement l’alerte. « Heureusement qu’on a affaire à de bons citoyens qui ramènent les enfants égarés au poste », signale l’officier supérieur. Le chef d’état-major du groupement territorial de la GN d’Alger, le lieutenant-colonel Mokhtar Zeroual, a saisi l’occasion de l’inspection du dispositif mis en place pour sensibiliser les parents.
« Il faut savoir que quand des enfants âgés de 2 à 8 ans sortent qui quittent, ils ne parviennent pas toujours à retrouver leurs parasols et leurs parents. Ils se mettent alors à errer. Les gendarmes sont là mais il faut être plus vigilants »,
explique-t-il, rappelant que ces enfants n’ont pas encore le sens de l’orientation.
Neïla Benrahal